Mardi 15 aout 2006 • Courrier • Forums • Service • Newsletter
Procès
La déclaration faite par Omar Raddad devant la chambre criminelle de la Cour de Cassation, le jeudi 17 octobre 2002.
Jeudi 21 novembre
Hamid Bellahcem
Mis en ligne le 25 novembre
• Imprimer l'article
• Envoyer l'article
«Madame Marchal est comme ma mère, elle m'a fait beaucoup de bien, je ne l'ai pas oubliée.»
«On m'a dit que je n'ai pas crié assez mon innocence, mais quelqu'un d'innocent s'exprime toujours mal.»
«Je vous le jure, ce n'est pas moi qui ai tué madame Marchal. Celui qui a tué madame Marchal, il est très fort, il a tué ma patronne, il a tué moi-même et toute ma famille.»
«J'ai fait 45 jours de grève de la faim, la deuxième fois, deux mois et demi sans manger, la troisième, j'ai avalé des rasoirs. Je n'y suis pour rien dans cette affaire. Je suis prêt à mourir pour la vérité.»
«Je vous demande mille fois un deuxième procès. Je sais que je pourrais être condamné à perpétuité, mais c'est moi qui prends le risque.
Ghislaine Marchal, assassinée à l'âge de 65 ans le 24 juin 1991 à Mougins (Alpes-Maritimes), était alors une veuve financièrement aisée.
La veille
Le dimanche 23 juin 1991, Ghislaine Marchal qui vivait seule dans sa villa La Chamade, sur les hauteurs, s'apprête à aller déjeuner chez des amis voisins.
A 11 h 48, elle termine une conversation téléphonique avec une de ses amies qui doit venir lui rendre visite le lendemain.
A 13 h 30, s'interrogeant sur son retard, lesdits amis passent un coup de fil à la villa mais le téléphone ne répond plus.
Ce jour-là Omar Raddad, le jardinier, âgé alors de moins de 30 ans, avait changé son emploi du temps sans prévenir personne, sauf celle chez qui il était allé, Madame Pascal, dans une propriété voisine. Il a déclaré être rentré chez lui pour déjeuner, ce qui n'a pas été confirmé par les différents témoins.
L'agonie
Lardée d'un coup de couteau par son agresseur au fond de la cave de sa villa, Ghislaine Marchal, pendant son agonie qui a duré près de vingt minutes, aurait commencé par écrire « Omar m’a tuer » (avec la faute de grammaire ; selon la défense, Ghislaine Marchal n'aurait jamais fait une telle faute de grammaire) sans prendre assez de sang sur son doigt. Puis elle aurait recommencé une nouvelle fois un peu plus loin sur une autre porte de la cave, jusqu’à tracer la deuxième phrase « Omar m’a t », inachevée parce qu’elle n’avait plus assez de force, désignant ainsi le coupable ?
Ce dossier a donné lieu à une énorme mobilisation médiatique et même le roi du Maroc est intervenu.
Procès
En février 1994 devant les assises des Alpes-Maritimes, pour la défense:
Dans une mise en scène machiavélique, le véritable meurtrier aurait utilisé la main de Mme Marchal pour faire accuser le jardinier.
Christian Veilleux, le fils, n'a pas une bonne relation avec sa mère.
l'amant de la femme de ménage, un personnage connu sous le sobriquet de « Pierrot le Fou », mais les enquêteurs et surtout les deux graphologues estimaient (avec une probabilité de deux-tiers), que l'auteur du message était bien Mme Marchal, scellant ainsi le sort du jeune Marocain : dix-huit ans de réclusion criminelle.
Quant à l'analyse génétique, elle n'avait pas été utilisée lors de la découverte du corps de Mme Marchal puisqu'en 1991, cette technique n'en était alors qu'à ses premiers balbutiements. Ensuite les traces sont brouillées.
Le dispositif de fermeture de la porte de la cave démontré par les gendarmes était composé d'un lit pliable,une barre en fer et de diverses bricolls lourdes. Dès l'arrivée des gendarmes,la porte était verrouillé par ces objets dans cette disposition : la barre était glissé sous la porte, le lit tenait la barre de l'intérieur permettant à la barre de ne pas tomber et de ne pas verrouiller la porte de la cave. Les autres objets étaient placés derrière le lit. Ce dispositif montré par les gendarmes a été contesté par la défense. En effet ce dispositif était dur à mettre en place et celui-ci malheureusement à été utilisé comme preuve contre Omar Raddad à son procès.
Une autre preuve était encore une fois contestable : la phrase "Omar m'a tuer". Une faute peu bégnigne que Mme Marchal n'aurait pas pu commettre, en effet dans sa villa, les gendarmes ont retrouvé des papiers décrivant les tâches à faire dans la journée et là, aucune faute de grammaire était constatée.
Grâce
En 1998, le Président de la République Jacques Chirac accorde sa grâce régalienne, ce qui permet à Omar Raddad d'être libéré en septembre. Il a eu un comportement irréprochable en détention, d'où l’avis favorable émis en février de cette année-là par le comité consultatif de libération conditionnelle.
Omar Raddad, très affecté par cette condamnation, fait 45 jours de grève de la faim et a tenté de mettre fin à ses jours en avalant des rasoirs.
Demande de révision
Le 25 juin 2001, la commission chargé de filtrer les demandes, avait décidé de saisir la cour de révision au motif que la présence sur les lieux du crime « d'un ADN masculin différent de celui d'Omar Raddad » constituait un élément nouveau.
Mais cet argument tombe rapidement, car ces éléments ont été pollués.
_________________ aimons-nous vivant n' attendons pas que la mort nous trouve du talent. (PIERRES DELANOË)
|