Luc Tangorre qui me prie de répondre ceci à Bruno :
Le 2 décembre 1988, le juge Christian Lernould rencontrait Luc Tangorre pour la 4ième fois afin de procéder à l'interrogatoire dit de curriculum vitae que l'on trouve dans toutes les procédures criminelles (cote B31 en date du 18 mai 81 dans la première affaire), en présence de Maître Vidal-Naquet et du substitut du procureur Nannini :
La première fois, il l'avait convoqué le jour de l'arrestation le 24 octobre 1988 pour l'inculper sans avocat (D132).
La deuxième fois, il l'avait convoqué le 4 novembre (pour procéder aux confrontations) (D159) en présence de Maître François Vidal-Naquet.
La troisième fois, il l'avait convoqué le 17 novembre 1988 pour l'interroger sur le fond (D296) en présence de Monsieur Nannini, substitut du Procureur et de Maître François Vidal-Naquet.
Peuvent témoigner de cet interrogatoire du 2 décembre 1988 :
1°) les cinq personnes présentes : substitut du procureur, juge d'instruction, greffière, Maître Vidal-Naquet et Luc Tangorre lui même.
2°) Le fait qu'aucune procédure criminelle ne fait jamais l'impasse sur le procès verbal de curriculum vitae (si ce n'est le 2 décembre, à quelle autre date fut-il réalisé sinon ? ).
3°) Les archives de la prison de Nîmes qui doivent pouvoir témoigner de l'extraction de Luc Tangorre pour le palais de justice ce jour-là.
4°) Mais aussi surtout parce que les registres des convocations tenus par le juge et annexés à la procédure témoignent de l'interrogatoire du 2 décembre 1988.
Luc Tangorre me charge de signaler aux forumeurs qu'il n'a eu de cesse, tout au long des quatre années de procédure, de réclamer en vain la copie de ce procès verbal de curriculum vitae, auprès des greffes judiciaires, auprès des chambres d'accusation (ses mémoires en témoignent à chaque étape), auprès de la cour de cassation (idem). Il s'est également plaint auprès de la cour européenne de la disparition de cette pièce qu'il qualifie d'essentielle pour les raisons suivantes :
Selon lui, cette pièce démontre la malhonnêteté du juge Christian Lernould. Leurs relations ont d'ailleurs volé en éclat définitivement à partir de ce jour-là, dès que Luc Tangorre a bien compris tout le parti pris qui serait définitivement celui du magistrat-instructeur et qui devait trouver son point d'orgue deux mois et demi plus tard, le 19 février 1989, lors de la seconde tentative de reconstitution (après celle des gendarmes avortée à mi parcours le 4 novembre 1988) du parcours entre Marseille et le verger.
En effet Luc Tangorre se souvient, en ce 2 décembre 1988, d'un interrogatoire d'un genre très particulier et au minimum symptomatique des méthodes du magistrat, matérialisé par une kyrielle de questions à caractère sexuel s'enchaînant à un rythme soutenu, mais dont la plupart n'apparaissait pas dans le procès verbal.
1er exemple schématique de cette technique subversive :
la réalité du dialogue :
Le juge à l'accusé : Etes-vous l'auteur des coups mortels portés sur Madame untel, veuve retraitée, lors du cambriolage de sa villa le 16 septembre 2007 ? Notez je vous prie la question greffier.
L'accusé : non ce n'est pas moi.
Le juge au greffier : notez "non ce n'est pas moi qui suis l'auteur des coups mortels portés sur Madame untel, veuve retraitée, lors du cambriolage de sa villa le 16 septembre 2007".
Le Juge à l'accusé : Est-ce vous qui avez saisi le vase chinois bleu posé sur le cheminée pour le fracasser sur la tête de la défunte ?
L'accusé : non ce n'est pas moi.
Le juge au greffier : notez "non ce n'est pas moi qui ai saisi le vase chinois bleu posé sur le cheminée pour le fracasser sur la tête de la défunte".
lecture du procès verbal après signature :
Le juge à l'accusé : Etes-vous l'auteur des coups mortels portés sur Madame untel, veuve retraitée, lors du cambriolage de sa villa le 16 septembre 2007 ?
Réponse de l'accusé : "Non ce n'est pas moi qui suis l'auteur des coups mortels portés sur Madame untel, veuve retraitée, lors du cambriolage de sa villa le 16 septembre 2007, non ce n'est pas moi qui ai saisi le vase chinois bleu posé sur le cheminée pour le fracasser sur la tête de la défunte".
2ième exemple schématique de cette technique subversive employée contre Luc Tangorre selon ce dernier (à vérifier si les autorités judiciaires daignent enfin délivrer copie de l'interrogatoire de curriculum vitae du 2 décembre 1988) :
La réalité du dialogue :
Le juge à l'accusé : comment qualifier-vous vos relations sexuelles ? Notez je vous prie la question greffier.
L'accusé : de normale
Le juge au greffier : notez "mes relations sexuelles sont normales"
Le juge à l'accusé : Combien de fois éjaculez-vous de fois par relation ?
L'accusé : deux ou trois fois en moyenne.
Le juge au greffier : notez "Lors de mes relations sexuelles, j'éjacule deux ou trois fois en moyenne".
Le juge à l'accusé : lorsque vous trouvez une partenaire sexuelle, est-ce plutôt vous qui l'avez recherchée et trouvée, ou est-ce plutôt les femmes qui viennent à vous ?
L'accusé : ça dépend des fois, tantôt j'essaie de séduire une partenaire, tantôt ce sont les femmes qui viennent à moi.
Le juge au greffier : notez "Lorsque je trouve une partenaire sexuelle, il m'arrive de séduire une partenaire, mais parfois ce sont les femmes qui viennent à moi"
Le juge à l'accusé : Quand ces femmes viennent à vous, trouvez-vous cela naturel et normal ?
L'accusé : je n'y vois aucun mal, rien d'anormal ou d'artificiel à cela.
Le juge au greffier : notez "Quand les femmes viennent à moi, je ne vois aucun mal à ce que ces femmes fasse le premier pas, je trouve cela normal et naturel".
Le juge à l'accusé : Pratiquez la sodomie ?
L’accusé : Non.
Le juge à l'accusé : Jamais ?
L'accusé : Non.
Le juge à l'accusé : L'acte de fellation fait-il partie de vos pratiques sexuelles, l'appréciez-vous ?
L'accusé : Oui, la plupart de mes partenaires, en règle générale, la pratiquent et je l'apprécie.
Le juge à l'accusé : Immensément, beaucoup ou pas du tout ?
L'accusé : Beaucoup.
Le juge à l'accusé : Imposez-vous ces fellations à vos partenaires ou éprouvent-elles réciproquement beaucoup de plaisir ?
L'accusé : Je n'impose jamais de fellation à mes partenaires et je suppose qu'elles éprouvent du plaisir réciproquement .
Le juge au greffier : notez "Je ne pratique jamais la sodomie, mais j'apprécie beaucoup l'acte de fellation que mes partenaires pratiquent dans la plupart des cas. Je n'impose jamais de fellation et je suppose qu'elles éprouvent réciproquement beaucoup de plaisir".
L'accusé : je n'ai pas dit "beaucoup de plaisir".
Le juge : c'est exact, greffier notez "Je ne pratique jamais la sodomie, mais j'apprécie beaucoup l'acte de fellation que mes partenaires pratiquent dans la plupart des cas. Je n'impose jamais de fellation et elles éprouvent réciproquement du plaisir"
On s'arrêtera là pour illustrer la méthode...
Lecture du procès verbal du second exemple après signature :
Le juge à l'accusé : Comment qualifier-vous vos relations sexuelles ?
L’accusé : Mes relations sexuelles sont normales. Lors de mes relations sexuelles, j'éjacule deux ou trois fois en moyenne. Lorsque je trouve une partenaire sexuelle, il m'arrive de séduire une partenaire, mais parfois ce sont les femmes qui viennent à moi. Quand les femmes viennent à moi, je ne vois aucun mal à ce que ces femmes fasse le premier pas, je trouve cela normal et naturel. Je ne pratique jamais la sodomie, mais j'apprécie beaucoup l'acte de fellation que mes partenaires pratiquent dans la plupart des cas. Je n'impose jamais de fellation et elles éprouvent réciproquement du plaisir.
Dans le premier exemple, on pourra reprocher au premier accusé d'avoir signé son crime car personne d'autre que lui - sera-t-on en droit de penser si la question n'apparaît pas- ne pouvait savoir qu'un vase bleu chinois posé sur la cheminée est bel et bien l'arme du crime.
Dans le second exemple, on pensera que l'accusé est un chaud chaud lapin qui répond à une question anodine par une réponse digne du plus caractérisé des obsédés sexuels. L’adéquation du profil est dans ce cas artificiellement recherchée.
L'interrogatoire du 2 décembre 1988 s'inspire du second exemple... sur plusieurs pages...
Sauf que Luc Tangorre a laissé le juge Lernould s'en donner à coeur joie jusqu'à la fin du procès verbal pour lui demander de noter ensuite, en fin d'interrogatoire, avant d'apposer sa signature, que toutes ses réponses faisait suite à une kyrielle de questions très précises dont la plupart n'apparaissaient pas sur le procès verbal, pourquoi ?
Le juge courroucé se serait alors tourné vers Maître Vidal-Naquet pour lui demander si cela avait réellement de l'importance et l'avocat de Luc Tangorre aurait répliqué qu'il n'y voyait aucun mal (vraiment à côté de la plaque d'un bout à l'autre de la procédure, ce François Vidal-Naquet).
Devant le substitut du procureur, Monsieur Nannini, Luc Tangorre aurait alors répliqué que Maitre Vidal-Naquet était certes son conseil, mais qu'en l'occurrence c'est lui qui prendrait la décision : pas de signature si cet état de fait n'apparaissait pas sur le PV. Comme le substitut du procureur était présent, Christian Lernould n'aurait pu faire autrement que mentionner la remarque de Luc Tangorre en fin de PV, parce qu'elle était vraie... Remarque qui mettait en relief la façon dont il venait de procéder : tel pris qui croyait prendre...
Il suffit de retrouver le procès verbal d'interrogatoire du 2 décembre pour vérifier si Luc Tangorre dit vrai sur ce point. S'il mentait, ce serait bien d'ailleurs la première fois qu'on le démontrerait enfin, et je ne vois pas ce qui pourrait priver ses accusateurs de sauter sur l'occasion qui consisterait à se délecter de l'établir auquel cas...
Pour conclure, Luc Tangorre m'a chargé de te dire Bruno, que cette pièce ne réapparaîtra jamais dans la procédure pour des raisons qu'il te laisse deviner après ces éclaircissements...
_________________ Qui bono ?
|