Affaire Marchal : Omar Raddad entend toujours faire réviser son procès
Omar Raddad, 46 ans, condamné en 1994 pour le meurtre de Ghislaine Marchal, continue de clamer son innocence
Dix ans après avoir été remis en liberté à la suite d'une grâce présidentielle, Omar Raddad, 46 ans, condamné en 1994 pour le meurtre de Ghislaine Marchal, continue de clamer son innocence et reste déterminé à obtenir une révision de son procès. Il s'apprête à déposer une requête en ce sens, pour la seconde fois. "J'ai confiance pour avoir un deuxième procès", a-t-il déclaré jeudi. "C'est très, très important pour moi. C'est le combat de toute ma vie."
Le 23 juin 1991, Ghislaine Marchal, 65 ans, riche veuve d'un équipementier automobile, avait été assassinée de plusieurs coups de couteau dans la chaufferie de sa villa de Mougins dans les Alpes-Maritimes. Sur la porte, l'inscription "Omar m'a tuer", écrite par un doigt trempé dans le sang, accompagnée d'une empreinte de main sanglante, avait conduit les enquêteurs sur la piste de son jardinier, Omar Raddad. Condamné aux assises à 18 ans de réclusion criminelle, il avait bénéficié le 4 septembre 1998 d'une libération conditionnelle rendue possible après que le président de la République Jacques Chirac lui eut accordé une grâce partielle réduisant sa peine de quatre ans et huit mois.
"Ma tête est toujours derrière les barreaux"
Après sa libération, Omar Raddad a d'abord travaillé dans une boucherie hallal à Marseille. Actuellement en arrêt maladie, il habite désormais à Toulon et n'a plus d'activité. "La prison pour une personne innocente, ça a perturbé toute ma vie (...) Pour vous, ça fait dix ans, c'est vrai. Le corps est sorti de prison mais ma tête est toujours derrière les barreaux", raconte-t-il. Car Omar Raddad n'a pas été innocenté. Le 20 novembre 2002, la Cour de révision a rejeté sa première demande de révision de son procès.
Dix ans après sa libération, Omar Raddad souhaite rapidement présenter une deuxième requête en révision, avec un nouvel avocat, Me Sylvie Noachovitch, qui a remplacé Jacques Vergès. "J'ai l'intention d'aller jusqu'au bout, on s'est arrêté au milieu" de la procédure, affirme son avocate, qui espère déposer sa nouvelle demande de révision vers "la fin de l'année". "Les éléments nouveaux (nécessaires pour demander une révision), ils sont là, ce sont les empreintes génétiques", assure Omar Raddad.
ADN masculin non identifié
Un ADN masculin, découvert sur la porte sur laquelle avait été écrit le message "Omar m'a tuer", n'a jamais été identifié. "Il faut que la justice ait, j'espère, un jour un peu le courage d'ouvrir le dossier et de voir à qui appartient cette empreinte génétique. Ça n'est pas tombé là par hasard. Pour moi, la personne qui a écrit, c'est lui qui a tué Mme Marchal", explique l'ancien jardinier. "La seule personne à qui on a demandé (de faire une expertise ADN), c'est moi. Or, elle ne m'appartient pas et la justice s'est arrêtée là." En février 2001, les résultats des analyses avaient en effet démontré que l'ADN n'était pas celui d'Omar Raddad.
"Il ne se passe pas un jour sans que l'on me parle de l'affaire", raconte Omar Raddad. "Les gens sont très gentils. Il y en a beaucoup qui croient que la justice a reconnu ses erreurs. Certains me demandent même combien j'ai demandé d'argent à la justice."
Source : Le point
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