Nous sommes le 24 avr. 2024, 19:23

Heures au format UTC+02:00




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [2 messages ] 
Auteur Message
 Sujet du message : VOUS VOUS APPELEZ MICHELLE MARTIN
MessagePosté :02 févr. 2008, 14:41 
Hors ligne

Enregistré le :31 janv. 2008, 14:52
Messages :917
Image


VIENT DE PARAITRE LE 31 JANVIER 2008

VOUS VOUS APPELEZ MICHELLE MARTIN

Prix éditeur: EUR 18,00
Editeur : Denoël (31 janvier 2008)
Collection : ROMANS FRANCAIS
Langue : Français
111 PAGES

Affaire Dutroux - entretiens



Le livre où Michelle Martin parle
Roland Planchar


Elle a refusé la publication de ses entretiens, mais le livre sortira le 1er février. L'ex-épouse de Dutroux raconte sa vision des choses, avant et après le procès.
Vous vous appelez Michelle Martin", voilà le titre du récit de Nicole Malinconi, à paraître le 1er février 2008 (1). Un ouvrage étonnant à plusieurs titres.

D'abord parce qu'il n'est pas fréquent qu'une personne placée dans la catégorie des "monstres" par le grand public s'exprime ainsi. Ensuite parce que la forme du livre est inhabituelle. L'auteur, réputé, a en effet rencontré l'ex-épouse de Marc Dutroux à de nombreuses reprises, à partir de février 2006, dans sa prison de Namur. C'était à la demande de Martin qui pensait à écrire. Mais qui n'a pas aimé le texte de Mme Malinconi parce qu'elle le trouve trop subjectif et a donc refusé qu'il soit publié. Alors qu'il le sera quand même.

Enfin, l'ouvrage, qui frise l'étude psychologique, éclaire celle qui a laissé mourir Julie et Mélissa, et qui était pourtant elle-même trois fois mère sous une lumière crue. Avec quels effets du côté des parties civiles, que Martin prend à peine en compte dans ses réflexions, c'est à voir.

"Dissoudre le passé"

On assiste donc au compte rendu de discussions à bâtons rompus, dix fois reprises, dix fois soupesées, sans avancées sur le plan judiciaire. Tout n'est pas dit exactement comme au procès, mais rien ne diverge : "Ils mentent quand ils parlent de la thèse du réseau", dit-elle par exemple en se replaçant à l'époque, car "il n'y a jamais eu personne".

Alors que la question d'origine proposée par l'auteur était : "Comment est-ce possible (de laisser mourir des enfants) ?" Martin veut surtout expliquer comment il est possible de suivre un homme jusqu'à l'abjection.

Elle mélange raisonnements alambiqués, positions égoïstes et témoignages sans doute très vrais sur la vie avant Dutroux et celle avec lui, dans un bouquet vite écoeurant - intéressant, mais écoeurant. "Quand j'ai entendu 30 ans (de prison) , je me suis effondrée", déclare ainsi celle dont on se demande si elle a de vrais regrets. S'interrogeant sur ce qu'elle pouvait vraiment écrire, l'auteur s'adresse ainsi à Martin : "Pour écrire l'autre livre, il aurait fallu dans vos mots non seulement le constat, mais aussi le regret". Ailleurs, Michelle Martin "croit" que Dutroux procédait comme ci ou comme ça, lors des viols des années 80, dont elle était complice. "Croit", relève Mme Malinconi, comme si c'était un détail anodin dans la mémoire de celle qui semble vouloir "dissoudre le passé". Et qui s'offusque encore que la gendarmerie soit intervenue armée, lors de son arrestation en 1996, car ce jour-là, ils venaient "juste" pour libérer une fillette ! On apprend encore, au-delà d'un ouvrage stylé sur lequel "La Libre" reviendra, des éléments de la vie de la prisonnière, qui voudrait par exemple faire des études (psycho ou philo), mais s'est vu refuser les cours par les profs.



Qui est Michelle Martin ? Et que ressent-elle dix ans après l'horreur ?
L'écrivaine belge Nicole Malinconi l'a cotoyée des mois durant. Son récit tente de saisir ce qui a conduit la complice de Dutroux au pire. Le Vif/L'Express a rencontré l'auteur.

Février 2006. Deux femmes se rencontrent pour la première fois, dans le parloir de la prison de Namur. L'une est à jamais liée à l'affaire Dutroux, l'autre est écrivaine. Tout les oppose, si ce n'est l'envie d'écrire. En effet, Nicole Malinconi a été approchée par l'un des avocats de Michelle Martin. Qui lui confie que sa cliente souhaite être aiguillée dans l'écriture de ses pensées, mais elle ignore encore la forme que pourrait revêtir le livre. Intriguée, l'auteur accepte de la voir.

Face à Michelle Martin, elle ne peut s'empêcher de s'interroger sur ce qui l'avait déjà frappée lors de son arrestation et de son procès : comment cette ancienne institutrice, mère de trois enfants, a-t-elle pu commettre des actes aussi ignobles ? Jusqu'où une femme peut-elle s'oublier et se soumettre à la volonté d'un homme ? Ce sont ces questions cruciales qui motivent l'écrivaine. Elle pensait que le projet d'écriture de Michelle Martin allait forcément de pair « avec la reconnaissance de ses actes et l'expression de ses regrets.

Or Martin souhaitait sensibiliser l'opinion publique sur la dureté de ses conditions de vie en prison et de celles de ses codétenues, sans aborder les raisons qui l'y avaient conduite. » Comme si Julie, Melissa, An, Eefje, Sabine et Laetitia appartenaient définitivement au passé ! Une position que réfute d'emblée Nicole Malinconi - son livre commence par le rappel des faits. Elle est remuée : dix ans après l'horreur, elle avait imaginé que la détenue aurait réfléchi sur les motifs qui l'ont poussée à commettre l'abominable.

« Avais-je le droit à des pensées bienveillantes à son égard ? »
En dépit de ce décalage, Michelle Martin demande à Nicole Malinconi de lui rendre visite tous les mois. Quel était son véritable objectif ? « Espérait-elle obtenir de moi un livre inconditionnel en sa faveur ? Malgré son refus de revenir sur ses crimes, sentait- elle que nos entretiens éclaircissaient certaines choses ? » L'intérêt du livre réside là, justement : l'auteur ne se laisse pas piéger par Martin. Elle rebondit à certains propos, mais elle confie aussi ses émotions, en avouant que leur quête des mots tourne parfois au « combat ».


L'écriture est dépourvue de fioritures. « Vouloir comprendre n'est pas synonyme de complicité ou de justification. » Ainsi Nicole Malinconi refuse-t-elle d'adhérer à la position victimaire de Michelle Martin, qui se compare à une adepte aliénée d'une secte. « Sous l'emprise de mon gourou Dutroux, j'étais tellement envoûtée par l'amour et la peur que je ne savais pas ce que je faisais. » L'auteur lui rappelle qu'elle a été jugée responsable de ses actes. « Il existe des êtres qui ne disposent pas de ressorts psychiques pour dépasser la monstruosité de ce qu'ils ont fait, mais je crois que Michelle Martin possède la force de reconnaître sa vérité. Il faudrait qu'elle accepte de faire ce pas. » C'est précisément parce qu'elle n'a cessé de croire en cette remise en question que Malinconi a poursuivi ses conversations avec Michelle Martin. De leurs rendez-vous réguliers naît peu à peu « une confiance réciproque. Des liens se sont tissés. Michelle était sensible à mon absence de préjugés, et moi j'ai misé sur la possible sincérité de ses mots », livre Malinconi. « Contrairement aux médias qui la qualifient de monstre, j'ai rencontré un être humain, une semblable, qui s'est livrée à des atrocités.

C'est cette humanité dans l'inhumanité et l'inhumanité dans cette humanité qui m'ont touchée. Nous sommes tous pétris d'une capacité de déni. » Lorsqu'elle quitte la prison, l'écrivaine se surprend à songer à celle qui demeure derrière les barreaux. « Est-ce que j'avais le droit d'avoir des pensées bienveillantes à son égard ? » L'auteur estime en tout cas « avoir vu sa part humaine. Loin de se laisser écraser par trente ans d'incarcération, elle a le courage de réfléchir et de lire ». Il est indéniable que Michelle Martin s'est penchée sur son passé.

"Michelle Martin veut être une mère au top"
J'ai une disposition à la prison. » La détenue réalise peu à peu qu'avant d'avoir vécu à la prison de Namur, elle a d'abord habité dans « les geôles » de sa mère et de Dutroux. Avec patience, Malinconi l'aide à retracer le cours de sa vie. Contrairement à Martin, elle n'y voit pas de « circonstances atténuantes », mais des pistes éclairantes. Michelle Martin n'est qu'une enfant lorsque son père meurt dans un accident de voiture. La relation dans laquelle la mère enferme sa fille est exclusive, oppressante et dévorante. « Elle a été vidée d'elle-même. » Après avoir été sous l'emprise de sa mère, elle tombe sous la coupe de Dutroux, mais c'est une autre prison.


Celui qui « l'a faite femme » lui offre le prétexte idéal pour fuir sa mère. Martin semble prisonnière de la non-séparation. Ses relations sont si fusionnelles qu'elle ne distingue ni sa propre voix ni ses choix. Et pourtant, elle n'est ni folle ni ignorante... » Dutroux a flairé le bon coup. « Il a repéré celle qui serait à sa merci par désir, puis par crainte, jusqu'à la déperdition d'elle-même. » L'idée de rompre lui a néanmoins traversé l'esprit. Martin s'est informée sur la procédure de divorce. « Cette lueur l'a habitée, mais elle ne l'a pas maintenue, pathétique. » Elle accepte non seulement l'enlèvement et le viol de plusieurs jeunes filles, mais elle en devient aussi complice. « Prisonnière de l'innommable », elle préfère s'enfermer dans un silence agaçant et glaçant. Malinconi a beau la secouer, Michelle Martin estime qu'il y avait deux femmes en elle. « Elle se réfugie dans la conviction qu'elle avait deux blocs de vie : celui qui lui a permis de gérer un ménage avec trois enfants et celui qui fait qu'elle n'a pas dénoncé Dutroux à la police ni nourri Julie et Melissa. » Or il n'y a qu'une seule Michelle Martin, coupable de ses actes.


Et c'est parce que ce livre parvient si bien à restituer les contradictions de la détenue qu'il est terrifiant. Martin désire livrer une meilleure image d'elle-même, mais, lorsqu'elle évoque l'horreur, elle le fait avec une telle distance qu'on en a la chair de poule. Ainsi, elle semble rester de marbre lorsque Dutroux lui avoue avoir tué An et Eefje. Alors que cette lectrice de Françoise Dolto déclare vouloir « être une mère au top » - qui ne supporterait pas qu'il arrive « une telle chose » à ses enfants ! - elle « oublie » qu'elle a laissé Julie et Melissa mourir de faim dans une cave. « Michelle Martin se ment quand elle dit qu'elle était absente à elle-même, puisqu'elle a été très présente dans son rôle de mère auprès de ses propres enfants. » Pis : elle prétend que les fillettes étaient en mesure de s'échapper, puisqu'elle n'avait pas bien refermé la cache !


Michelle Martin se sent trahie
On a la nausée quand Martin s'apitoie sur la mort de sa mère, qui n'a pas pu s'étein-dre dans ses bras, alors qu'elle a bercé son chien décédé. « Accompagner dans la mort ceux qu'on aime est une question de dignité. Mourir seul est insupportable », dit-elle. « Il existe un tel clivage entre celle qui pleure son chien et celle qui ne fait preuve du moindre geste maternel envers des enfants en danger de mort. C'est comme si tous ses ressorts humains étaient devenus inaccessibles. Tant qu'elle n'admettra pas sa responsabilité, elle sera incapable de compassion pour les parents des victimes. » Son déni est-il une sorte de comédie ? Lui permet-il de survivre ? « Cela supposerait qu'elle ne puisse vivre autrement qu'en se mentant. Or je la crois capable de s'en extraire. » Mais affronter la vérité n'est pas sans risque, estime l'auteur. « Ce serait aller à l'encontre de tout ce qui lui a permis d'être aussi obéissante. C'est cet aveuglement qui est toujours en cours. »

Au bout d'un an et demi de rencontres, l'écrivaine présente son manuscrit à Michelle Martin. Il lui déplaît tellement qu'elle en refuse la publication. « Elle considère peut-être que je l'ai trahie, mais me taire, c'eût été trahir cette recherche de la vérité, donner raison à son v£u de garder le silence. » Et le vrai visage de Michelle Martin n'est pas beau à voir. « J'espère que mon livre lui fera prendre conscience qu'elle doit sortir du déni, dans lequel elle s'est enfermée. Si Michelle Martin veut recommencer une nouvelle vie, il lui faudra reconnaître les actes inscrits à jamais en elle. »

Aujourd'hui, l'auteur doit aussi faire face à la tempête de certains médias, assoiffés de sensationnalisme. « On marche désormais à l'émotion et au spectaculaire. Or le sentiment... » L'écrivaine avoue aussi qu'elle n'est pas sortie indemne de cette expérience. Qui le serait ?


Haut
   
MessagePosté :18 mars 2008, 17:05 
Hors ligne

Enregistré le :24 juil. 2005, 16:25
Messages :294
Terrifiante lecture ...

Après avoir lu ce texte, on en arriverait facilement à se demander si on ne porte pas aussi en soi quelque part une propension criminelle qui pourrait un jour se réveiller au gré des circonstances ...

J'ai surtout retenu quelques lignes qui me paraissent, comme le dit l'auteur, sinon des circonstances atténuantes, du moins des "pistes éclairantes" :

"J'ai une disposition à la prison. » La détenue réalise peu à peu qu'avant d'avoir vécu à la prison de Namur, elle a d'abord habité dans « les geôles » de sa mère et de Dutroux."

et plus loin :

"Martin semble prisonnière de la non-séparation. Ses relations sont si fusionnelles qu'elle ne distingue ni sa propre voix ni ses choix."

Certes, on peut peut être arriver à comprendre les différents rouages du mécanisme d'une Michelle Martin.
Mais est-on plus avancé pour cela ?

Michelle Martin n'est pas la seule a avoir eu une mère, un père ou des parents écrasants. Une éducation délétère. Et tous les adultes qui ont eu une enfance et une adolescence déstructurante ne commettent pas ou ne se rende pas complice de crimes monstrueux.

De sorte que le mystère - pour moi, du moins - demeure entier.


Haut
   
Afficher les messages postés depuis : Trier par 
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [2 messages ] 

Heures au format UTC+02:00


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 4 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas modifier vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages
Vous ne pouvez pas joindre des fichiers

Rechercher :
Aller à :  
Développé par phpBB® Forum Software © phpBB Limited
Traduit par phpBB-fr.com