VIENT DE PARAITRE
FLIC TOUT SIMPLEMENT
AUTEUR : MARTINE MONTEIL
EDITEUR : MICHEL LAFON
PRIX : 18.95 €
«Guy Georges «L’enquête a été si longue, si douloureuse que tout le monde veut le voir. Et pas seulement les enquêteurs qui suivent sa trace depuis des années. Dans un silence religieux, sans qu’aucune insulte ne fuse à aucun moment, des dizaines de policiers, debout sur les marches, appuyés contre le mur ou la rampe, le regardent gravir lentement les trois étages qui mènent à la Crime. Oui, tout le monde veut voir qui est ce type qui a fait tant de ravages. Tous, nous pensons aux victimes. Et ce ne sont pas de simples mots. Elles sont bien là, ces filles qu’il a sauvagement massacrées. Elles sont là, dans notre tête et dans nos cœurs, présentes à jamais. »
Attentats de Port-Royal « Nous pénétrerons dans la rame quand il n’y aura plus que des corps sans vie. Au milieu de ce qui subsiste du couloir, alors que j’avance en prenant garde à ne pas marcher sur des restes humains, je tombe face à un visage. Celui d’une jolie femme brune, aux yeux de biche, grands ouverts. Un filet de sang coule de la commissure des lèvres. Je n’ai pas vu tout de suite qu’elle n’avait plus que la moitié du corps. À partir de la poitrine, les tripes sont à l’air et il ne lui reste qu’un bras. L’autre a été projeté au bout du quai. Je n’ai jamais oublié le visage de cette femme. Elle avait l’air paisible et j’aurais souhaité, tout de suite, lui fermer les yeux. Elle était canadienne, en voyage de noces avec son mari, mort lui aussi dans l’explosion. Et quand je dis que je n’ai jamais oublié ce visage, je devrais plutôt dire qu’il me hante. Mais il ne me gêne pas. Je ne cherche pas à l’effacer. J’ai gardé une grande affection pour cette jolie femme dont je ne sais rien sinon qu’elle a été la victime innocente de barbares. »
Sagan Je suis tombée très jeune dans le piège de la drogue, dit-elle, d’abord avec des amphétamines puis avec la cocaïne. Ce n’est pas que j’y trouve une part importante de mon inspiration. Non, je puise dans la drogue un réel bien-être dont je ne peux plus me passer. – À vous écouter, lui dis-je, j’ai l’impression qu’on a tort de ne pas tous se droguer. – Je n’ai pas dit cela. – Non... mais cela revient presque au même. Vous vous êtes exprimée à plusieurs reprises sur le sujet, publiquement. Pour vous, la drogue, c’est bon, c’est bien et cela ne peut pas faire de mal... C’est faux et c’est du prosélytisme. Certains prennent vos propos au pied de la lettre et risquent de sombrer dans l’addiction... – Chacun fait ce qu’il veut de sa vie...
Grossesse Vous devriez attendre les pompes funèbres, me dit-il. Dans votre état, c’est pas conseillé. Vous ne devriez pas toucher le corps. On ne sait jamais. Il a raison. Mais je retourne le corps malgré tout. C’est vrai que mes journées sont un peu plus pénibles sur la fin de ma grossesse. Que dire des nuits de permanence? Inquiet, l’inspecteur principal Bourget, dont j’apprendrai plus tard que son épouse est également enceinte, se propose de m’accompagner.
J’évoque cet épisode concernant ma grossesse car il illustre parfaitement la différence entre hommes et femmes, telle que j’ai pu la vivre, et d’autres après moi, dans la police. C’est tout le paradoxe: il n’y avait justement pas de différence de traitement! La hiérarchie ne se préoccupait pas de savoir si l’un de ses commissaires, enceinte, seule dans les rues, la nuit, était capable de tenir la boutique et de remplir sa mission jusqu’à la fin de sa grossesse. C’est peut-être cela l’égalité des sexes selon l’administration.
Martine Monteil
Un parcours hors pair. Première femme à diriger un commissariat, puis le 36, Quai des Orfèvres, Martine Monteil, publie jeudi aux éditions Michel Lafon* «Flic tout simplement». L'ancienne chef de la police judiciaire, aujourd'hui devenue préfet, affirme avoir écrit ce livre après avoir reçu des témoignages de femmes qui la «remerciaient d'avoir ouvert la voie». Ponctué d'anecdotes, l'ouvrage évoque le jonglage entre «le 357 Magnum et le biberon», sans la moindre concession faite «au statut de femme», les «filatures», la guerre des polices et d'autres événements gravés à vie. Comme les attentats de Port-Royal en 1996, où Martine Monteil, à la tête de la Crime, décrit son arrivée sur les lieux.
«Au milieu de ce qui subsiste du couloir, alors que j'avance en prenant garde à ne pas marcher sur des restes humains, je tombe face à un visage. Celui d'une jolie femme brune, aux yeux de biche, grands ouverts. Un filet de sang coule de la commissure des lèvres. Je n'ai pas vu tout de suite qu'elle n'avait plus que la moitié du corps. A partir de la poitrine, les tripes sont à l'air et il ne lui reste qu'un bras. L'autre a été projeté au bout du quai. Je n'ai jamais oublié le visage de cette femme. Elle avait l'air paisible et j'aurais souhaité, tout de suite, lui fermer les yeux.»
A l'époque, «les hommes» de Martine Monteil travaillaient déjà sur l'affaire Guy Georges. Plusieurs mois plus tard, l'arrivée du violeur récidiviste au quai des Orfèvres en interpelle plus d'un. «L'enquête a été si longue, si douloureuse que tout le monde veut le voir. (...) Dans un silence religieux, sans qu'aucune insulte ne fuse à aucun moment, des dizaines de policiers, debout sur les marches, appuyés contre le mur ou la rampe, le regardent gravir lentement les trois étages qui mènent à la Crime. Oui, tout le monde veut voir qui est ce type qui a fait tant de ravages. Tous, nous pensons aux victimes.»
Outre ces épisodes douloureux, Martine Monteil se remémore également la garde à vue de l'écrivain Françoise Sagan, tombée «dans le piège de la drogue» qui se ponctue ainsi «- (...) Vous vous êtes exprimée à plusieurs reprises sur le sujet, publiquement. Pour vous, la drogue, c'est bon, c'est bien et cela ne peut pas faire de mal... C'est faux et c'est du prosélytisme. Certains prennent vos propos au pied de la lettre et risquent de sombrer dans l'addiction» «Chacun fait ce qu'il veut de sa vie...», lui répond l'écrivain.
Source : 20 Minutes