«Je t'aime mon enfant»: les derniers mots lus par Christian Ranucci avant son exécution
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Le document que nous révélons fut conservé quarante-six ans entre les pages d'un registre carcéral.
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Nous avons pu la récupérer en 2021 à l'occasion de notre reportage pour Slate sur le couloir de la mort des Baumettes.
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La cellule du condamné, les grandes grilles blanches, la haute marche séparant la salle des greffes de la minuscule cour d'exécution renvoyaient la même austérité sordide que dans les années 1970.
C'est au milieu de ces vestiges, entre une bouteille de rhum –qui, renseignement pris, n'avait rien à voir avec le dernier verre du condamné– et une carte postale criarde, que dormait le registre pénitentiaire, posé sur une chaise. Il suffisait de l'ouvrir. À l'intérieur, la lettre d'Héloïse Mathon gisait, comme neuve.
Nous livrons, pour Slate, l'intégralité de son contenu.
«Le lundi 26 juillet 1976.
Il est 18h. Mon très cher enfant adoré. Je t'écris cette carte, que tes avocats te donneront en cas que ta grace soit refusé, à cette heure j'ignore ?? Pourtant je sais que tu es innocent. Mr le procureur, un jour je te ferais publier tes honneurs. Tu étais mon enfant chéri. Condamnés sache que je peux pour toi. Tu es innocent et tu es un bon fils, ma vie était heureuse à tes côtés et de toutes gentillesses de ta part mon fils aimé. Je vivrais avec le seul fait de te retrouvé.
Sois courageux je t'aime mon enfant.
H. Mathon.»
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L'existence de la missive était connue. Gilles Perrault la mentionne dans les derniers chapitres de son ouvrage Le Pull-over rouge. Et le film du même nom, réalisé en 1979 par Michel Drach, lui consacre une scène puissante. La voix off de Michelle Marquais, incarnant Héloïse Mathon (renommée Louise dans l'œuvre cinématographique), lit ce que l'on croit à l'époque être le contenu de la lettre. Le texte est, en réalité, reconstitué selon les souvenirs des avocats de Christian Ranucci. À l'image, les chevilles du condamné sont liées par de faibles bouts de ficelle. La voix poursuit la lecture supposée du message. La mère du prisonnier promet de réhabiliter son fils. Ces mots sont absents de la lettre authentique.