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 Sujet du message : Résumé de l'affaire
MessagePosté :04 mars 2010, 15:57 
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L'affaire de Bruay-en Artois désigne le meurtre en 1972 de Brigitte Dewèvre, un fait divers célèbre qui suscita un débat sur la « justice de classe ».

L'instruction

Le 6 avril 1972, le corps d'une jeune fille de quinze ans , Brigitte Dewèvre, est découvert dans un terrain vague de Bruay-en-Artois. Maître Henri Pascal, premier juge d'instruction à Béthune, est chargé de l'affaire.

Le 13 avril il inculpe d'homicide volontaire Maître Pierre Leroy, notaire à Bruay. En dépit de protestations, l'accusé ne peut justifier de son emploi du temps de cette soirée. Il est incarcéré.

Les enquêteurs ne peuvent combler le trou d'un quart d'heure dans l'emploi du temps de Leroy. Interrogé le mardi 11 avril, ce dernier présente cinq versions différentes de son emploi du temps. Le véhicule du suspect a, du reste, été aperçu aux alentours du terrain vague, près de la villa de Monique Béghin-Mayeur, sa fiancée en instance de divorce. Des témoins ont d'ailleurs aperçu un individu ressemblant au notaire. De plus le lendemain, la mère de Pierre Leroy a nettoyé elle-même des vêtements reconnus par un témoin comme étant ceux portés par le meurtrier. En dépit du fait que le juge d'instruction reconnaît ne posséder aucun indice probant, le notaire est écroué sur "intime conviction". L'inculpation du notable surprend. Pierre Leroy est le notaire des Houillères et est impliqué dans les nombreuses transactions foncières de l'entreprise. Ces activités professionnelles, qui s'accroissent depuis la fermeture des puits, ne sont pas bien perçues par les mineurs durement touchés par la récession. Dès le début la garde a vue, le commissariat de police de Bruay est assiégé par une foule d'habitants ayant appris la nouvelle par la presse locale. En effet, le notaire jouit d'une certaine notoriété. Membre du Rotary Club, il était aussi chargé de nombreuses opérations immobilières au profit de la compagnie des Houillères. Ces derniers éléments ne le privent pas d'appuis et constituent en un sens une provocation aux yeux de la population locale déstabilisée par les restructurations de l'industrie minière.

Simultanément, l'équipe de l'inspecteur Ollier, choisi par le juge Pascal, enquête sur la vie privée du notaire. Le procureur de la République de Béthune est saisi d'une pour des affaires similaires. En effet deux crimes ont été commis dans la région. Deux corps ont été retrouvés, assassinés dans les mêmes conditions, dans le courant du mois de mars. Le mercredi 19 avril Gérard Leclerc, maçon à Cauchy-la-tour, près de Bruay est arrêté pour une tentative de viol et s'accuse du meurtre de Brigitte Dewèvre. Mais les vérifications qui s'imposent concluent à un mensonge.

Le samedi 22 avril le rapport d'autopsie est rendu public. Brigitte Dewèvre a été étranglée avec un « lien souple », elle a été traînée sur le sol, elle a été mutilée avec un instrument tranchant moins de trois minutes après sa mort à 19h45 enfin elle n'a pas été violée.

Le jeudi 27 avril a lieu une reconstitution du crime, en présence de plusieurs milliers de personnes. La fiancée du notaire Mme Béghin-Mayeur y assiste, elle est conspuée par la foule. La reconstitution apporte, pour le juge d'instruction, des preuves supplémentaires quant à l'emploi du temps du notaire. Ces dernières orientent l'enquête dans le sens d'une probable innocence du notaire.

Le 28 avril, parce que les témoignages et l'audition des premiers témoins s'avèrent infructueux, le procureur de la République de Béthune et l'avocat de la défense réclament conjointement la libération de Me Leroy. Celui-ci, qui ne cesse de clamer son innocence, n'est pourtant pas libéré. La police procède dès lors à de nouvelles auditions. La fiancée de Leroy est interrogée pour avoir tenté de communiquer avec l'accuser au sujet de la soirée du meurtre. Elle est aussi soupçonnée de subordination de témoin. Simultanément, l'avocat de Leroy, Me Vaast, se dessaisit de la défense parce qu' il est cité en tant que témoin. En effet c'est à ce dernier qu'il revient de justifier de l'alibi fourni par Leroy.

Durant les mois qui vont suivre la détention provisoire de Leroy se prolonge. La chambre d'accusation de Douai rejette toutes les demandes de remise en liberté. A ceci s'ajoute une polémique tenace sur les méthodes du juge Pascal qui entretien de nombreuses relations avec les journalistes et qui est accusé de violation du secret de l'instruction. Le 13 juillet Mme Béghin-Mayeur est écrouée pour complicité de meurtre. A peine une semaine plus tard Me Leroy est libéré. Le juge Pascal est définitivement dessaisi de l'affaire par la Cour de Cassation, le 20 juillet au profit du juge Sablayrolles. Ce dernier, qui travaille pour le Parquet de Paris, interroge de nouveau Leroy pour les besoins de son enquête. Le 24 juillet les militants du Comité pour la Vérité et la Justice organisent une marche sur Béthune réunissant plus de 2000 personnes. Le Juge Pascal accueille la marche sur les marches du Palais et lance des appels au calme. L'action du Comité, animé par des militants locaux de l'organisation maoïste, la Gauche Prolétarienne, entendra continuer l'enquête populaire avec l'aide des habitants de Bruay. A l'époque, c'est Joseph Tournel, un habitant du coron qui avec un jeune professeur de philosophie du lycée de Bruay, François Ewald et un jeune journaliste maoïste Serge July, qui animeront le comité jusqu'en 1974.

Un an plus tard Jean Pierre Flahault, un jeune de Bruay, ami de la victime s'accuse du meurtre de Brigitte Dewèvre. Le jeune homme, décrit comme instable par les éducateurs de l'institut où il est placé, comptait parmi les témoins cruciaux qui accablaient le notaire. Il est par ailleurs membre actif, et remarqué, du Comité pour la Vérité et la Justice monté dans le but de réclamer l'éclaircissement de l'affaire. En perquisitionnant chez le frère aîné du jeune suspect la police retrouve les lunettes de la disparue. S'en suit une polémique sur l'appartenance réelle des lunettes à la victime ainsi que sur le fait que Jean Pierre Flahault ait été soudoyé afin d'endosser la responsabilité du meurtre. Les auditions se déroulent courant mai, celles-ci laissent dubitatifs les parents de la jeune Brigitte, soutenus par le Comité de villageois. Tous affirment que le jeune homme est manipulé. Le juge Sabayrolles ordonne une reconstitution en présence de tous les protagonistes. Celle-ci a lieu le 1er mars 1974. Étant donné qu'elle est trop contradictoire, celle-ci se révèle infructueuse. Les imprécisions du couple Leroy-Mayeur pousse le parquet a organiser une seconde reconstitution le 3 avril. Jean Pierre Flahault y participe. Au mois de septembre un non-lieu est prononcé pour les époux Leroy. Jean Pierre Flahault, maintenant devenu le principal suspect, comparait devant le tribunal pour enfant compte tenu de son âge au moment des faits. Dans le même temps, les parents de la jeune Brigitte décident de se pourvoir en cassation contre l'arrêt de non-lieu prononcé à la faveur des époux Leroy. Ces derniers portent d'ailleurs plainte contre le juge Pascal en raison du viol du secret de l'instruction qui leur a porté préjudice. Le procès de Jean Pierre a lieu le 27 juin 1975, mais les parents de Brigitte Dewèvre ont décidé, compte tenu de leur proximité avec le jeune homme, de ne pas se porter partie Civile. De fait, ce dernier est relâché au bénéfice du doute le 15 juillet. Le procureur de la République de Paris fait toutefois appel de la décision. Jean Pierre Flahault sera relaxé à la suite d'une décision de la cour d'appel de Paris le 26 février 1976. D'abord classée « affaire sans suite » en 1981, le crime a été prescrit en 2005. Le meurtre de Brigitte Dewèvre reste aujourd'hui encore inexpliqué.


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