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 Sujet du message : L'AFFAIRE DILS-HEAULME
MessagePosté :27 mars 2008, 12:51 
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Enregistré le :31 janv. 2008, 14:52
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VIENT DE PARAITRE( aujourd'hui )



L'AFFAIRE DILS-HEAULME
Contre-enquête sur un fiasco judiciaire

AUTEURS EMMANUEL CHARLOT avec VINCENT ROTHENBURGER

PRIX : 21 €
EDITEUR : FLAMMARION

28 septembre 1986. La France est sous le choc.On vient de retrouver à Montigny-lès-Metz, les corps sans vie de deux enfants de huit ans. Cyril Biening et Alexandre Beckrich, massacrés à coups de pierres. Dans un contexte marqué par les soubressauts de l'affaire Gregory, il est capital de trouver un coupable rapidement. Patrick Dils, un timide adolescent de seize ans au moment des faits, écope de la peine maximale, la réclusion criminelle à perpétuité.

Il faudra attendre quinze ans et trois procès d'assises - un cas unique dans les annales judiciaires - pour qu'il soit officiellement innocenté par un verdict d'acquittement rendu à Lyon en avril 2002. Mais alors qui est le coupable ? Francis Heaulme, le suspect n°1 qui vient de bénéficier d'un non-lieu en décembre 2007 ? Quelqu'un d'autre ? Plusieurs assassins ?

Pour la première fois, un ouvrage prédente une contre-enquête minutieuse sur cette affaire. Documents et témoignages inédits à l'appui, l'auteur décrypte le processus de fabrication d'une des erreurs judiciaires les plus marquantes du XXe siècle, pointant du doigt la fuite en avant de la justice, empêtrée dans l'effarante logique de ses dysfonctionnements.

Dans un style vif, le récit d'Emmanuel Charlot est parsemé de révélations et se lit comme un roman. A une différence près : les personnages existent. Deux enfants sont morts. Un homme a passé quinze ans en prison pour rien. La vie de plusieurs famille est brisée. Aujourd'hui, l'affaire est au point mort. Peut-on laisser ce scandale durer encore longtemps.

A la fin de l'ouvrage : une copie d'une lettre de P Dils et deux lettres de F Heaulme adressées à l'auteur.


Emmanuel Charlot a signé plusieurs reportages pour " Lundi Investigation" et " 90 minutes sur Canal +

Vincent Rothenburger
, passionné par l'écriture, achève la rédaction de son premier roman.


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 Sujet du message :
MessagePosté :29 juin 2008, 20:20 
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Enregistré le :19 janv. 2006, 22:59
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Enfin un ouvrage "consistant" sur cette affaire. Du très bon travail.


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MessagePosté :26 sept. 2008, 17:13 
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Enregistré le :01 févr. 2005, 00:46
Messages :28
Que dire de ce livre, après lecture de ses 460 pages ? Le début est assez long, et les redites nombreuses, mais ensuite la lecture devient captivante.
On saluera, ici l’extrême honnêteté de l’auteur, d’une neutralité absolue, et qui s’abstient d’accuser ouvertement certains intervenants de l’activité judiciaire et policière.
Essayons d’en résumer les grandes lignes.

Emmanuel Charlot est monteur vidéo, et c’est à l’occasion d’un montage d’un film sur Dils (avant son 3ème procès), proposé par la journaliste Karen Aboab, qu’il s’intéresse à l’affaire qu’il ne lâchera plus.
Circonspect au début, il croit comme tout le monde à la culpabilité de Dils. Celui-ci a avoué 6 fois, et désigné sans coup férir les 3 pierres qui ont servi à tuer sauvagement les 2 gosses :
- une pierre de petite taille qui a servi uniquement contre Cyril Beining.
- une autre pierre de taille moyenne contre Alexandre Beckrick.
- une grosse pierre de 5,6 kg qui a achevé les deux enfants.
Dils ne dit-il pas que les têtes ont éclaté comme un melon qu’on écrase? L’une d’elle sous la violence des coups s’est enfoncée de 10 cm dans la terre.

On connaît la suite : Dils est condamné à perpétuité dans un 1er procès, puis à 25 ans dans un 2ème , à la suite d’un fait nouveau : la présence sur les lieux du crime du tueur en série Francis Heaulme, découvert par le génial enquêteur, l’ancien gendarme Jean-François Agbrall.

L’auteur assiste en partie au 3ème procès, à l’issue duquel Dils sera acquitté. Commencent alors ses investigations (consultation du dossier prêté par la mère de Dils, et enquêtes personnelles), sanctionnées à mon avis d’un sans fautes tant techniques que morales :

L’innocence de Dils
Reconnue bien sûr par les jurés du 3ème procès, mais Charlot va plus loin et l’établit d’une manière rigoureuse :
- aucun mobile ne peut être incriminé à Dils (c’est le point faible de l’accusation).
- l’acharnement et l’incroyable attitude du directeur d’enquête, l’inspecteur Bernard Varlet, qui suggère à Dils les réponses à ses questions et le met sous sa coupe. L’étonnant et déroutant inspecteur a décidé que Dils était le coupable, et il fait tout pour qu’il en soit ainsi. Toujours droit dans ses bottes, il emmène dans son sillage la juge d’instruction Melle Maubert convaincue elle aussi de la culpabilité de Dils, et qui ne se gêne pas d’interdire pendant 2 ans les parents de Dils de droit visite.
- En épluchant tous les PV, l’auteur reconstitue l’emploi du temps de tous les témoins à la minute près et constate que Dils n’avait à peine que 10 min à sa disposition pour quitter sa maison, aller à la benne à ordure, gravir le talus, tuer les 2 enfants et revenir chez lui. Laps de temps insuffisant pour accomplir le forfait.
- Dans sa déclaration, Dils fait remarquer que la voie ferrée était éclairée par des lampadaires . Or les gendarmes, qui ont repris l’enquête lors du 3ème procès ont démontré que ces lampadaires étaient éteints. Dils aurait donc commis les deux crimes dans l’obscurité, ce qui est impossible.

Francis Heaulme
Les fins limiers de la gendarmerie (Abgrall en tête) ont beau démontrer que le double crime est signé Heaulme, personne n’en veut, à commencer par le Procureur M. Guitton. Et pourtant :
- Le routard du crime admet qu’il était sur le site : il le dira à 6 reprises.
- Le double crime porte sa signature : un des deux enfants est retrouvé avec le pantalon baissé ce qu’il a toujours fait avec ses victimes.
- L’extrême violence de l’acte est une composante de sa façon de procéder, mais dit-il ce n’est pas moi car « Mon style c’est l’opinel et l’étranglement », déclaration qui fait froid dans le dos. Je suis dit-il dans cette affaire, le « Bouclier émissaire ».
- Le forfait terminé, Heaulme a un besoin pressant de déféquer. Cela s’est vérifié pour 4 de ses crimes. Et de fait on a retrouvé des excréments humains frais à côté des deux corps, mais non exploités par les enquêteurs, Varlet en tête.
- Une cordelette de 70 cm est retrouvée entre les jambes d’un des deux enfants, cet accessoire est souvent utilisé par Heaulme pour entraver les mains ou les pieds, de ses victimes. Notons que l’inspecteur Varlet ne la retint pas comme pièce à conviction.
- Chaque fois que Heaulme sort en vélo, il porte sur lui le matériel de réparation (rustines + colle), or Heaulme est venu sur le site en vélo, il portait même des habits de cycliste. A côté des deux cadavres, on a trouvé 2 tubes de colle à rustines. Appartenaient-ils à Heaulme ?
- Le jour du crime, deux pêcheurs ont récupéré Heaulme à deux km des lieux du crime, vers 18h. Celui-ci avait le visage ensanglanté (sans blessure apparente), et se trouvait dans un état de prostration. Ils l’ont déposé chez sa grand-mère avec leur 4L. Ce fait est certifié par Heaulme lui-même. Cette déclaration a sans doute contribué à l’acquittement de Dils lors du 3ème procès.
- Dans sa cellule, Heaulme s’est confié à son codétenu M. Grégoire :
« Il m’a dit qu’il avait baissé le froc du plus grand. Il m’a dit qu’il faisait ça à toutes les victimes. Les deux gamins étaient morts, l’autre est parti de son côté. Quand je lui demandais c’est qui l’autre, il me répondait : c’est bon, ça ne te regarde pas, je n’en parle pas. Il m’a parlé des pêcheurs. A propos des pierres il m’a dit que ce n’était pas sa façon de travailler parce que lui fait plutôt ça avec un couteau, mais justement il avait perdu le couteau qui lui avait servi à faire un autre meurtre. Il m’a dit aussi que Dils avait été condamné à sa place. »

Avec cette déclaration, on comprend mieux pourquoi Heaulme a dit que
« ce n’est pas ma façon de procéder », mais aussi pourquoi il innocentait Dils lors du dernier procès.


Alors Heaulmes suspect N°1 et mis en examen? Que nenni, on s’empressa de lui délivrer royalement un non-lieu, qui a l’allure ici d’un véritable scandale judiciaire.

Un éventuel complice
L’auteur pose une question toute simple : peut-on tuer deux enfants sans aucune aide. Comment les capturer en même temps et ensuite les tuer? Réponse : c’est difficile, voire impossible. Même Heaulme en convient : « Deux, je ne peux pas. Deux, c’est impossible. Il faut être plusieurs. Tout seul, c’est impossible. »
Charlot désigne nommément un possible complice : Henri Leclaire. Il travaille dans l’entreprise où se trouve la benne, explorée par Dils pour trouver des timbres, et semble connaître Heaulme qui travaille à 300 m de là.

Arrêté par les policiers à la suite d’une dénonciation de Mme Beckrich, qui trouva son comportement plus que suspect, H. Leclaire passe rapidement aux aveux : il avoue, avant Dils, le meurtre des deux gosses. Il est pourtant rapidement relâché, ses aveux manquant de clarté, et d’autre part, lors de la reconstitution il peine à gravir le talus. Pourtant Heaume indique que l’accès à la voie ferrée peut s’effectuer par un autre chemin.

Ce personnage louche a déjà été cité par Heaulme dans une entrevue avec l’enquêteur Abgrall en 1989. Et comme toujours, Heaulme se positionne en témoin, voici ce qu’il déclare au gendarme Hans en 2002 :
« C’est Leclaire qui descend du talus la braguette ouverte, le tee-shirt en sang et me déclare avoir tué les enfants, je le jure sur la tombe de ma mère : tout cela est exact. Je l’ai vu dévaler le talus. Il était paniqué. Il avait les mains pleines de sang ainsi que le devant de son tee-shirt. Pour moi, il a fait du mal à quelqu’un car ce sang n’était pas celui correspondant à une coupure. Je lui ai demandé ce qu’il avait fait ; je l’ai questionné, il m’a répondu : j’ai fait une connerie. J’ai fait du mal à quelqu’un. Pour moi, à cent pour cent, c’est lui l’auteur du double meurtre de Montigny. »

Heaulme dit avoir jeté ses gants de cycliste tachés de sang (car dit-il j’ai touché le maillot sanguinolent de Leclaire) dans la benne à ordure. Or Dils a cherché des timbres dans cette benne quelques minutes plus tard. Les a-t-il vu ? Les enquêteurs présents sur le terrain le lendemain l’ont-ils fouillé? L’auteur n’en parle pas, mais il est vrai que les déclarations de Heaulme doivent être prises avec une grande prudence.

En épluchant le dossier, Charlot tombe sur une énormité : Leclaire est le seul à avoir décrit avec précision et exactitude l’habillement des deux enfants le jour du crime, et ce fait n’a jamais été exploité par les enquêteurs. Cet habillement n’a pas été divulgué par la presse. Interrogé à ce sujet par l’auteur, voici ce qu’il répond :
« - Vous racontez comment étaient habillés le enfants. Et cela je n’arrive pas à comprendre comment.
- Ah ben, j’en sais rien moi. J’ai dit n’importe quoi ce jour-là. Je ne sais pas comment ils étaient les gosses.
- Ce qui m’étonne, c’est l’histoire des habits. Pourquoi vous parlez d’habits. Pourquoi vous dites, ils sont habillés comme ça et comme ça ? Comment est-ce possible ?
- Ben j’en sais rien…Je ne peux pas vous dire
. »

Alors, Leclaire, coupable ou (et) complice ? Le procureur Guitton, qui depuis a mis de l’eau dans son vin, en convient : une nouvelle enquête sur cet individu est nécessaire à la découverte de la vérité.


Une prochaine date à suivre : le 18 novembre 2008 à 8H30 l’appel du non-lieu de Heaulme interjeté par les parties civiles.


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