Ce point, savoir si l’acte Le Verge était dans la valise ou a été confié aux experts par le meunier, après qu’il ait vu, dans "Le Journal" du 5 juillet 1923, la reproduction de la promesse de vente de Traou-Nez, est très important. Tout d’abord, on ignore si ce document a été rédigé en double exemplaire. Contrairement à la promesse Traou-Nez, cette précision n’y figure pas. S’il n’y a eu qu’un seul exemplaire, lequel serait resté en possession de Le Verge jusqu’au mois de juillet, le faussaire, quel qu’il soit, n’aurait pu le décalquer. Les trois documents sont reproduits dans le livre de Guy Penaud. Si les textes des deux promesses semblent identiques, leur comparaison avec celui de l’acte Le Verge ne paraît pas aussi évidente. Je suis surpris que les experts aient pu affirmer que ce document a servi de base au deux autres. Par ailleurs, si Seznec est bien le faussaire, comment, si l’acte Le Verge n’était pas dans la valise, aurait-il pu le décalquer ? Bien sûr, Yargumo dit qu’il y avait un deuxième exemplaire, celui de Quémeneur (un double au papier carbone ?), et que Seznec a détruit. Peut-être, mais pas prouvé !
L’inventaire de la valise a bien du faire l’objet d’un procès-verbal. Il serait intéressant de le connaître dans son intégralité. Bernez Rouz et Guy Penaud ont eu accès au dossier. Le premier ne donne aucun détail, le second donne un aperçu du contenu de la valise mais qui n’est pas exhaustif. Ainsi il dit <<La serviette contenait également divers documents … >>.
Un mot sur l’exposé de Jean Pouliquen, que Bernez Rouz reproduit dans son livre et qui lui a été communiqué par le successeur du notaire. Document qui aurait été rédigé à l’automne 1923. Kadillak dit que, ne pas mentionner la présence de l’acte Le Verge dans la valise, aurait, pour un notaire, frisé la faute professionnelle. Sauf que ce document n’a rien d’officiel et que Pouliquen n’a pas été chargé d’enquêter pour le compte de la Sûreté. Tout ce qu’il a fait, il l’a fait de sa propre initiative et son rôle a d’ailleurs été déterminant. C’est lui qui contacte, dès le 13 juin, la Sûreté et impose sa version des faits. Ce qui permet à Bernez Rouz de dire que lorsque le juge d’instruction de Morlaix, Emile Campion, prend en charge le dossier, le 9 juillet, il trouve sur sa table de travail, les enquêtes des commissaires Vidal et Cunat qui permettent de brosser à grands traits, le scénario diabolique monté par Seznec. On peut aussi bien se demander si le scénario diabolique n’est pas plutôt celui de Pouliquen.
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