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Message non luPosté :06 mai 2007, 00:31 
Je suis persuadé que si CR avait connu son père - même séparé de sa mère - il ne lui serait jamais arrivé cette histoire.

Ne serait-ce que si, au moins en ce fameux matin du lundi 3 juin 1974, il avait pu le voir.

Si j'ai bien compris, son père l'a carrément renié.

CR n'a jamais - ou si peu - su qui était son père. Moi, j'aimerais bien en savoir un peu plus sur cet homme.

Qui sait si ce que nous pourrions apprendre en enquêtant sur lui ne nous donnerait pas quelques indices sur l'affaire ?

J'en ai parlé à Gilles Perrault lors de la rencontre du 28/04. Il a reconnu que ça pouvait être intéressant, et il sait où aller chercher de l'information : au fort de Vincennes, si je me souviens bien, car Jean Ranucci a notamment été militaire dans la marine de la France libre.

Comme il nous a laissé ses coordonnées, je vais le recontacter pour lui reparler de cet aspect de l'affaire.


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Message non luPosté :06 mai 2007, 08:56 
Pourquoi pas, Yann ? Il est vrai qu'il ne faut négliger aucun détail. Mais à priori, je ne vois pas très bien ce que les informations que tu recueilleras peut-être pourraient bien apporter de nouveau à l'affaire.

Certes, je suis entièrement d'accord avec toi quand tu dis que la personnalité de CR se serait probablement développée différemment s'il avait eu une présence / une image paternelle. Encore que .... tout dépend de l'image. Nous connaissons tous des cas de gens qui ont eu des pères tellement détestables à tous points de vue qu'une absence de père aurait presque mieux valu pour eux, ou du moins n'aurait pas été pire. Il existe des pères destructeurs.
Mais enfin, je suis malgré tout convaincue que CR a énormément souffert de ne rien savoir sur son père et/ou de se sentir rejeté par lui et que le désir de le voir était chez lui très présent. C'est d'ailleurs pour cela que je considère sa visite à Allauch le jour du meurtre comme parfaitement possible.

Cela dit, je ne vois pas très bien en quoi le fait d'apprendre que Jean Ranucci était ceci ou cela pourrait éclairer la seule question qui nous préoccupe ici : CR a-t-il ou non enlevé et tué MDR ?

Ce qui pourrait contribuer à résoudre l'énigme, ce serait d'aller faire une enquête à Allauch et de pouvoir interroger la tante de CR et les témoins qu'elle cite dans la lettre où elle affirme que CR a été vu sonnant à la porte de son père vers les 9h 00 du matin. En admettant bien sûr que tous ces gens soient encore vivants et acceptent de parler, ce qui est à peu près exclu, puisqu'ils ont tous nié avoir dit ou entendu ce que la tante de CR expose dans sa lettre.

Quoi qu'il en soit, je te souhaite bonne chance dans tes recherches !


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 Sujet du message : Réponse à Danou
Message non luPosté :06 mai 2007, 13:43 
Danielle,

je suis d'accord avec toi pour dire, que par rapport à son père, le point le plus important dans l'affaire est d'arriver à établir si oui ou non, CR est bien allé lui rendre visite en ce lundi matin 3 juin 1974.

De tout ce qu'on sait sur ce point (essentiellement rapporté par Gilles Perrault; ça n'a pas l'air d'intéresser énormément Gérard Bouladou), j'ai tendance à croire que c'est vrai.

Au-delà de ça, si in fine, il s'avère qu CR était coupable, il faut aussi penser aux circonstances atténuantes.

Si on apprend qu'il était un enfant désiré par sa mère, mais pas par son père, s'il se confirme que son père l'a renié, ça peut éclairer un peu mieux le caractère de CR, qu'on a présenté comme quelqu'un de "renfermé" (ce que je traduirais surtout par "introverti", qui n'est pas un jugement de valeur, contrairement à "renfermé").

Même si CR, enfant et adulte, n'a jamais vu son père, donc pas pu lui parler, des psychanalystes te diront que dans une famille, la communication d'inconscient à inconscient, ça existe. Il se peut aussi que les mauvaises pensées du père pour le fils aient été transmises de la mère vers le fils. CR a peut-être malgré tout, plus ou moins consciemment, ressenti les sentiments de son père pour lui.

Autres réflexions :

- je me suis dit que quand CR se retrouve entre les mains de la police, au début de l'affaire, c'est certainement la 1ère fois de sa vie (à part lors de son service militaire), qu'il est vraiment confronté à une autorité d'ordre paternel. Il se peut qu'à la fois, il ait un peu trop fait confiance aux policiers ("puisque vous me dites que c'est moi, je vous crois"), et qu'il ait "perdu ses moyens", n'ayant jamais été confronté par son vrai père. Ce qui peut expliquer le passage aux aveux.

- Jean-François LeForsonney nous a bien dit qu'il a souvent eu du mal, sur des points importants (le couteau, le pantalon par ex.) à obtenir des réponses de la part de CR. Je me suis demandé si ce n'était pas dû en partie au fait qu'il était à peine plus vieux que CR. Si CR avait tout de suite été pris en main par un avocat d'une génération au-dessus de lui, ce dernier, pour CR, aurait peut-être pu jouer en partie le rôle d'un "père de substitution", plutôt bienveillant, à qui il se serait plus facilement confié. De quoi nous faire regretter une fois plus que Paul Lombard n'ait pas voulu prendre le dossier en main tout de suite !


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 Sujet du message :
Message non luPosté :06 mai 2007, 14:41 
Le Meur :
Danielle,

je suis d'accord avec toi pour dire, que par rapport à son père, le point le plus important dans l'affaire est d'arriver à établir si oui ou non, CR est bien allé lui rendre visite en ce lundi matin 3 juin 1974.


Oui, mais voilà, c'est quasi impossible, à mon avis.

De tout ce qu'on sait sur ce point (essentiellement rapporté par Gilles Perrault; ça n'a pas l'air d'intéresser énormément Gérard Bouladou), j'ai tendance à croire que c'est vrai.

Oui, moi aussi. Cette visite, la première fois où CR dispose d’une voiture pour pouvoir se déplacer sur une longue distance, me semble très vraisemblable. Il me semble qu’à sa place, c’est la première chose que j’aurais eu envie (sinon le courage ?) de faire. De plus, il semble certain que CR éprouvait un grand manque au niveau de son père (même si, comme tu le dis, il était trop introverti pour l’exprimer), car Mme Mathon a retrouvé dans ces affaires, quand il était adolescent, le brouillon d’une lettre destinée à son père et dans laquelle il lui disait longuement à quel point il l’admirait. Et enfin, Mme Mathon, qui connaissait bien son fils, a été la première à émettre l’idée qu’il avait pu avoir eu l’intention d’aller voir son père.
Cette tentative de visite est tout à fait possible, sinon probable.

Au-delà de ça, si in fine, il s'avère qu CR était coupable, il faut aussi penser aux circonstances atténuantes.

Si on apprend qu'il était un enfant désiré par sa mère, mais pas par son père, s'il se confirme que son père l'a renié, ça peut éclairer un peu mieux le caractère de CR, qu'on a présenté comme quelqu'un de "renfermé" (ce que je traduirais surtout par "introverti", qui n'est pas un jugement de valeur, contrairement à "renfermé").


Bien sûr que cette tentative de visite, si elle a bien eu lieu et s’est soldée par un rejet, aurait pu constituer une circonstance atténuante dans l’hypothèse de la culpabilité de CR. Si les choses se sont passées comme cela, on imagine dans quel état d’esprit et de nerf il a pu se sentir par la suite. Cela peut tout au moins expliquer l’accident. La relation entre le désespoir qui a dû être celui de CR s’il s’est fait éconduire par son père et l’envie soudaine « d’emmener promener une petite fille inconnue » ne me semble par contre pas évidente, mais je ne suis pas psychologue.

De toute manière, je continue à penser que, même coupable, même en tenant compte de la législation de l’époque et de la mentalité qui prédominait alors, RC n’aurait normalement pas dû être condamné à mort s’il avait été mieux défendu (et ce n’est pas à Me Jean-François Le Forsonney que je pense) et avait été plus coopératif (ou du moins ne s’était pas rendu aussi antipathique au procès) car :

1. Le crime n’était de toute évidence pas prémédité
2. Il n’était pas motivé par des motifs crapuleux
3. CR n’avait pas de casier
4. Il était très jeune et même à l’époque, le jury répugnait généralement à envoyer à la mort un être
à peine sorti de l’adolescence
5. et enfin et surtout : Il y avait DOUTE. Un doute qui aurait pu être mieux exploité si Me Lombard s’était
impliqué dès le début


Même si CR, enfant et adulte, n'a jamais vu son père, donc pas pu lui parler, des psychanalystes te diront que dans une famille, la communication d'inconscient à inconscient, ça existe. Il se peut aussi que les mauvaises pensées du père pour le fils aient été transmises de la mère vers le fils. CR a peut-être malgré tout, plus ou moins consciemment, ressenti les sentiments de son père pour lui.

Je ne suis pas spécialiste dans ces domaines, mais ai souvent constaté au quotidien la réalité de ce que tu évoques

Autres réflexions :

- je me suis dit que quand CR se retrouve entre les mains de la police, au début de l'affaire, c'est certainement la 1ère fois de sa vie (à part lors de son service militaire), qu'il est vraiment confronté à une autorité d'ordre paternel. Il se peut qu'à la fois, il ait un peu trop fait confiance aux policiers ("puisque vous me dites que c'est moi, je vous crois"), et qu'il ait "perdu ses moyens", n'ayant jamais été confronté par son vrai père. Ce qui peut expliquer le passage aux aveux.


Oui, cela peut constituer une explication. Mais de toute façon, ce ne sont pas les aveux qui me gênent le plus dans cette histoire. S’il n’y avait que les aveux, je n’aurais aucune peine à envisager l’innocence de CR. Je suis persuadée que n’importe qui peut craquer et reconnaître n’importe quoi à partir du moment où ses réserves de résistance physique et nerveuse sont épuisées (surtout si la garde à vue a été assortie d’un petit passage à tabac plus ou moins musclé).

- Jean-François LeForsonney nous a bien dit qu'il a souvent eu du mal, sur des points importants (le couteau, le pantalon par ex.) à obtenir des réponses de la part de CR. Je me suis demandé si ce n'était pas dû en partie au fait qu'il était à peine plus vieux que CR. Si CR avait tout de suite été pris en main par un avocat d'une génération au-dessus de lui, ce dernier, pour CR, aurait peut-être pu jouer en partie le rôle d'un "père de substitution", plutôt bienveillant, à qui il se serait plus facilement confié. De quoi nous faire regretter une fois plus que Paul Lombard n'ait pas voulu prendre le dossier en main tout de suite !

Le fait qu’ils aient eu pratiquement le même âge a certainement joué aussi. Probablement pour les raisons que tu en donnes et surtout parce que si Me Lombard, avec son expérience, s’était engagé dès le début dans l’affaire, il aurait immédiatement su détecter et fait remarquer à son client ce qui ne collait pas (le fait, par exemple, qu’il se souvienne de tous les détails de l’accident mais pas de la présence de la petite dans la voiture) et justifiait qu’il se rétracte immédiatement. Il aurait pu exploiter au maximum ce qui était exploitable, faire effectuer des recherches en sous-mains (je sais, nous ne sommes pas aux Etats-Unis, mais entre la théorie et la pratique ….) et aurait pu créer avec CR une relation de confiance (peut-être cette relation quasi père-fils dont tu parles et dont CR avait certainement besoin). Autant de choses que Jean-François Le Forsonney ne pouvait faire tant en raison de sa jeunesse que de son manque d’expérience (l’une découlant de l’autre).


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Message non luPosté :04 juin 2007, 23:26 
Bonjour à toutes et à tous,

lors de la réunion du 28/04, j'avais demandé à Gilles Perrault où trouver des infos sur Jean Ranucci, le père de CR. Concernant son passé militaire (auquel CR avait semblé s'intéresser à un moment de son adolescence), Gilles Perrault m'avait indiqué le Fort de Vincennes, où se trouvent des archives.

J'y suis allé cet après-midi, au Service Historique de la Marine (Pavillon de la Reine, à l'intérieur du Château de Vincennes).

Et voilà ce que j'ai trouvé :

Jean, Martin, Jules Ranucci, né le 30 mai 1921 à Allauch (13),

est répertorié dans le Tome 5 / Mémorial, de l'"Historique des Forces Navales Françaises Libres" (parution en novembre 2006. Auteur : Capitaine de Vaisseau André Bouchi-Lamontagne. ISBN 2-11-096321-2), à la page 888.

Date d'engagement : 01/06/1941
Matricule : 10 064 FN 41
Grade : Quartier-Maître / Spécialité : électricien.
Affectations : Caserne Surcouf, bâtiment Arras, caserne Bir-Hakeim

Les FNFL furent créées par De Gaulle le 1er juillet 1940. Il en confia le commandement à l'amiral Muselier (Henri, Emile, Désiré), qui a un lien de parenté avec Renaud Muselier (arrière grand-père ou grand-père), actuel 1er adjoint au Maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin.


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Message non luPosté :05 juin 2007, 09:21 
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Ton idée me paraît excellente, Yann. Il semble normal d'imaginer que CR aurait eu l'envie ou le besoin avoir une image précise de son père. C'est tout à fait normal. D'ailleurs, même beaucoup d'enfants adoptés, qui sont pourtant très heureux dans leur famille d'accueil, ont le besoin de faire au moins un voyage dans leur pays d'origine pour savoir d'où ils viennent et où ils sont nés.
En plus, en perpétuelle fuite par peur de la violence, face à ce père qu'il ne connaît pas, on peut également penser que le mystère est ainsi entretenu et les choses mystérieuses sont attirantes...
Mais Danou a raison également quand elle dit que certains pères sont tellement destructeurs que les enfants sont parfois mieux lotis sans eux plutôt qu'avec !

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 Sujet du message :
Message non luPosté :05 juin 2007, 11:17 
Citation :
Ton idée me paraît excellente, Yann. Il semble normal d'imaginer que CR aurait eu l'envie ou le besoin avoir une image précise de son père. C'est tout à fait normal. D'ailleurs, même beaucoup d'enfants adoptés, qui sont pourtant très heureux dans leur famille d'accueil, ont le besoin de faire au moins un voyage dans leur pays d'origine pour savoir d'où ils viennent et où ils sont nés.
En plus, en perpétuelle fuite par peur de la violence, face à ce père qu'il ne connaît pas, on peut également penser que le mystère est ainsi entretenu et les choses mystérieuses sont attirantes...
Mais Danou a raison également quand elle dit que certains pères sont tellement destructeurs que les enfants sont parfois mieux lotis sans eux plutôt qu'avec !
Chantal,

merci pour tes encouragements ! Je vais continuer à chercher, notamment dans cette direction.

Et si je trouve de nouvelles infos, évidemment, je ne manquerai pas d'en faire part ici.

Yann


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 Sujet du message : Réponse à Chantal
Message non luPosté :12 oct. 2007, 23:33 
Citation :
Ton idée me paraît excellente, Yann. Il semble normal d'imaginer que CR aurait eu l'envie ou le besoin avoir une image précise de son père. C'est tout à fait normal. D'ailleurs, même beaucoup d'enfants adoptés, qui sont pourtant très heureux dans leur famille d'accueil, ont le besoin de faire au moins un voyage dans leur pays d'origine pour savoir d'où ils viennent et où ils sont nés.
En plus, en perpétuelle fuite par peur de la violence, face à ce père qu'il ne connaît pas, on peut également penser que le mystère est ainsi entretenu et les choses mystérieuses sont attirantes...
Mais Danou a raison également quand elle dit que certains pères sont tellement destructeurs que les enfants sont parfois mieux lotis sans eux plutôt qu'avec !
Chose promise, chose due ! Cet été, j'ai fini par obtenir, de la part du Service Historique de la Marine, une copie de la case matriculaire de Jean Ranucci, le père de CR. C'est surtout un récapitulatif de ses états de services dans les Forces Navales Françaises Libres.
Son état civil est rappelé (ça correspond bien !). On y voit qu'il était le fils de Léopold Ranucci et d'une Marcelle Banq.
Il a été engagé comme matelot gabier, puis a été nommé Quartier Maître 2ème classe (l'équivalent de caporal dans l'armée de terre). Classe de recrutement 1941.

Ses états de service :

- du 1/01/1942 au 7/07/1942 : caserne Surcouf (à Londres, Gérard Bouladou).
- du 7/07/1942 au 1/08/1942 : bâtiment de guerre "Arras" (aviso de 1ère classe, 2 canons, 4 officiers + 99 hommes).
- du 1/08/1942 au 17/10/1942 : caserne Bir-Hakeim (à Emsworth, Gérard Bouladou).
- du 17/10/1942 au 31/05/1944 : caserne Surcouf.
- du 1/06/1944 au 17/06/1944 : caserne Bir-Hakeim.
- du 17/06/1944 au 5/06/1945 : caserne Surcouf.
- du 5/06/1945 au 13/07/1945 : caserne Bir-Hakeim.
- du 13/07/1945 au 30/08/1945 : dépôt de Cherbourg.

Sur une période de 3 ans et 8 mois, il n'aura donc passé que 23 jours sur un bateau de guerre. Et tout le reste en caserne, à terre, sans combattre.

Je n'ai pas retrouvé le document écrit (dans le POR, ou ailleurs ?) où il est dit que CR avait écrit une lettre à son père, dans laquelle il lui disait qu'il aimerait le connaître, qu'il l'admirait pour ses faits d'armes pendant la guerre, ses médailles militaires (je ne me souviens plus des termes exacts).
Mais quand on voit ça, on se demande de quels "faits d'armes" il peut bien s'agir ? Et je me suis surtout demandé qui avait pu dire à CR que son père avait été un "héros" pendant la guerre ?
Certainement pas sa mère. Mais alors qui ?

Je suis retourné au Service Historique de la Marine cet après-midi, et parmi divers documents originaux archivés, j'ai trouvé un télégramme adressé aux FNGB par la caserne Surcouf (les FNFL sont devenues les FNGB à partir d'une certaine date) dans lequel il est question de Jean Ranucci, et ce n'est malheureusement pas à son honneur : "Vous rends compte que : le matelot gabier RANUCCI Jean Mle 10064 FN 41 a été arrêté par la Police Britannique sous inculpation de vol le 26 février 1945".

Il ne s'agissait peut-être que d'un "menu larcin", mais voilà.

Je retournerai bientôt au service historique, car je n'ai pas eu le temps de consulter tous les documents d'archives concernant les casernes Surcouf et Bir-Hakeim. Si je trouve d'autres choses, j'en ferai bien sûr part ici.


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 Sujet du message : Re: Réponse à Chantal
Message non luPosté :13 oct. 2007, 10:42 
Citation :
Le Meur
Je n'ai pas retrouvé le document écrit (dans le POR, ou ailleurs ?) où il est dit que CR avait écrit une lettre à son père, dans laquelle il lui disait qu'il aimerait le connaître, qu'il l'admirait pour ses faits d'armes pendant la guerre, ses médailles militaires (je ne me souviens plus des termes exacts).
Gilles Perrault ne retranscrit pas dans son livre la lettre de CR (il n'est d'ailleurs pas certain du tout que CR ou Mme Mathon ait conservé ce brouillon, car c'est un brouillon que Mme Mathon a trouvé et rien ne dit que CR ait effectivement envoyé cette lettre). Gilles Perrault mentionne simplement ce que Mme Mathon lui a dit. Et je ne vois pas pourquoi elle aurait inventé cela.
Citation :
Mais quand on voit ça, on se demande de quels "faits d'armes" il peut bien s'agir ? Et je me suis surtout demandé qui avait pu dire à CR que son père avait été un "héros" pendant la guerre ?
Certainement pas sa mère. Mais alors qui ?
Je pense, au contraire, que c'est probablement Mme Mathon qui lui a dit cela.

D'abord, je ne vois pas bien qui aurait pu le lui dire à part elle car, autant que je sache, CR ne fréquentait pas sa famille paternelle.

Ensuite, il n'y a pas forcément contradiction dans le fait que Mme Mathon, qui devait forcément détester son ex-mari, ait quand même essayé de donner en partie à son fils une image positive de son père.
Elle a pu le faire tout d'abord pour le ménager, pour ne pas le désespérer, pour qu'il ne puisse pas se dire qu'il était le fils d'un banal salaud.
Mais il devait également entrer, dans ces témoignages de faits héroïques par Mme Mathon, une certaine volonté de flatter sa propre image : le désir de montrer que l'homme qu'elle avait épousé avait tout de même une certaine valeur. Qu'elle n'avait pas choisi un minable intégral.
C'est une réaction que j'ai observée mille fois chez des gens divorcés (chez les femmes un peu plus que chez les hommes mais chez les hommes également). Même s'ils ne peuvent s'empêcher de dire par ailleurs tout le mal possible de leur ex-conjoint, ils essaient malgré tout toujours de rééquilibrer en montant en épingle certains côtés positifs (fût-ce imaginaires) afin de ne pas trop se dévaloriser eux-mêmes.

Si elle lui a relaté les soi-disant faits d'arme de Jean Ranucci, c'est probablement parce qu'elle y croyait elle-même. Et si elle y croyait c'est parce que JR les lui avait relatés. Il est peu probable qu'elle ait exigé de voir ses papiers militaires.

Gilles Perrault dit tout de même dans son livre que Jean Ranucci avait bénéficié de l'indulgence du tribunal lors de son agression contre son ex-femme en raison de sa conduitre dans les forces françaises libres. Il semblerait donc qu'il ait quand même fait quelque chose de bien ... A moins que le simple fait d'avoir appartenu aux forces françaises libres n'ait été suffisant en soi pour lui conférer un certain prestige.


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Message non luPosté :13 oct. 2007, 10:48 
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Peut-être tout simplement que CR enfant et adolescent a "idéalisé" son père, comme beaucoup de gamins. Sachant qu'il avait participé à la guerre 39-45, il a peut-être imaginé en héros.
Je ne vois pas trop personnellement madame Mathon lui parler en bien de son père.


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 Sujet du message :
Message non luPosté :13 oct. 2007, 10:56 
Citation :
Peut-être tout simplement que CR enfant et adolescent a "idéalisé" son père, comme beaucoup de gamins. Sachant qu'il avait participé à la guerre 39-45, il a peut-être imaginé en héros.Je ne vois pas trop personnellement madame Mathon lui parler en bien de son père.
C'est possible aussi. Encore fallait-il qu'il ait su au moins qu'il était engagé du bon côté.
Mais, oui, je maintiens : pour les raisons que j'évoque dans mon post précédent, je ne trouve absolument aucune invraisemblance à ce que Mme Mathon lui ait relaté les faits d'armes - vrais ou imaginaires - de son père.


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 Sujet du message : Re: Réponse à Chantal
Message non luPosté :13 oct. 2007, 10:57 
Citation :
Citation :
Le Meur...
Gilles Perrault dit tout de même dans son livre que Jean Ranucci avait bénéficié de l'indulgence du tribunal lors de son agression contre son ex-femme en raison de sa conduitre dans les forces françaises libres. Il semblerait donc qu'il ait quand même fait quelque chose de bien ... A moins que le simple fait d'avoir appartenu aux forces françaises libres n'ait été suffisant en soi pour lui conférer un certain prestige.
Quand Jean Ranucci agresse sa femme à coups de couteau, c'est en 1958. Après, il sera impliqué dans 2 affaires de vol dans les années 60. Dans les 2 cas, qui était au pouvoir ? Le général De Gaulle. J'en avais parlé à Gilles Perrault : le fait que Jean Ranucci ait combattu dans les FNFL lui a valu la clémence des tribunaux.


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 Sujet du message : Réponse à Joaquin
Message non luPosté :13 oct. 2007, 11:05 
Citation :
Peut-être tout simplement que CR enfant et adolescent a "idéalisé" son père, comme beaucoup de gamins. Sachant qu'il avait participé à la guerre 39-45, il a peut-être imaginé en héros.
Je ne vois pas trop personnellement madame Mathon lui parler en bien de son père.
C'est ce que je me suis dit aussi : tout simplement, une tendance normale à idéaliser un père, et a fortiori qu'on n'a pas connu.

Ceci dit, quelqu'un a focément dû dire à CR que son père avait "fait la guerre". Je persiste à dire que j'ai un peu de mal à croire que ce soit sa mère.

Et ce n'est pas du machisme, mais je pense que ce genre d'histoire se transmet plutôt d'homme à homme. Dans le POR, Gilles Perrault dit qu'après la séparation et le divorce d'avec Jean Ranucci, un autre homme (d'origine italienne également) voulait vivre avec Mme Mathon. Elle n'a pas voulu, mais ils auraient été plus ou moins amants pendant plusieurs années.
Je me deande plutôt si ce n'est pas cet homme-là qui aurait dit à Cr que son père avait "fait la guerre".


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 Sujet du message : Re: Réponse à Joaquin
Message non luPosté :13 oct. 2007, 11:23 
Citation :
Le Meur
Dans le POR, Gilles Perrault dit qu'après la séparation et le divorce d'avec Jean Ranucci, un autre homme (d'origine italienne également) voulait vivre avec Mme Mathon. Elle n'a pas voulu, mais ils auraient été plus ou moins amants pendant plusieurs années.
Je me deande plutôt si ce n'est pas cet homme-là qui aurait dit à Cr que son père avait "fait la guerre".
C'est tout à fait possible aussi. Sauf que cet homme l'a forcément appris lui aussi de Madame Mathon, car je ne pense pas qu'il ait entretenu des relations amicales avec Jean Ranucci pendant sa liaison avec son ex-femme.
Mme Mathon a dû le lui dire exactement pour les mêmes raisons que j'ai évoquées : pour se valoriser elle-même. C'est une réaction on ne peut plus courante et banale.


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 Sujet du message :
Message non luPosté :19 mars 2008, 10:29 
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Je connais quelqu'un qui a travaillé à l'Evêché et qui a cotoyé le commissaire Alessandra, sans pour autant avoir fait partie de l'enquête concernant Ranucci. Lui ayant dit que je m'intéressais à cette affaire, il m'a affirmé que le père de CR avait travaillé dans la police. Je ne sais pas si c'est vrai (surtout s'il a été impliqué dans des affaires de vol), mais c'est en tout cas ce qu'il m'a dit.


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