http://www.lejdd.fr/Culture/Cinema/Actu ... ad-211066/
Omar m’a tuer c’est le titre du long métrage que prépare Roschdy Zem. Une affaire complexe qui pourrait bien rebondir
L’affaire passionne les Français et des centaines de chroniqueurs judiciaires depuis presque vingt ans. Jamais le voile n’a été totalement levé sur cette histoire complexe. Le 24 juin 1991, Ghislaine Marchal, riche veuve d’un équipementier automobile, est retrouvée sans vie dans sa villa La Chamade sur les hauteurs de Mougins (Alpes-Maritimes). Mortellement blessée à l’arme blanche et battue à coups de poutre, la victime aurait agonisé une vingtaine de minutes. Sur la porte de la chaufferie, les gendarmes découvrent l’inscription mal orthographiée, devenue célèbre: "Omar m’a tuer".
L’enquête de voisinage aboutit en quelques heures au suspect idéal, Omar Raddad, le jardinier marocain illettré, au service de Mme Marchal depuis 1985. L’homme, condamné le 2 février 1994 par la cour d’assises des Alpes-Maritimes à dixhuit ans de réclusion criminelle, libéré en 1998 après une grâce partielle accordée par Jacques Chirac, ne cesse de clamer son innocence. En vain…
Une femme riche assassinée au terme d’un crime d’une rare violence, une inscription en lettres de sang qui semble désigner un coupable trop parfait, des témoins occultés, des soupçons de complot judiciaire… l’affaire Raddad concentre tous les ingrédients d’un vrai polar. Ce qui n’a pas échappé à Roschdy Zem, qui s’est lancé dans la réalisation d’un film sur cette histoire avec un titre tout trouvé: "Omar m’a tuer".
Gracié mais toujours coupable
Produit par Jean Bréhat et Rachid Bouchareb (Indigènes, Hors-la-loi), le film bénéficie d’un casting prestigieux : Sami Bouajila dans le rôle d’Omar Raddad, Maurice Bénichou dans celui de l’avocat Jacques Vergès et Denis Podalydès en Jean-Marie Rouart, académicien et auteur en 1994 d’une contre-enquête (Omar. La Construction d’un coupable).
Omar Raddad a reçu le JDD chez lui, à Toulon, pour une interview exclusive, la première accordée à la presse depuis 2008. S’il prend la parole aujourd’hui, c’est pour éviter que son histoire tombe dans l’oubli. Et laver son honneur. Gracié mais toujours coupable aux yeux de la justice, il réclame sa réhabilitation. A cette fin, il se bat pour obtenir l’ouverture d’un nouveau procès, sur la base des deux empreintes génétiques retrouvées sur la scène du crime. En 2001, des analyses avaient révélé que l’ADN n’était pas celui de Raddad. Aujourd’hui, avec son avocate, Me Sylvie Noachovitch, il réclame la confrontation des empreintes avec celles du Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG). La balle est dans le camp de la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie. Elle seule peut autoriser l’ouverture d’une information judiciaire pour permettre cette expertise. Et peut-être trouver un épilogue à l’affaire Omar Raddad.