Coupable ou innocent à tout prix Affaire Tangorre

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Sylviane C.
    Sylviane C. fut agressée dans la nuit du 31 mars au 1 avril. Vers deux heures du matin, cette nuit-là, Sylviane C. gare son véhicule devant la résidence Sainte-Anne où elle demeure. Un homme s'approche d'elle et lui dit «Il faut que tu me ramènes chez moi. J'ai tué quelqu'un. Je ne fais que des conneries et je suis recherché par la police.» Sylviane C., affolée, refuse, mais l'homme insiste en précisant qu'il est armé: «Surtout ne fais pas de bêtise, ne crie pas et raccompagne-moi, sinon je te tue car je n'ai plus rien à perdre.» La jeune femme s'exécute et, en suivant les indications de l'agresseur, se dirige vers la prison des Baumettes, car l'homme prétend habiter au restaurant La Pinède situé dans ce quartier. Mais, arrivés à ce niveau, l'agresseur exige que Sylviane C. poursuive sa route jusqu'à une sorte de terrain vague qui sert de parking aux promeneurs qui se rendent à pied dans la calanque de Morgiou. L'homme demande à Sylviane C. de garer son véhicule derrière le monument aux morts qui se trouve sur ce parking et précise ses intentions. La jeune femme tente de l'en dissuader, lui propose de l'argent, mais l'homme, de plus en plus menaçant, l'oblige à se dévêtir partiellement et la viole. Il exige ensuite que Sylviane le reconduise sur l'avenue de Mazargues à la hauteur de la résidence Sainte-Aune où se trouve, paraît-il, son vélomoteur. Au moment de s'éloigner, l'agresseur montre son revolver et précise qu'il est en plastique.
    Cet homme était très brun, les cheveux courts, ondulés et peut-être coiffés sur le côté, avec une moustache. Il portait un anorak noir et parlait avec un léger accent du Midi.

Aline E.
    Comme pour Sylviane C. qui fut violée la veille, l'homme accoste Aline E. alors qu'elle gare sa voiture près de chez elle, dans la résidence de l'allée des Pins. Lui aussi est brun, à moustache et parle avec un accent du Midi. Cet homme prétend également être poursuivi par la police. Aline E. doit le reconduire chez lui afin de lui permettre d'échapper aux contrôles de police. Sous la menace d'un revolver, la jeune femme est bien obligée de s'exécuter, et comme pour Sylviane C., l'homme la dirige vers le parking de Morgiou. Il avoue alors ses véritables intentions et exige que la jeune fille se déshabille. Mais celle-ci refuse de céder si l'agresseur conserve son arme au poing, L'homme dépose le revolver sous la voiture, puis il viole la jeune fille et l'oblige ensuite à pratiquer une fellation. Comme pour Sylviane C., une fois son forfait accompli, l'agresseur se fait reconduire à leur point de départ.

Chantai F.
    Quelque deux mois plus tôt, le 15 février 1981 à vingt-trois hures trente, cette jeune fille fut victime d'une agression sexuelle. Alors qu'elle se trouve dans les escaliers de son immeuble, Les Moulins du Prado, un homme la plaque contre le mur et appuie le canon d'un revolver sur son ventre. L'agresseur exige alors une masturbation que la jeune fille accomplit en pleurant, puis s'en va.
    Chantai F. décrit son agresseur comme un homme de vingt-deux ans maximum, qui mesure un mètre soixante-dix environ, de corpulence mince, avec une moustache et des cheveux bruns coupés très courts. Il avait des joues plutôt plates et des yeux foncés. Il était vêtu d'une «doudoune» épaisse bleu roi et d'un pantalon de velours noir. Il circulait en cyclomoteur de couleur claire du genre Ciao.

Isabelle D.
    L'agression, cette fois, avait eu lieu dans le parc du Roy d'Espagne, dans la nuit du 9 au 10 avril 1981 à une heure du matin. Comme dans tous les cas précédents, l'homme aborde sa victime alors qu'elle sort de sa voiture pour entrer dans son immeuble. Il la saisit par le bras et, en lui précisant qu'il est armé d'un couteau, il lui intime l'ordre de ne pas bouger. Cependant, Isabelle D. le repousse, entre dans son immeuble et crie. Ses parents ouvrent alors la porte et l'agresseur prend la fuite. Isabelle et sa mère entendent ensuite le bruit d'un moteur de 2 CV qui s'éloigne.
    Isabelle décrit son agresseur comme un homme âgé de vingt à vingt-cinq ans, aux cheveux bruns et courts, porteur d'une 2noustache et vêtu d'un jean et d'un blouson en cuir noir.

Gladys H.
    Gladys H. fut agressée moins d'une heure avant Sylviane C., c'est-à-dire dans la nuit du 31 mars au le" avril vers une heure quinze. Cette jeune fille habite dans le parc du Roy d'Espagne comme Isabelle D. Alors qu'elle s'apprête à rentrer dans son immeuble, elle est abordée par un homme, qui se déshabille partiellement et exige des caresses sous la menace d'un revolver à barillet de couleur foncée. Gladys H. refuse, tout en reculant dans le hall de son immeuble, mais l'agresseur la caresse sur tout le corps et tente de l'embrasser. Il bat finalement en retraite et disparaît.
    Gladys H. décrivit son agresseur comme un homme d'environ vingt-cinq ans, mesurant entre un mètre soixante-cinq et un mètre soixante-dix, de corpulence moyenne, aux cheveux bruns, avec une sorte de mèche sur le devant. Les cheveux cachaient légèrement les oreilles. Il portait un sweat-shirt de couleur claire, peut-être jaune, à rayures foncées, et un blouson foncé.

Bénédicte S.
    L'agression de Bénédicte S. remonte au 4 décembre 1980. Ce soir-là, à vingt heures trente, un individu casqué entre, en même temps qu'elle, dans le hall de son immeuble situé sur le boulevard Sainte-Marguerite. L'homme s'approche d'elle et commence à lui toucher les fesses. La jeune fille parvient à le repousser brutalement et à rentrer chez elle, résidence de i'Armandière. Malgré la présence du casque, Bénédicte S. put indiquer que son agresseur portait une moustache et avait les yeux foncés. Il mesurait entre un mètre soixante-cinq et un mètre soixante-dix. De corpulence moyenne, il était vêtu d'un blouson bleu foncé.

Béatrice I.
    Béatrice I. habite, elle aussi, dans le parc du Roy d'Espagne et l'agresseur va l'aborder comme il l'a déjà fait pour les autres victimes dont nous avons parlé. «Alors que je récupérais un poster se trouvant dans mon coffre, j'ai entendu des pas derrière moi. Je me suis retournée et j'ai vu un homme assez jeune. Il m'a demandé si je ne venais pas d'un bal dont il m'a cité le nom mais je ne m'en souviens pas. Il s'est approché de moi et m'a alors demandé de le conduire dans le quartier des Baumettes.»
    Comme pour Aline E. et Sylviane C., l'homme exige, sous la menace d'un revolver, que la jeune fille lui permette d'échapper aux poursuites de la police, car il vient de tuer un homme. Béatrice I. est donc obligée de le conduire en suivant ses indications. Ils arrivent, là encore, sur le parking de Morgiou. Béatrice I. doit garer sa voiture derrière le monument. L'agresseur cache les clés du véhicule dans une poche de son pantalon et, sous la menace de l'arme, force la jeune fille à se déshabiller. Elle est alors contrainte à pratiquer une fellation et doit subir ensuite une sodomisation. Pour cela, l'agresseur utilise un liquide gras ressemblant à de la vaseline qu'il a pris dans une petite boîte. Un peu de produit est renversé sur la banquette arrière de la voiture de la victime. L'agresseur exige ensuite, comme pour tes autres viols, d'être reconduit vers le parc du Roy d'Espagne. Lorsque l'homme s'en va, Béatrice I. entend le bruit d'un moteur de «deux chevaux».
    Lors de sa déposition au commissariat de police, la jeune fille put préciser que son agresseur était jeune (dix-neuf vingt ans), brun, de corpulence moyenne, avec des cheveux assez courts et une moustache brune. Il était vêtu d'un imperméable vert clair et d'un blouson bleu à parements blancs avec une fermeture Eclair qui montait très haut, permettant ainsi de cacher le bas du visage. Il portait un jean de couleur foncée ou un pantalon en velours noir. Béatrice I. ne put donner de détail sur le revolver, mais pensait qu'il était plutôt de couleur noire.

Cécile H.
    L'agression de cette jeune femme s'est produite dans la nuit du 6 au 7 avril 1981. Cécile H. se rendait au domicile de sa tante, situé sur l'ancien chemin de Cassis et il est environ une heure vingt lorsqu'elle gare sa voiture. Un homme s'approche alors d'elle pour lui demander l'heure, puis, tandis qu'elle essaie d'ouvrir e portail, il lui dit : «J'ai un couteau, sois gentille, fais ce que je te demande.» L'agresseur sort alors son sexe et exige qu'elle le caresse, puis il part en courant. Au moment où Cécile H. referme le portail, elle entend une voiture démarrer et croit reconnaître le bruit du moteur d'une 2 CV.
    Cécile H. estimait l'âge de son agresseur entre vingt-cinq et trente ans. C'était un homme de type européen, de corpulence moyenne, aux cheveux courts et raides, mesurant environ un mètre soixante-dix. Elle précisa qu'il ne présentait aucun signe particulier (pas un bijou, pas de tatouage visible) et qu'il était imberbe. Il portait un blouson en cuir noir.

Denyse G.
    C'est encore dans l'enceinte du parc du Roy d'Espagne que cette agression eut lieu. Ce il novembre 1980, il est environ vingt-deux heures lorsque Denyse G. regagne son domicile par l'escalier donnant accès aux garages. Elle sent que quelqu'un la suit, se retourne et fait face à un jeune homme brun et moustachu qui lui dit : «Ne bouge pas. Je veux simplement te toucher. Si tu cries, je te donne un coup de couteau.» La jeune femme tente vainement de faire croire que son mari, qui gare la voiture, va arriver, mais comme les mains de l'agresseur continuent d'explorer son corps et son sexe, Denyse G. se met à crier malgré la menace. Ses appels sont entendus par des voisins du rez-de-chaussée et du premier étage qui sortent sur le palier, ce qui met en déroute l'agresseur. Certains voisins le voient enfourcher un vélomoteur de couleur beige et se coiffer d'un casque blanc.
    La description de l'agresseur correspond à celle donnée par les autres victimes un mètre soixante-dix, vingt vingt-cinq ans, teint clair, cheveux bruns, moustache, et sans accent particulier. D'après Denyse G. il portait un anorak bleu et un pantalon sombre. Dans sa déclaration, la victime précisa que son agresseur avait laissé des graffitis à la craie le long de l'escalier des garages représentant des sexes d'homme très volumineux.

Deux mineures
    Nathalie L., âgée de huit ans et Aude D., âgée de sept ans. Contrairement à toutes les autres agressions, celles dont 1e5 deux fillettes ont été les victimes eurent lieu dans la journée. C'était le 24 mars 1981: Nathalie, Aude et son frère Cédric, âgé de huit ans, jouaient dans la colline, près d'une maison en ruine, au-dessus de la résidence de la Cadenelle où ils habitent. Un jeune homme s'approche d'eux, leur parle gentiment et les emmène dans la maison. Puis, leur montrant la crosse d'une arme dépassant de sa poche, il exige que Cédric et sa soeur restent dans une pièce, tandis qu'il entraîne Nathalie dans une autre. Il dégrafe son pantalon, sort son sexe et demande à la fillette de le lui caresser et même de l'embrasser. La fillette indiquera également que le jeune homme a clissé son sexe entre ses cuisses.
    Puis il va chercher Aude, qui déclarera à sa mère que 'agresseur lui a enlevé sa culotte, mais niera les faits devant e juge d'instruction. Quoi qu'il en soit, l'agresseur dit ensuite aux enfants de partir et de ne parler à personne de ce qui venait de se passer. Il est vêtu, selon Aude et Nathalie, d'un blouson bleu marine avec beaucoup de poches et d'un pantalon jogging bouffant de couleur rouge portant une raie blanche sur le côté. Selon Cédric, il s'agit plutôt d'un survêtement bleu et d'un blouson de la même couleur.

Hélène M.
    Hélène M. fut la première victime à déposer plainte puisque son agression remonte à la nuit du 5 au 6 décembre 1979. Cette nuit-là, vers minuit et demi, Hélène M. venait de garer sa voiture près de chez elle, dans le parc du Roy d'Espagne. Suivant un scénario qu'il utilisera ensuite systématiquement lors des viols, l'agresseur s'approche d'Hélène et exige, sous la menace d'une arme, qu'elle le conduise chez lui pour échapper aux recherches de la police. Hélène M. propose de lui abandonner sa voiture, mais il insiste pour qu'elle le conduise. Il lui demande de prendre la direction des Baumettes, puis de continuer vers le chemin de Morgiou. Arrivés au niveau du monument aux morts, l'homme révèle ses intentions, mais Hélène repousse ses avances et entame un véritable combat contre son agresseur. Elle est sérieusement blessée au visage, mais atteint l'agresseur aux parties génitales. il la jette alors hors de sa voiture et démarre. En revenant chez elle, Hélène M. a la surprise de retrouver sa voiture sur le parking. L'agresseur l'a ramenée et a même laissé, à l'intérieur, une paire de gants de cuir noir.
    Lors de sa déclaration, Hélène M. précisa que lorsque l'homme l'avait abordée, il portait un casque qu'il enleva dans la voiture. Il dévoila aussi une cagoule claire et la jeune femme put voir qu'il avait des cheveux bruns, mi-longs, frisés, des yeux foncés et le visage rond; elle ne put préciser s'il avait une moustache et si l'arme était un revolver ou un pistolet.



Gisèle Tichané - Coupable à Tout Prix (recueil d'extraits)



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