Un extrait de l'interview de Christophe Hondelatte oar le journal du dimanche (Le JDD du 27 septembre 2010 )
Regrettez-vous parfois votre décision d'arrêter Faites entrer l'accusé?
Franchement non. J'ai présenté cette émission pendant 11 ans, et ça s'arrêtera en août prochain pour moi, c'est une certitude. Je suis arrivé au bout de cette histoire, et c'est une décision que j'ai prise il y a un bon moment déjà. Non, France 2 n'a pas essayé de me convaincre de rester, ils ont bien compris que ce n'était pas négociable. Je ne voulais pas devenir le mec qui a trouvé un filon et qui l'exploite jusqu'à sa retraite. Ce n'est pas mon truc. Je prends un risque car je ne suis pas sûr que l'on me propose quelque chose d'autre ensuite, mais j'assume ce risque.
On vous a peu entendu sur la polémique concernant le rôle négatif de Faîtes
entrer l'accusé dans la réinsertion des détenus…
C'est vrai. La première chose que j'ai à dire, c'est que cette problématique ne m'a jamais pas échappé. C'est une réflexion, avec mon producteur, que nous avons depuis le départ. Apparemment, d'autres ont mis plus longtemps à se poser la question vu que ça ne sort que maintenant… Ensuite, même si je le regrette, le droit à l'oubli, pour moi, fait partie du passé dans cette société de l'Internet. En deux clics, tout un chacun peut retrouver n'importe quels faits, j'ai fait le test. Faire ce procès à Faîtes entrer l'accusé alors qu'il y a des dizaines de sites Internet sur les faits divers et pas moins de 24 émissions sur le sujet à la télé -et des émissions qui prennent très souvent moins de précautions que nous, je tiens à le préciser- c'est un peu exagéré à mon sens.
«Ceux qui ont commis le pire doivent assumer le pire»
Vous n'avez pas l'impression d'outrepasser le droit au respect et à la vie privée?
Non. Je précise d'emblée que, dans notre législation, le droit à l'oubli n'existe pas. Nous avons été attaqués à de multiples reprises et la justice nous a toujours donné raison. Je suis un militant convaincu de la réinsertion des condamnés. Je n'ai jamais utilisé la souffrance des hommes pour faire mon beurre. Nous sommes dans une société où rien ne s'oublie, tout est gravé dans le marbre du web. Chacun doit assumer ses actes. Ceux qui ont commis le pire doivent assumer le pire.
Vous êtes dur…
Non, réaliste. Cette polémique m'a un peu agacé car on a oublié un autre pendant de Faîtes entrer l'accusé: on redonne la parole aux familles de victimes, qui ont ainsi l'occasion de rappeler que leur frère ou leur mère était un innocent. Les associations de défense des détenus, que je respecte infiniment, ont une vision trop parcellaire de la situation, il n'y a pas une seule souffrance.
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