Effectivement LouisFrançois, nos thèses sont très voisines mais je ne partage pas votre point de vue sur certains points :
- je ne crois pas au complot de la Sûreté. Celle-ci a été orientée. Pouliquen, pour moi est le cerveau de l’affaire. Le trafic des Cadillacs n’a été qu’un prétexte pour entraîner Guillaume Seznec à Paris. Ce trafic n’était pas illégal, il s’étalait même au grand jour, les parcs de Paris au Champs de Mars, de Lambezellec … Ce qui l’était, c’est celui à destination de la Russie dans lequel trempaient sans doute certains hommes politiques. L’astuce de Pouliquen aura été de servir cela à la Sûreté, laquelle évidemment était au courant et ne tenait pas à ce que la Presse étale le scandale sur la place publique. De plus on lui fournissait un coupable avec un motif. Le crime parfait ! Je ne pense pas que la Sûreté ait fabriqué les fausses promesses, il lui aura suffit pour boucler l’affaire dans le sens souhaité, d’écarter tout ce qui pouvait être favorable à Guillaume Seznec, d’infuencer les vrais témoins, d’en trouver de faux à l’occasion et surtout de ne pas approfondir ce qui aurait pu innocenter Guillaume Seznec.
- le trafic des Cadillacs, bien sûr il a existé, mais je ne pense pas que Pierre Quémeneur ait véritablement songé à s’y adonner. D’abord en 1923 il est bien tard, on attend pas après lui. Ensuite, il va rencontrer Gherdi pour négocier une collaboration à grande échelle : 100 voitures ! il n’a pas besoin d’échantillon, Gherdi doit bien savoir ce qu’est une cadillac ! et que lui amène Pierre Quémeneur à la voiture de Guillaume Seznec qui pourrit depuis six mois dans le garage de son cousin Jules Jestin ! pourquoi ne l’a-t-il pas fait remettre en état au préalable ? Tout cela est ridicule. De plus, pourquoi veut-il se procurer autant d’argent ? jusqu’à se faire adresser un chèque de 60.000 francs en poste restante à Paris. Il ne va rien acheter à Gherdi, au contraire il vient lui proposer de lui vendre. Ne pouvait - il pas s’occuper de trouver des fonds, tranquillement, à son retour ? Pour moi cette précipitation sent le départ.
En ce qui concerne le voyage à Paris, une chose m’intrigue particulièrement. Denis Langlois rapporte dans son livre, une conversation que Guillaume Seznec aurait eue avec un journaliste du Parisien Libéré, Jacques Marestet, dans le mois qui précéde sa mort. Il lui aurait dit qu’en sortant du restaurant Le Plat d’Etain à Houdan, la cadillac conduite par Pierre Quémeneur serait allée dans le fossé, que Pierre Quémeneur aurait été blessé à un bras, qu’une autre voiture avec deux hommes les aurait alors rejoints et que l’un d’eux, un athlète aurait soulevé Pierre Quémeneur et emmené dans l’autre voiture. Pierre Quémeneur aurait crié à Guillaume Seznec de retourner en Bretagne. Guillaume Seznec en aurait parlé à son avocat Me de Moro-Giafferi qui lui aurait conseillé de se taire et au commissaire Vidal qui ne l’aurait pas crû.
Guillaume Seznec dit-il la vérité ? l’article de la mort ou bien est-ce la manifestation d’un cerveau dérangé par la commotion qu’il a subie lors de son accident à l’automne précédent ?
Qu’en pensez-vous ?
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