Dijon: décision mercredi 3 de la Cour d'appel
corps de Grégory a été retrouvé dans la Vologne en octovre 1984
C'est demain mercredi que la Cour d'appel rendra sa décision sur la réouverture de l'instruction de l'affaire Grégory
Mercredi 22 octobre, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon, saisie par les parents du petit Grégory d'une demande de réouverture de l'enquête, a annoncé qu'elle rendra son arrêt le mercredi 3 décembre, ont indiqué les avocats de Christine et Jean-Marie Villemin.
"Nous avons bon espoir quant à la réouverture prochaine de l'instruction concernant l'assassinat du petit Grégory et les magistrats de Dijon qui nous ont écoutés avec attention ce matin, ont décidé de prendre le temps de la réflexion", a déclaré à la presse Me Marie Christine Chastant-Morand, l'un des conseils des parents de la victime.
De son côté Me Thierry Moser, son collègue, a ajouté que "le supplément d'information que ne manqueront pas d'ordonner les magistrats dijonnais sera l'aboutissement du combat inlassable et admirable des parents du petit Grégory, qui ne se contentent pas du non-lieu prononcé, en février 1993, en faveur de Christine et de la condamnation de l'Etat français dans cette procédure".
L'appui du Procureur général
Dans leur quête de "la recherche de la vérité", les parents ont l'appui du Procureur général de la Cour d'appel, Jean-Marie Beney, qui a confirmé, mercredi, ses réquisitions de réouverture de l'instruction, compte tenu "des progrès de la science", notamment dans le domaine de la génétique : "Je suis raisonnablement optimiste, la science a fait des progrès, mais il ne faut pas donner de faux espoirs, et si réouverture il y a, on ne pourra avancer
dans ce dossier que si la science donne un résultat positif", a déclaré M. Beney à l'issue de l'audience qui s'est tenue à huis clos. Des réquisitions appuyées par un "avis scientifique", qui estime "aléatoires mais réelles les chances de succès" de trouver des "micro-phases d'ADN" sur les principaux scellés du dossier : vêtements de l'enfant, cordelettes entourant ses pieds et poignets, seringue et conditionnement d'insuline trouvés sur les lieux, enveloppes, lettres et timbres du corbeau. "Toute la difficulté sera ensuite de mettre un nom - sur ces traces - selon l'état de conservation de ces scellés et le risque possible de mélange d'ADN", a ajouté le Procureur général. En cas d'avis favorable, la chambre d'instruction "désignera alors un magistrat dijonnais", en charge de ce supplément d'information, et celui-ci "aura libre choix" de nommer "un ou plusieurs experts", a précisé M. Beney.
Retrouvé mort le 16 octobre 1984
Grégory Villemin, quatre ans, avait été retrouvé mort le 16 octobre 1984 pieds et poings liés dans la Vologne, une rivière des Vosges. Le lendemain du meurtre, les parents avaient reçu une lettre anonyme: "Ton fils est mort. Je me suis vengé".
L'affaire, l'une des plus médiatisées de l'après-guerre, a donné lieu à un véritable feuilleton judiciaire.
Un temps suspecté de ce crime, après avoir été mis en cause en novembre 1984, Bernard Laroche, cousin de Jean-Marie Villemin, a été inculpé d'assassinat et écroué, avant d'être remis en liberté en février 1985. Il a été tué par Jean-Marie Villemin peu après.
En juillet 1985, c'est au tour de la mère de l'enfant, Christine Villemin, d'être mise en cause. Inculpée de l'assassinat de son fils par le juge Lambert, elle a été écrouée puis remise en liberté sous contrôle judiciaire quelques jours plus tard, bénéficiant d'un non-lieu en février 1993.
Le 14 juin 2000, la justice, déjà saisie par les parents, avait une première fois ordonné la réouverture de la procédure, clôturée par des arrêts de non-lieu de la Cour d'appel de Dijon. Le dernier date du 11 avril 2001. La Cour avait alors fait expertiser un demi timbre apposé sur une enveloppe expédiée en 1983 par le "corbeau".
"Cela n'avait rien donné. Mais en huit ans la science a fait des progrès", a affirmé Me Moser sur la foi du rapport de Pierre Margot, directeur de l'Institut de police scientifique de Lausanne, qu'il a sollicité au printemps 2007. "Aujourd'hui, vu les progrès récents de la science notamment dans le domaine génétique, il est possible de trouver des traces ADN sur ces scellés" constitués en 1984, comme la seringue, les cordelettes, les vêtements, les enveloppes et lettres du corbeau, et le demi-timbre encore apparent.
En juillet dernier, Jean-Marie Beney, procureur général de la Cour d'appel de Dijon a requis une réouverture de l'instruction, suite à l'avis favorable d'un expert agréé par la Cour de cassation. Toutefois, avait souligné le procureur général, les chances d'obtenir de l'ADN exploitable sont "très aléatoires", tout comme celles d'identifier leur éventuel propriétaire.
Source : FR 3