Citation :
Si un jour, vous apprenez qu'un parent ou un ami est accusé selon vous à tort ou qu'il y a un doute sur sa culpablité, je suppose que vous allez le soutenir, au nom de la présomption d'innocence non ? et vous auriez raison !
Si un jour, un de vos parents ou un ami est assassiné, un suspect est arrêté et
relaché faute de preuve, imaginons qu'un élément nouveau permette de remettre en cause ce même suspect ou un autre individu, qu'allez vous faire ? renoncer à connaitre la vérité parce qu'il ne faut pas tomber dans le sentimentalisme ?
certainement pas. Et là aussi vous auriez raison. Ce qui est valable pour vous l'est aussi pour les autres. C'est juste le besoin de justice qui s'impose naturellement et non pas une volonté ou le plaisir de s'acharner contre quiconque.
jpasc95, il y a quelque chose d'important dans votre propos: vous vous référez à la notion de parent ou ami dans les deux hypothèses que vous evoquez. Votre conception serait différente s'il s'agissait d'un simple quidam et pas d'un ami ou d'un proche? Votre jugement serait il plus froid?
C'est pour cela que j’évoquais le "sentimentalisme". Mais j'aurais pu dire l’émotionnel. D'ailleurs, le terme aurait été plus adéquat.
Non pas pour vous heurter, encore moins pour composer un roman à l'eau de rose au parfum justice, mais pour essayer de vous faire comprendre que c'est le piège dans lequel il est facile de tomber ( moi la première, cela m'est arrivé).
Bref, ce que je veux vous expliquer c'est qu'il importe de se méfier des effets d'annonce, de l’émotion (humaine et légitime au fond) suscitée par les medias et la presse sensationnelle ( les "nouveau détective" ou "les enquêtes impossibles" de NT1).
Quand vous êtes spectateur de cette émission ( très bien fichue soit dit en passant), vous ne pouvez qu'être révolté, désireux d'en découdre envers tout assassin qui traîne et quel qu'en soit le moyen. Vous pensez à vos proches, et vous ressentez l'envie et le besoin de les protéger.
Mais il y a une chose qui d'ailleurs m'agace profondément dans ce type d’émission : il est pris un soin infini à dépeindre la victime comme une personne formidable, exceptionnellement bonne comme le pain, d'une douceur et d'une innocence infinie...c'est si continuel que ça finit par donner la nausée. Ca fleure bon la manipulation.
Si le drame n'avait pas eu lieu, cette victime aurait mené une existence tout à fait normale sans que sans doute on en ait vanté les louanges que je n'en serais guère étonnée.
Le contexte est certes différent de celui qui est évoqué ici, même s'il est question d'ADN et de légitime recherche de l'assassin.
Mais au final, je trouve cela assez dangereux car, enfin, quelle importance de savoir si la victime était douce et gentille? elle reste une victime. C'est agaçant de devoir en faire des tonnes , comme s'il s'agissait de justifier ainsi de la recherche effrénée de son assassin, alors que son statut de victime suffit déjà suffisamment à le justifier.
Et dans les prêtoirs c'est la même chose. Il faut faire les enchères du malheur pour pouvoir toucher et implorer la peine la plus lourde possible.
Tout cela est parfaitement appréhendé par les medias qui en rajoutent pour accentuer notre revendication de sécuritaire face au sentiment de peur et d'insécurité qui nous habite légitimement face à ce genre de crime.
Et c'est si gros que ça finit par irriter.
Mais ne vous méprenez pas. Mon propos ne signifie pas qu'il faille laisser faire et ne rien rechercher pour incriminer un criminel.
Je cherche simplement à vous dire qu'il existe malgré tout une barrière, légale pour le coup, qu'il convient de ne pas franchir même si sur le fond vous êtes persuadé qu'il s'agit d'un assassin.
Les lois qui sont écrites pour vous protéger sont les mêmes que celles qui sont destinées à le protéger lui. Il s'agit d'un principe de sécurité juridique.
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"ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort."