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 Sujet du message : Témoignage des enfants
Message non luPosté :02 avr. 2015, 06:39 
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Enregistré le :18 déc. 2013, 17:13
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Pour certains, en particulier les culpabilistes, on ne peut pas retenir le témoignage de JB Rambla parce qu'il n'avait que 6 ans et demi. Témoignage qui disculpe C Ranucci.
Pourtant, des scientifiques prouvent que le témoignage des enfants, peut, dans certains cas, être aussi fiable que celui des adultes concernant l'identification d'un suspect.

Lire ci-dessous (source : https://memotemscience.wordpress.com/ca ... u-suspect/)

"Les enfants sont-ils capables d’identifier un suspect ?
À retenir :

La recherche scientifique a permis de montrer que les enfants identifient un coupable présent dans un tapissage avec un taux comparable à celui des adultes ;
En revanche, ils commettent significativement plus d’erreurs d’identification que leurs ainés quand le coupable est absent du tapissage et est remplacé par un suspect innocent lui ressemblant ;
Des modifications de la procédure standard d’un tapissage, simples à mettre en œuvre, peuvent néanmoins aider les enfants à être plus précis dans cette situation.

Les faits

Les enfants peuvent-ils prendre des décisions précises quand ils participent à une parade d’identification d’un suspect ?
Pour étudier cette question, les chercheurs comparent, dans des études en laboratoire où sont simulées des situations de témoignage, les performances d’enfants et d’adultes dans les deux cas de figure pouvant se présenter au cours de tapissages réels.

Dans certains cas, le suspect appréhendé par la police, et placé au côté des figurants de la parade, est bien le coupable. La bonne décision pour le témoin est donc de le désigner, ce qui constitue une identification correcte. Dans d’autres cas, le suspect présenté est innocent. La bonne décision pour le témoin consiste donc à indiquer au policier que le coupable n’est pas présent dans la parade, ce qui constitue un rejet correct.

En 1998, les psychologues américains Joanna Pozzulo et R.C.L Lindsay ont publié les résultats d’une méta-analyse des recherches expérimentales ayant comparé les performances d’enfants et d’adultes dans ces deux situations d’identification d’un suspect.

Comme l’indique le graphique ci-dessous, quand le coupable est présent dans la parade, les enfants, à partir de cinq ans, identifient correctement le suspect avec un taux comparable à celui des adultes. Seuls les enfants de quatre ans identifient significativement moins souvent le suspect que les adultes.

Image
Proportion des identifications correctes dans les tapissages
avec présence du coupable : enfants versus adultes (d’après Pozzulo & Lindsay, 1998).
Cliquez pour agrandir : https://memotemscience.files.wordpress. ... 98-001.jpg

Les théories

Pour quelles raisons les enfants rejettent-ils moins souvent que les adultes un tapissage contenant un suspect innocent ? Il n’existe pas encore de consensus au sein de la communauté scientifique pour expliquer ce résultat et plusieurs cadres théoriques ont été formulés. Ces orientations théoriques ont été résumées dans deux articles récents et sur lesquels nous nous appuyons (Havard, 2014 ; Pozzulo 2013), complétés le cas échéant par d’autres publications.

L’une des propositions théoriques suggère que les enfants pourraient ressentir de manière plus exacerbée que les adultes les exigences et la pression sociale d’une séance d’identification, et auraient plus de difficulté à y résister. Le policer (ou l’expérimentateur) constitue une figure d’autorité que l’enfant aurait envie de satisfaire en désignant une personne dans le tapissage. En outre, les enfants pourraient considérer comme étant plus approprié dans le contexte d’un tapissage de donner une réponse positive (identifier quelqu’un) que négative (n’identifier personne).

Une recherche récente a d’ailleurs montré que des enfants de neuf à dix ans désignaient plus souvent un individu dans un tapissage quand la personne ayant conduit la séance d’identification portait l’uniforme de policier par rapport à des vêtements civils, et ce, tout particulièrement dans les parades dans lesquelles le coupable était absent (à lire : PsychoTémoins – l’uniforme et l’enfant-témoin).

Les enfants pourraient aussi traiter les visages différemment des adultes. Chez ces derniers, reconnaitre un visage repose essentiellement sur un traitement configural et holistique, c’est-à-dire que le visage est considéré comme un tout indivisible (Maurer, Le Grand, & Mondloch, 2002).

Certains chercheurs ont émis l’hypothèse selon laquelle les enfants dans un tapissage traiteraient le visage trait par trait et non de manière holistique. Quand le coupable est présent dans le tapissage, la présence d’un trait particulier (par exemple, la coupe de cheveux) leur permet de l’identifier. Par contre, si ce trait est reconnu dans le visage du suspect innocent, il peut suffire pour commettre une erreur d’identification. L’adulte, en se concentrant sur la configuration globale du visage, serait moins sensible à ce type de méprise.

Cependant, certaines études montrent que le traitement holistique des visages se développe précocement, dès quatre ans (Pellicano & Rhodes, 2003), et serait même présent chez les nourrissons de trois mois (Turati, Di Giorgio, Bardi, & Simion, 2010). Ces données limitent donc la portée de cette explication.

D’autres chercheurs défendent l’idée que le souvenir du coupable chez l’enfant manque de force par rapport à celui d’un adulte. Les jeunes témoins utiliseraient alors un seuil de décision plus bas pour juger que leur souvenir correspond à l’une des personnes de la parade. Quand le suspect est une personne innocente ressemblant au coupable, la probabilité d’une erreur d’identification est donc plus élevée.

Les solutions

Peut-on aider les enfants à rejeter plus souvent les tapissages ne présentant pas le coupable ? Plusieurs solutions à ce problème ont été testées par différentes équipes de chercheurs, avec plus ou moins de bonheur. Les revues de questions de Havard (2014) et Pozzulo (2013) nous serviront une nouvelle fois de point d’appui.

Traditionnellement, figurants et suspect sont présentés au témoin en même temps, en les alignant derrière une glace sans tain ou en exposant leurs photographies. Dans les années 80, Lindsay et Wells ont démontré que cette procédure augmentait le risque d’erreurs d’identification.

Pour diminuer ce risque, ils ont proposé de présenter la parade de manière séquentielle. Le témoin voit chaque visage de la parade un par un, sans connaître à l’avance le nombre d’individus qui lui sera présenté. Dès qu’il identifie un visage, la procédure s’arrête.

Plusieurs études expérimentales montrent que, chez l’adulte, le tapissage séquentiel réduit effectivement le risque d’erreurs d’identification. Toutefois, la technique fait l’objet d’une controverse, car elle diminue dans le même temps la proportion d’identifications correctes (Clark, 2012) ! Chez l’enfant, les études indiquent de toute façon que le tapissage séquentiel n’est pas efficace pour aider les enfants à rejeter plus souvent les parades avec un suspect innocent.

La technique consistant à entrainer les enfants au tapissage, avant qu’ils participent au tapissage cible, s’est révélée, elle aussi, sans intérêt.

D’autres équipes ont proposé explicitement à l’enfant la possibilité d’utiliser une réponse alternative, par exemple, « Je ne sais pas » (pas efficace) ou « Pas là » (réduit les erreurs d’identification, mais l’étude portait sur un petit échantillon d’enfants), ou « pas sûr » (efficace, mais seulement quand elle est associée à une consigne de motivation, indiquant aux enfants qu’ils recevront des points s’ils prennent la bonne décision et aucun dans le cas contraire ; de plus, l’efficacité n’a été constatée que dans deux scénarios criminels sur quatre).

La possibilité laissée aux enfants de désigner une silhouette (par exemple, un visage stylisé sur lequel est inscrit un point d’interrogation), augmente la proportion de rejets corrects, aussi bien dans des tapissages photographiques que vidéo (les tapissages vidéo sont devenus la règle au Royaume-Uni ; il s’agit d’une forme non standard de tapissage séquentiel par rapport à celle décrite ci-dessus : les visages du suspect et des figurants font l’objet chacun d’un enregistrement vidéo dans lequel les individus affichent leur visage de face puis leurs deux profils et de nouveau leur visage de face. Les visages sont donc présentés de manière dynamique et non statique. De plus, le témoin a la possibilité de revoir une seconde fois la parade).

La technique de la silhouette exploite la tendance des enfants à désigner un individu dans une parade, mais cette fois, pour indiquer que le coupable est absent. Cependant, Pozzulo (2013) souligne que les raisons du choix de la silhouette ne sont pas forcément claires : l’enfant l’a-t-il désignée parce qu’il est certain que le coupable n’est pas présent ou bien parce qu’il n’en est pas tout à fait sûr ? De plus, pour que cette technique fonctionne, il est nécessaire que la silhouette soit plausible (par exemple, qu’elle arbore une coupe de cheveux identique à la personne qui a été vue).

Le tapissage par élimination, spécifiquement développé pour l’enfant par Joanna Pozzulo et ses collaborateurs, se déroule en deux étapes. Tout d’abord, l’enfant choisit dans un tapissage simultané, par l’intermédiaire d’un jugement relatif, le visage qui ressemble le plus à celui du coupable par rapport aux autres visages présentés. Puis, il doit indiquer si le visage sélectionné est ou non celui du coupable. Cette étape permet à l’enfant de comparer directement le visage choisi avec son souvenir du coupable et donc l’incite à effectuer un jugement absolu.

Les évaluations expérimentales de cette technique révèlent qu’elle aide les enfants à rejeter plus souvent les tapissages simultanés sans coupable, mais pas dans les tapissages vidéo (à lire : PsychoTémoins – Identification de suspects par de jeunes enfants).

Comprendre les mécanismes guidant les décisions d’enfants dans une parade d’identification est un enjeu théorique, mais aussi pratique. En effet, bien souvent, les enfants sont les seules sources d’information permettant de faire progresser une enquête judiciaire. Des solutions, relativement faciles à mettre en œuvre et testées scientifiquement, peuvent néanmoins les aider à être plus précis. Bien évidemment, il faut garder à l’esprit que ces techniques ont leurs limites et ont fait l’objet d’un nombre encore restreint d’investigations......"


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