Me Hollet : « De l'ADN retrouvé sur la scène du crime n'est pas le sien »
«De l'ADN de type masculin a été répertorié sur la porte de la cave, sur la chaufferie et sur le chevron qui a servi à tuer la victime. Pourquoi ne pas le confronter avec les 806 000 profils enregistrés au fichier national des empreintes génétiques ? »
Me Didier Hollet n'en démord pas. Cette piste n'a pas été exploitée jusqu'au bout. Pour lui, il ne s'agit pas de refaire l'enquête, « mais, depuis le procès devant les assises des Alpes-Maritimes, il y a cet élément nouveau, susceptible de donner lieu à une révision ».
L'avocat toulonnais, mandaté par Omar Raddad depuis près d'un an en vue de prouver son innocence, a épluché les milliers de pages et de photos du dossier. Il a passé des heures et des heures à étudier les quatre volumineux dossiers posés sur son bureau.
Mêlé aux empreintes de la victime
« Des éléments plus ou moins farfelus ont été mis en avant ces dernières années. Ces traces ADN sont différentes. Elles peuvent permettre d'établir - ou pas - la présence d'un autre homme. »
Au cours de la première requête en révision, le conseiller rapporteur saisit le laboratoire de la police scientifique et sollicite une expertise génétique. Des traces d'ADN masculin ont été retrouvées, mêlées aux empreintes de la victime. En 2000, Omar Raddad accepte que son ADN soit comparé à ces prélèvements. Le résultat est négatif. Il s'agit de celui d'un autre homme.
La commission n'ira toutefois pas au-delà. Elle a estimé que rien ne permet de dire si les ADN étaient antérieurs, contemporains ou postérieurs aux faits. Il faut dire - fait étrange - que les portes, où sont notamment inscrites en lettres de sang « Omar m'a tuer », ne seront saisies et protégées que neuf mois plus tard. « La commission de révision a considéré que la scène du crime avait été polluée et, dans le même temps, elle admet que c'est un élément nouveau. »
Mais cela suffit-il à solliciter une nouvelle demande en révision ? « C'est un élément important. Peut-être central. » Le conseil varois sollicite d'ailleurs auprès de Michèle Alliot-Marie, le garde des Sceaux, une nouvelle demande en révision.
Et si l'ADN correspondait à un de ceux déjà répertoriés ?
« La requête est simple. Il suffit que le ministre de la Justice invite le procureur en charge du fichier national des empreintes génétiques à inscrire l'ADN masculin inconnu dans la recherche de la vérité et dans le respect de la victime », explique Me Hollet.
La confrontation d'ADN peut être à double tranchant. Soit cet ADN correspond à un de ceux déjà répertoriés, et cela suffit à susciter un doute, préambule à une révision. Soit l'ADN reste inconnu et le dossier se retourne contre Omar Raddad. Définitivement, cette fois-ci. « À partir de là, on peut se demander : s'il est coupable, pourquoi s'acharnerait-il ? »
Source : Nice Matin
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