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MessagePosté :12 oct. 2008, 21:08 
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PARUTION LE 16 OCTOBRE 2008


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Les archives secrètes de la police

Dominique Rizet

336 PAGES

Prix 69 €


Un ouvrage exceptionnel, commenté par des auteurs comme Jean Lacouture ou Amélie Nothomb, rassemble quatre siècles d'archives de la préfecture de police. Des documents encore jamais publiés.


Deux ans de travail, 46 auteurs et un livre qui va rester dans l'histoire. Pour la première fois, la préfecture de police de Paris a accepté d'ouvrir en grand ses archives à un éditeur. Dans les secrets de la police, qui paraîtra le 16 octobre (Editions de l'Iconoclaste), est un hallucinant voyage au travers de quatre siècles d'histoires, de crimes et de faits divers illustré de lettres, de documents photographiques et de reproductions de rapports de police souvent inédits. Les auteurs (historiens, écrivains, chercheurs, policiers et journalistes) parmi lesquels Pierre Assouline, Jean-Pierre Azéma, Jean Lacouture et Amélie Nothomb, sont allés, sous la direction éditoriale de Sophie de Sivry et Jean-Baptiste Bourrat, dénicher des scoops qui dormaient sous la poussière. Entre autres, la circulaire de police, classée « Secret », sur l'organisation de la rafle du Vel' d'Hiv, un rapport de police sur la relation intime entre Verlaine et Rimbaud ou la lettre bouleversante au préfet de police d'Hélène Gritz, une jeune fille de 17 ans cherchant à faire libérer sa mère du camp de Drancy en août 1942. On retrouve les « people » des dossiers criminels de la police judiciaire parisienne, de Landru au docteur Petiot en passant par Jules Bonnot et sa bande, la Brinvilliers et ses poisons ou Violette Nozières la parricide. Parmi les personnages prestigieux de l'histoire, les auteurs ont aussi choisi de revenir sur le décès suspect d'Emile Zola, l'assassinat de Jean Jaurès, l'expulsion de Trotski et la mort de Victor Hugo.

Divisé en cinq chapitres, l'ouvrage préfacé par le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, s'organise de façon chronologique « pour éviter, confie le directeur scientifique de l'ouvrage, Bruno Fuligni, un mélange de styles dans les documents iconographiques qui aurait été disgracieux ». La première période, de 1610 à 1800, raconte la création de la police dans la ville coupe-gorge qu'était alors Paris. On retrouve les acteurs et les lieux de l'époque (Ravaillac, Cartouche, la prison de la Bastille, l'affaire du collier de la reine) magnifiquement illustrés. Vient ensuite la période 1800-1871 et l'acte de naissance de la préfecture de police sous Napoléon Ier. C'est l'époque du « courrier de Lyon », de Vidocq et des « courtisanes » avec Sarah Bernhardt et l'étonnant registre de 415 rapports nominatifs sur la prostitution et la vie culturelle du second Empire. C'est aussi la police des homosexuels, « tantes » et « jésus », « putains mâles qui se vendent aux habitants de Sodome » s'indigne un parisien dans un courrier au préfet de police. Vient ensuite la naissance de la police scientifique, où un certain Alphonse Bertillon va inventer « l'anthropométrie judiciaire », qu'il teste en « mesurant » crâne, nez, menton et oreilles des détenus de la prison de la Santé, et où l'on parle pour la première fois de « préservation des traces » sur les lieux du crime.

La période 1914-1940 révèle les travaux des chimistes du laboratoire de police pour sauver les poilus de la Grande Guerre des ravages des gaz asphyxiants. On revisite l'histoire des zeppelins bombardant Paris, l'épisode des suffragettes en colère et l'ouverture à Paris du Sphinx, le « bordel de luxe » des années 30. L'ouvrage s'achève sur les années 40-68. C'est la période noire des rafles, de la délation et du camp de Drancy, de la résistance, de la libération de Paris puis de l'épuration. De bout en bout, on découvre avec délectation ou horreur ces pages d'histoire jusqu'aux barricades de Mai 68 avec des photos inédites « vues d'en face », celles des photographes de la police. Jusqu'à ce graffiti, piqué sur un mur, qui n'a pas échappé aux auteurs : « Cours camarade, le vieux monde est derrière toi. »


QUELQUES EXTRAITS DU LIVRE

[B

L’arrestation de Cadoudal

Liste des brigands chargés d’attenter aux jours du Premier Consul

Georges Cadoudal, plus connu sous le nom de Georges, dit Larive, dit Masson, ancien chef de brigands.
Taille de 5 pieds 4 pouces, âgé de 34 ans, n’en paraissant pas davantage, extrêmement puissant et ventru, épaules larges, d’une corpulence énorme, la tête très remarquable par sa prodigieuse épaisseur, cou très court, le poignet fort, doigts courts et gros, jambes et cuisses pas très longues, le nez écrasé et comme coupé dans le haut, large du bas, yeux gris, dont un est sensiblement plus petit que l’autre, sourcils légèrement marqués et séparés, favoris presque roux, cheveux châtain clair, assez fournis, coupé très courts, ne frisant point excepté sur le devant où ils sont plus longs, bouche bien, dents très blanches, joues pleines et sans rides, barbe peu garnie, menton renfoncé ; il marche en se balançant, bras tendus, de manière que les mains sont en dehors ; sans accent, voix douce. (...)


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Une liaison en enfer

Rapport de l’officier de paix Lombard, 1er août 1873

La scène se passe à Bruxelles. Le parnassien Robert Verlaine était marié depuis trois ou quatre mois à la soeur de Civry, un compositeur pianiste qui a été emprisonné à Satory après la Commune, pontonné, puis relaxé. Ce mariage s’était opéré au commencement ou au milieu de l’année dernière.
Le ménage allait assez bien en dépit des toquades insensées de Verlaine, dont le cerveau est depuis longtemps détraqué, lorsque le malheur amena à Paris un gamin, Raimbaud, [sic] originaire de Charleville, qui vint tout seul présenter ses œuvres aux parnassiens. Comme moral et comme talent, ce Raimbaud, âgé de 15 à 16 ans, était et est une monstruosité. Il a la mécanique des vers comme personne seulement ses oeuvres sont absolument inintelligibles et repoussantes.
Verlaine devint amoureux de Raimbaud, qui partagea sa flamme et ils allèrent goûter en Belgique la paix du cœur et ce qui s’ensuit. Verlaine avait lâché sa femme avec une gaieté de cœur sans exemples, et pourtant elle est, dit-on très aimable et bien élevée.
On a vu les deux amants à Bruxelles, pratiquer ouvertement leurs amours. Il y a quelques temps, Mme Verlaine alla trouver son mari, pour essayer de le ramener. Verlaine répondit qu’il était trop tard, qu’un rapprochement était impossible et que d’ailleurs, ils ne s’appartenaient plus. « La vie du ménage m’est odieuse », s’écriait-il : « Nous avons des amours de tigres ! » et, ce disant, il montra à sa femme sa poitrine tatouée et meurtrie de coups de couteaux que lui avait appliqués son ami Raimbaud.
(...)
Devant sa mère, il y a une semaine ou quinze jours au plus, Verlaine a eu avec son amie [sic] Raimbaud unedispute à propos d’argent et, après toutes les injures imaginables, tira un coup de pistolet sur Raimbaud qui cria À l’assassin !
(...)
Les faits sont exacts, informez-vous-en à Bruxelles. Peut-être est-ce Raimbaud qui a tiré le pistolet à Verlaine, car je n’ai pu savoir au juste l’auteur du revolver en jeu.
Cependant je crois ma version bonne, pour la fixation du personnage. La question de l’individualité de l’assassin réservée, tout le reste est parfaitement vrai. Je transmettrai ultérieurement les autres renseignements qui doivent me parvenir sur cette affaire.


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Colette contre Willy

Carte pneumatique adressée par Mme de Serres au Préfet de police.

Monsieur le Préfet de police,
J’ai jadis écrit à M. Gauthier-Villars (Willy) des lettres qui, mises sous les yeux de mon mari, pourraient occasionner les plus grands malheurs.
Ces lettres ont été volées par le secrétaire de M. Willy qui les a portées à Mme Willy, laquelle plaide en divorce contre son mari qu’elle poursuit d’une haine féroce.
Mme Willy qui vit 25, rue Saint-Sénoch avec la marquise de Belboeuf et que je ne veux pas recevoir, s’est présentée chez moi ce matin, elle va revenir armée de ces lettres. C’est une persécution qui me rend folle et à laquelle je vous supplie de me soustraire.
Ne tardez pas je vous en supplie Monsieur le Préfet de police. Je deviens folle.
J. de Serres, 58 rue de Courcelles.


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L’antichambre de la mort

Lettre d’Hélène Gritz
Au Préfet de police, 25 août 1942

Monsieur,
Je m’excuse de prendre la liberté de vous écrire mais il faut que je vous expose ma situation.
Ma mère est internée au camp de Drancy depuis le 16 juillet. Mon frère aîné est prisonnier en Allemagne. Mon second frère est dans un camp de jeunesse et le troisième était interné à Drancy depuis le 22 août 1941 et a été déporté pour une destination inconnue. Moi je suis seule depuis l’arrestation de ma mère (je suis âgée de 17 ans). Mon père vit séparé de ma mère depuis treize ans. En tant que m ère de prisonnier ne pourriez-vous pas faire libérer ma maman. C’est une femme malade qui a déjà beaucoup souffert.
Je compte sur votre bienveillance pour aider une mère de prisonnier.
Avec mes remerciements anticipés, je vous prie d’agréer, Monsieur, mes respectueuses salutations.


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Un crime Parfait

Lettre du meurtrier, juin 1962
[affaire Laetita Toureaux, 1937]

Monsieur le commissaire,
Je ne sais si cette lettre vous parviendra. Peut-être sera-t-elle jetée au panier avant, comme l’oeuvre d’un fou, et peut-être cela vaudra-t-il mieux. Sans doute vous souvenez-vous de l’assassinat de Laetita Toureaux qui eut lieu Porte de Charenton, dans le métro, le 16 mai 1937. Je suis l’assassin de Laetitia Toureaux.
Cette lettre va sans doute vous étonner. Pourquoi l’assassin d’un crime réputé parfait veut-il ainsi raconter son forfait plus de vingt ans après ? Je ne saurai vous le dire exactement. Sans doute ai-je besoin de me libérer (ayant gardé le secret pendant de si longues années que je n’en éprouve plus de remords), peut-être aussi une sorte d’orgueil me pousse-t-il à apporter les éléments nécessaires à la résolution de cette affaire.
Je n’ai nullement l’intention de vous dévoiler mon nom et souhaite rester dans l’anonymat le plus complet, par égard pour ma famille.
Je suis originaire de Perpignan, où je naquis en 1915. A la fin de mes études secondaires, je manifestais le désir de devenir médecin et pour cela, je montai à Paris en 1935. Mon père était aisé, et avec une voiture, m’alloua une substantielle pension. J’arrivai tout droit de ma province assez timide et niais, aussi je vous laisse à penser ma joie à ma soudaine liberté. Entraîné par quelques camarades plus « à la page » que moi, je connus bientôt tous les dancings et cabarets de Paris et de ses environs. (...)
C ‘est dans un dancing que je fis la connaissance de Laetitia, en novembre 1936. Elle était très jolie et possédait le charme rare, pour moi jeune homme, d’être une femme ayant déjà vécu. Je tombai immédiatement amoureux et lui fit une cour respectueuse. (...)
Elle traitait mon amour avec une douce ironie, ce qui me blessait, et je commençais à m’impatienter, à faire des scènes ridicules. Bientôt, elle écourta nos rendez-vous sous des prétextes plus ou moins risibles. Prenant mon courage à deux mains, je lui demandais de devenir ma femme. Elle me rit gentiment au nez. Blessé dans mon orgueil et mon amour, j’allai jusqu’à la menacer et elle m’éconduisit assez vertement. Je décidai alors de l’oublier (nous étions au mois de mars) et me plongeai dans le travail en vue de mes examens. Elle ne donna alors plus signe de vie mais je ne pus l’oublier. Ainsi, après plus d’un mois de silence, le 2 mai, j’allai au dancing « l’Ermitage », où je savais la retrouver.
(...)


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