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MessagePosté :12 nov. 2008, 16:25 
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François Guillot AFP ¦ Rachida Dati salue un membre de l'administration pénitentiaire, le 6 novembre 2008, lors d'une visite de la prison de Fresnes.

«Non à la perpétuité sur ordonnance.» La psychiatrie monte au créneau contre la loi sur la rétention de sûreté, dont les décrets d'application ont été publiés le 5 novembre. Dès le lendemain, une pétition était lancée par l'association «Pratiques de la folie». Ce mercredi, elle avait recueilli près de 800 signatures de professionnels.

«Pour la première fois dans notre droit, des individus pourront être enfermés sur décision judiciaire non pour sanctionner des actes délictueux ou criminels, mais pour anticiper des actes qu’ils n’ont pas commis», peut-on lire en préambule de cette pétition.


Les signataires refusent que la médecine, dont la «mission est de porter secours et de soigner», «se trouve ici instrumentalisée dans une logique de surveillance et de séquestration». Fait rare, ils appellent ainsi à «refuser de participer à la mise en place de ce dispositif de rétention de sûreté».

Lors d'une visite au centre socio-médico-judiciaire de sûreté de Fresnes, le premier à ouvrir ses portes en France, Rachida Dati avait déclaré jeudi dernier qu'«on ne pouvait plus s'accommoder de dire aux victimes, à leurs parents, “le condamné était dangereux” et le remettre en liberté».

Adopté par le Parlement le 7 février et partiellement retoqué par le Conseil constitutionnel jeudi, le projet de loi sur la rétention de sûreté deviendra bientôt une loi.

Que prévoit-elle?

Le placement dans des centres de rétention socio-médico-judiciaires de sûreté de criminels «jugés» toujours dangereux à leur sortie de prison, et ce pour une année, renouvelable indéfiniment.

Qui vise-t-elle?

Les personnes condamnées à une peine de prison de 15 ans ou plus, pour meurtre, assassinat, torture, acte de barbarie, viol sur mineur ou crimes sur majeur avec circonstances aggravantes (assassinat, meurtre aggravé, torture, actes de barbarie aggravés, viol aggravé, enlèvement ou séquestration aggravés).

Par qui sera-t-elle appliquée?

Par une juridiction régionale de la rétention de sûreté, composée de trois magistrats, sur proposition d’une commission pluridisciplinaire, composée notamment de deux experts psychiatriques. Le condamné sera assisté par un avocat choisi ou commis d’office lors d’un débat contradictoire.

En cas de placement en rétention de sûreté, la décision pourra être contestée devant une commission nationale composée de trois conseillers à la Cour de cassation.

Dans quelles conditions sera-t-elle appliquée?

La rétention de sûreté ne pourra être prononcée que si la Cour d'assises a expressément prévu dans sa condamnation que la personne pourra faire l'objet, à la fin de sa peine, d'un réexamen de sa situation en vue d'une éventuelle rétention de sûreté.

>> A lire, «le concept de dangerosité d’un détenu est très difficile à évaluer» (Philippe Carrière, administrateur à l’Observatoire international des prisons)

Quand sera-t-elle appliquée?

Dès sa promulgation, mais uniquement dans le cas de figure où une personne condamnée avant 2008 (ou pour des faits antérieurs) viole les obligations auxquelles elle est soumise une fois libérée: port du bracelet électronique, l'obligation de se présenter régulièrement au commissariat ou de se soigner. Elle pourra alors être placée en urgence dans un centre de rétention.

Les personnes condamnées après la promulgation de la loi (et pour des faits postérieurs) pourront, elles, faire l'objet d'un placement en rétention sans avoir bénéficié préalablement de la liberté surveillée. Il devra néanmoins être établi qu'elles ont pu bénéficier pendant l'exécution de leur peine de soins ou d'une prise en charge qui n’ont pas pu «produire des résultats suffisants, en raison «soit de l'état de l'intéressé soit de son refus de se soigner» (ces soins ne sont pas obligatoires). Cette réserve du Conseil constitutionnel met l'accent sur la nécessité d'améliorer les soins psychiatriques en prison.

Source : Différents articles 20minutes.fr




Débat: Que pensez-vous de la possibilité d'enfermer un criminel qui a purgé sa peine de prison?


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MessagePosté :13 nov. 2008, 11:12 
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La rétention de sûreté, dont les décrets d'application viennent d'être publiés, permettra d'enfermer à nouveau des ex-détenus ayant purgé leur peine, en raison de « leur particulière dangerosité ». Photo : AFP

Une pétition contre la rétention de sûreté, mise en place par Rachida Dati,a recueilli plus de 13 600 signatures, dont celle du psychiatre Daniel Zagury.
Daniel Zagury. Ce psychiatre a expertisé de grands criminels : Guy Georges, Patrice Alègre, Michel Fourniret... Il refuse pourtant ce qu'il appelle la « perpétuité sur ordonnance ».

Un diagnostic, pas un pronostic. « En tant que citoyen, je ne suis absolument pas opposé à ce que l'on neutralise des individus hautement dangereux. Aucune ambiguïté sur ce point. Mais la question posée par la rétention de sûreté est tout autre. On va demander aux psychiatres, non plus de soigner de façon humaine des malades mentaux, mais de faire en sorte que l'on ne puisse plus relâcher des délinquants dangereux. Le corps de notre métier est de diagnostiquer et de traiter les pathologies mentales. Il n'est pas question de prononcer un pronostic. Avec tout notre savoir et notre expérience, on peut émettre un avis, mais on ne peut prétendre - ô grand jamais - à un savoir astrologique sur le futur.»

Des auxiliaires, pas des larbins. «Si l'on nous demande des choses que l'on ne sait pas faire, vous n'aurez plus des psychiatres en face de vous, mais des clowns, des bouffons. Nous soignons en prison. Nous acceptons d'être des « auxiliaires » de justice, mais nous n'en sommes pas les larbins. La perpétuité ne se prononce pas sur ordonnance.»

Des êtres humains, pas des monstres. «En Grande-Bretagne, en 2003, nos collègues se sont farouchement opposés à une mesure du même genre. Il ne s'agit pas d'une réaction épidermique. En France, on juge un être humain et on ne lui inflige pas une peine automatique. Or, la nouvelle loi modifie profondément cette philosophie pénale.

Pour l'opinion, les grands criminels sont des monstres - et non pas des hommes - qu'il faut enfermer à vie. En allant dans ce sens, le pouvoir politique joue sur du velours. Il jette la suspicion sur toutes les professions qui s'occupent des criminels. Mais, si l'on court-circuite l'avis des magistrats, des éducateurs, des psychiatres et des délégués de probation,on crée un immense problème. Ces professions seront terrorisées à l'idée d'être désignées responsables et lynchées sur la place publique. Alors qu'elles ont besoin de travailler dans la confiance.»

Recueilli par
Bernard LE SOLLEU.

• La pétition avait recueilli, hier, 13 653 signatures, dont un grand nombre proviennent de l'Ouest : des soignants, des personnels pénitentiaires, des juristes, des politiques, des intellectuels... Sur le Net : www.contrelaretentiondesurete.fr

Source : ouest-france.fr


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MessagePosté :13 nov. 2008, 19:38 
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Saint-Egrève : Les premières questions

L’affaire dramatique de Saint-Egrève a tout pour soulever l’incompréhension. Toute maladie inquiète, et la maladie mentale plus que les autres. De l’affaire, on connait trop peu de choses, mais apparaissent déjà beaucoup de malentendus qui, eux, peuvent être dissipés.

La Justice est-elle concernée ?

L’hospitalisation d’office est l’un de deux régimes d’hospitalisation sous contrainte prévu par le droit français. Pendant longtemps, cette question est restée régie par une loi de 1838. Le régime actuel résulte de la loi du 27 juin 1990, qui s’est inscrit dans la continuité du droit antérieur. En particulier, l’hospitalisation d’office résulte d’un arrêté préfectoral, et non un jugement du tribunal de grande instance, ce qui est une exception en Europe. Le recours au juge pour une décision qui concerne tant les libertés individuelles paraitrait beaucoup plus adaptée. Mais il y a un large consensus pour conserver le système actuel.

Sur quels critères décide le préfet ?

Le régime de base résulte de l’article L. 3213-1 du Code de la santé publique. Le préfet doit disposer d’un certificat médical circonstancié, constatant que la personne souffre de troubles mentaux « nécessitant des soins et compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l’ordre public ». Le certificat doit émaner d’un psychiatre extérieur à l’établissement d’accueil. Le directeur d’établissement exécute la décision du préfet.

Cet arrêté peut-il être contesté ?

L’arrêté est motivé et énonce les circonstances qui ont rendu l’hospitalisation nécessaire. Mais il peut s’en remettre au certificat médical et le joindre à sa décision. C’est ce qui se passe le plus souvent. L’arrêté est notifié à la personne, immédiatement, ou dès qu’elle est en mesure d’en comprendre la portée. Elle peut contester en justice la régularité de la procédure, ou le principe même de l’hospitalisation.


Le patient en HO doit-il être maintenu en service fermé ?

La loi ne le dit pas, et ce n’est donc pas une obligation. L’arrêté préfectoral est une mesure de limitation de la liberté d’aller et venir, qui confie aux équipes de l’hôpital psy de veiller à ce que le patient reste au sein de murs de l’établissement. Dans les premiers jours, il est souvent procédé à un accueil dans un service fermé, voire en chambre d’isolement. Ce sont là des décisions médicales. Quand cela paraît possible, et avec la mise en œuvre d’un traitement, il faut progressivement revenir à un régime d’hospitalisation plus ouvert, car toute hospitalisation d’office à vocation à être levée, et il faut organiser ce retour au droit commun.


L’hospitalisation d’office permet-elle de soigner par la contrainte ?


La réponse est complexe, et la loi ne le dit pas explicitement. L’arrêté préfectoral impose le séjour à l’hôpital, mais ne se prononce pas sur les soins à mettre en œuvre. C’est une affaire médicale. Les psychiatres peuvent imposer, mais en le justifiant, le séjour en chambre d’isolement, la suspension des visites, ou l’administration de traitements, notamment pendant la phase aigüe. Dès que la relation redevient possible, l’équipe de psy relâche la contrainte, et cherche à obtenir l’acceptation du traitement, relationnel et médicamenteux. Sans consentement, toute prise en charge est illusoire.


Comment un patient en HO peut-il bénéficier de sortie à l’essai ?

Oui, et une procédure est prévue par l’article L3211-11. Le but est « de favoriser leur guérison, leur réadaptation ou leur réinsertion sociale ». La sortie d'essai, et son renouvellement éventuels ou sa cessation sont décidées par le représentant de l'Etat dans le département, sur proposition écrite et motivée d'un psychiatre de l'établissement d'accueil. Dans l’affaire de Saint-Egrève des sorties à l’essai avaient été accordée, sur motivation médicale, par la préfecture.

La responsabilité de l’hôpital psy de Saint-Egrève est-elle engagée ?

Il est bien trop tôt pour se prononcer. Le fait que le patient ait pu se promener seul dans le parc n’est pas une faute, sauf si le parc est conçu de telle sorte que le patient, laissé seul, puisse quitter l’hôpital assez facilement. En revanche, le fait même de la fugue pose la question de la responsabilité, car l’objet de l’arrêté préfectoral est de contraindre au maintien dans l’enceinte de l’hôpital. Il faudrait savoir ce qu’étaient les observations sur le patient, son traitement, la surveillance, les conditions exactes de la fugue... Les faits dramatiques qui sont survenus témoignent de profonds troubles chez le patient, et les antécédents devaient conduire à être extrêmement prudent. Ce sera aux psychiatres d’expliquer où ils en étaient de la prise en charge. Les premières déclarations accréditent l’idée d’une prise en charge compétente et attentive, et d’un dérèglement brutal. Qui connait la maladie ?

Le patient est-t-il pénalement responsable ?


Les notions d’irresponsabilité pénale, pour cause d’altération du discernement, et de troubles mentaux justifiant une hospitalisation d’office ne se recoupent pas. Le fait de relever d’un arrêté d’hospitalisation d’office au moment de l’agression ne veut pas dire ipso facto que le discernement était aboli. Des collèges d’experts vont être désignés. Mais, et alors même que la schizophrénie connait des phases de crise soudaines, le fait qu’un patient délirant et dénué de discrètement au sens de la loi puisse fuguer rapprocherait de la faute médicale et hospitalière dans la prise en charge est la surveillance.

La loi récente du 25 février 2008 sur la rétention de sûreté aurait-elle changé quelque chose ?

A vu des premières informations, non, ou très peu de choses. La « rétention de sûreté » s’applique après l’exécution de la peine. De ce que j’ai lu, le patient n’avait pas été condamné par une cour d’assises. Surtout, la rétention est prononcée après avis d’un commission qui évalue le risque de récidive et la possibilité de soins. Or, dans l’affaire de Saint-Egrève, les psychiatres avaient jugé que le service fermé ne s’imposait plus.

Pourquoi auraient-ils estimé que la rétention fermée serait la seule solution ?

En cas de mise en examen suivie d’un non-lieu, la loi ancienne prévoyait déjà la possibilité pour les victimes, parties civiles, de faire appel devant la chambre d’instruction et d’obtenir un débat public. La loi nouvelle a apporté quelques aménagements mineurs.

Depuis quelques temps, la psychiatrie est mise à toute les sauces. On lui somme de régler la question de la « dangerosité », donnée qui relève bien peu de la souffrance psychique. Il y a actuellement en discussion un projet de loi sur la réforme de la santé. Il suffit de le lire pour voir qu’en réalité, le soin en psychiatrie n’est pas une priorité. J’espère qu’on aura la sagesse de ne pas annoncer un énième plan d’urgence , destiné à rester sans suite…

Peut associer danger et schizophrénie ?

C’est le meilleur moyen de ne rien comprendre. Pour avancer, il ne faut pas partir de la « dangerosité », concept très large, souvent étranger à la psy, mais de la souffrance psychique, qui attend une réponse. On parle beaucoup de ces affaires, car elles sont dramatiques, et que la folie inquiète tout le monde. Mais aussi graves soient-elles, elles sont très rares, et les statistiques parlent. L’alcool au volant est beaucoup plus meurtrier que les crise d’angoisses des patients schizophrènes.

La schizophrénie est une terrible maladie, qui souvent accompagne toute une vie adulte, avec de hauts et des bas.. Grâce à la qualité des soins, nombre de schizophrènes voient leur maladie contenue, et parviennent à conserver un vie relationnelle. Dans une société très soucieuse de sécurité, il devient difficile qu’on ne maitrise pas tout dans la nature humaine. On maîtrise quoi d’ailleurs ? On souhaiterait que la psy soit « ailleurs », comme si on pouvait la détacher de soi. Pile l’inverse, et c’est ce qui gêne le plus.

Source : 20 Minutes


Modifié en dernier par Marathon le 02 déc. 2008, 19:28, modifié 1 fois.

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MessagePosté :13 nov. 2008, 19:42 
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Etudiant poignardé à Grenoble: Sarkozy veut réformer l'hospilisation psychiatrique


Nicolas Sarkozy veut réformer l'hospitalisation psychiatrique et pour y parvenir, il a demandé ce jeudi l'aide des ministres de l'Intérieur, de la Justice et de la Santé au cours d'une réunion d'urgence à l'Elysée. Le Président réagit ainsi à la mort d'un étudiant poignardé mercredi par un homme échappé d'un hôpital psychiatrique à Grenoble, a annoncé l'Elysée.


L'hôpital en question, Saint-Egrève (Isère), a de son côté annoncé avoir ouvert une enquête «interne» sur les circonstances de la sortie du patient, qui a été mis en chambre d'isolement après son interpellation.

Le parquet de Grenoble a quant à lui pris contact avec les médecins-psychiatre de l'hôpital pour vérifier si l'homme est en mesure d'être entendu, et a «demandé une expertise très précise sur son état mental afin de déterminer si l'intéressé peut ou non être jugé».

Source : 20 Minutes


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MessagePosté :13 nov. 2008, 19:48 
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Avec la loi Dati, les malades mentaux peuvent être reconnus coupables

Le schizophrène accusé d'avoir mortellement poignardé un étudiant mercredi à Grenoble sera-il considéré comme pénalement responsable? /b]

Pour le savoir, le parquet de Grenoble a annoncé ce jeudi avoir ordonné une expertise. Objectif: établir «si son discernement a été altéré ou aboli» au moment du meurtre. Une autre expertise a également été demandée pour déterminer si l'auteur pouvait ou non «être entendu et mis en examen».

Même s'il est reconnu pénalement irresponsable à l'issue de ses expertises, ce patient qui s'est échappé d'un hôpital psychiatrique n'échapperait pas pour autant à un procès. En effet, la loi Dati du 25 février 2008 oblige les magistrats à se prononcer sur la culpabilité des criminels malades mentaux, et ce même s'ils rendent un non-lieu.

«Un simulacre de procès»


«Pour permettre à la victime d’être reconnue comme victime, l’auteur du crime doit être reconnu comme l’auteur, explique Catherine Vandier, membre de l’Union syndicale des magistrats. Il n’y a pas de reconnaissance de la culpabilité au sens juridique du terme. On brouille un peu les cartes.»

«Cette culpabilité est quand même inscrite au casier judiciaire», précise le cabinet de Rachida Dati.

La loi du 25 février 2008 découle directement du non-lieu psychiatrique de Romain Dupuy, auteur du double meurtre à Pau en décembre 2004, d'une infirmière et d'une aide-soignante. Devant les protestations des familles, Nicolas Sarkozy avait déclaré que «les victimes avaient droit à un procès» et pressé Rachida Dati de trouver des solutions pour apaiser la situation.

Sans aller jusqu'à «ce droit au procès» qui aurait bouleversé le droit français, la nouvelle loi instaure un nouvel espace pour les familles de victimes. «On leur offre un simulacre de procès, déplore un magistrat. Mais derrière, c’est vrai que cela correspond à un traitement qu’on donne aux proches.»

Une audience spéciale où les familles rencontrent le meurtrier

Une audience spéciale est donc désormais prévue pour les criminels malades mentaux. L'auteur du crime y rencontre les parties civiles et les avocats des deux parties devant les juges de la chambre d'instruction. Comme en cour d'assises, l'avocat général est présent, mais aucune sentence n'est prononcée. Cette audience spéciale est clairement destinée aux familles de victimes, qui peuvent écouter les arguments des experts psychiatriques,
voire les explications du criminel.

En avril dernier, les proches de Rémy Masson, tué le 3 octobre 2004 par le vampire de Nanterre, un schizophrène qui avait bu son sang, avaient ainsi rencontré le meurtrier. Début novembre, un schizophrène au dernier degré a été jugé à Douai (Nord).( voir l'article ci-dessous )
Le sixième procès de ce genre en France.


Source : 20 Minutes

ARTICLE DE 20 MINUTES du 6 novembre 2008 concernant le jugement de Douai

Un malade mental jugé pour ses victimes

Il est schizophrène au dernier degré. Mais il a été jugé, hier, à Douai (Nord). Depuis février dernier, la loi Dati prévoit des audiences pour les personnes jugées irresponsables pénalement. Hier, il s'agissait du sixième procès de ce genre en France.

Trop dangereux, l'homme accusé de meurtre avec préméditation sur sa mère adoptive n'était pas là. Le mari de la victime, si. « Avant la loi, il aurait reçu un pauvre courrier avec accusé de réception, explique Emmanuel Riglaire, son avocat. Il aurait appris le non-lieu comme ça. » A la place, les magistrats ont examiné ce cas pendant quatre heures. « Au moment du crime, il était tellement malade mental qu'il n'avait plus aucun discernement », est venu expliquer le psychiatre à la barre. Si ça ne soulage pas, ça explique au moins pourquoi l'accusé est venu voir ses parents, par un beau matin de 2006, armé d'un couteau de cuisine. « Son seul regret, c'est de ne pas avoir tué tout le monde, a reconnu son avocat. Il ne se croit pas malade. »

L'avocat général n'est pas de cet avis. En raison du trouble mental de l'accusé, il a demandé à ce qu'il soit reconnu coupable mais à ce qu'il bénéficie d'un non-lieu. Le même résultat qu'avec l'ancienne procédure, en somme. A cela près que la loi prévoit désormais une indemnisation des victimes et des mesures de sûreté. « S'il sort de l'hôpital, les victimes seront automatiquement prévenues, précise Emmanuel Riglaire. Avant, ce n'était pas forcément le cas. »


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MessagePosté :13 nov. 2008, 19:51 
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Le crime n'est pas une maladie que les médecins peuvent soigner»


Après le meurtre d'un étudiant par un schizophrène à Grenoble, 20minutes.fr a interrogé le psychiatre Franck Chaumon. A l'initiative d'une pétition contre le rôle confié aux professionnels de la santé mentale dans la loi de rétention de sûreté, il dénonce la responsabilité qui pèse sur le corps médical.

Ce n'est pas la première fois qu'un tel drame a lieu en France. On se souvient du petit Valentin et des infirmières de Pau. Pourquoi ne parvient-on pas à empêcher ces actes?

On essaie de faire peser sur le corps médical une sorte de responsabilité face à ce genre de drame. Mais la médecine n'a aucune possibilité de prédire ces actes. Nous ne sommes pas des devins. Si nous pouvons diagnostiquer les maladies mentales, nous ne sommes en aucun cas en mesure de dire si un patient est capable de récidiver ou non. Le problème, aujourd'hui, est que petit à petit s'insinue l'idée, dans notre société, que le crime est une maladie. Mais c'est faux. Le crime n'est pas une maladie que les médecins peuvent soigner. Alors, cela rassure la population de se dire l'inverse, mais le risque zéro n'existe pas. C'est angoissant, c'est épouvantable pour les victimes, mais c'est la réalité.

Vous affirmez qu'il existe un risque que nous ne pouvons prévenir?

Oui, car il n'y a pas de solution magique. Mais il ne faut pas non plus être alarmiste. Il n'y a pas plus de criminels chez les malades mentaux que chez les gens normaux, et ça personne ne le dit. Ce genre de faits-divers a toujours existé. Mais, désormais, on essaie de faire croire que le personnel médical est incompétent parce qu'il n'a pas su empêcher tel ou tel acte. On ne peut pas les devancer. C'est comme nous demander de détecter chez certains jeunes enfants les futurs délinquants. Cela n'a pas de sens et ce n'est pas notre rôle. Le politique se décharge beaucoup trop sur la médecine et, en même temps, le nombre de suppression de lits dans les hôpitaux psychiatriques ne cesse de s'accroître.

Enfermer tout patient susceptible d'être dangereux est-il la solution?

Ce n'est pas à moi de répondre à cette question. Le médecin peut décider d'interner un patient jugé dangereux, mais on ne peut pas le faire juste dans le bénéfice du doute. Il faut que la dangerosité soit avérée. Mais dans la pratique, comment réellement savoir? Il faut garder en tête que, plus vous enfermez un patient, moins vous avez de chance de voir cette personne se réintégrer dans la société. Et d'un autre côté, laisser ces personnes au sein de la société est dangereux. Voilà tout le paradoxe auquel nous devons faire face chaque jour. Si on suit cette logique de «précaution», nous allons tous finir par nous surveiller les uns et les autres

Source : 20 Minutes


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MessagePosté :14 nov. 2008, 10:09 
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DRAME DE GRENOBLE
Psychiatrie : "On prend des risques inouïs"

«La psychiatrie n'intéresse personne sauf quand un drame se produit ! », s'insurge un spécialiste grenoblois dénonçant « une situation plus qu'absurde ! » après le meurtre mercredi d'un passant, à Grenoble, par un malade mental évadé du Centre hospitalier spécialisé (CHS) de Saint-Egrève.

Une inquiétude à laquelle fait écho celle d'une aide-soignante, en raison des incidents et de l'insécurité dans laquelle elle travaille : seule pour gérer une vingtaine de patients lors des repas.

« On confond psychiatrie et maux de la société ! »

Le praticien enfonce le clou : « On peut estimer qu'à Grenoble, cent ou deux cents patients dangereux sont dans la nature. On prend des risques inouïs. Dans les services d'urgences psychiatriques, débordés, on court au drame !

On agit dans l'idée que les malades sortent un jour de l'hôpital, mais pas à ce point-là. On n'a plus les moyens d'assumer cette politique, car on est allé trop loin dans l'économie et la réduction du nombre de lits. On a même des listes d'attente pour les hospitalisations d'office ! », explique encore ce professionnel.

Les soignants se mobilisent, des pétitions circulent. En cause, le manque de moyens dévolus à la spécialité, victime de visées purement économiques et des mesures d'hospitalisations d'office qui seraient parfois trop promptement levées.

Responsable de la CME (Commission médicale d'établissement) du Centre hospitalier de Saint-Egrève, le Dr Pierre Murry, confirme, de son côté, la précarité croissante de la discipline. « Les traitements ont évolué permettant d'exercer un suivi à l'extérieur de l'hôpital. Nombre de schizophrènes mènent une vie normale, exercent même une profession. D'autres, malgré les traitements, demeurent dangereux ».
Mais il déplore que le nombre de places ait tant diminué. « Il y a 50 ans, on comptait mille lits au CHS, aujourd'hui 350, pour un secteur qui dessert 70 000 habitants, alors que la population augmente ! Le CHU disposait de 125 lits, il y a 15 ans, de 46 maintenant ! » Et l'Isère, avec une moyenne de 25 lits par service, affiche un déficit important au regard des 40 de la moyenne nationale. « Dans le Rhône, observe le Dr Murry, la situation est moins tendue, car le secteur privé soulage l'hôpital des cas plus légers. Puis, par facilité, on a tendance à solliciter la psychiatrie pour tout et rien, la violence, le chômage. La proportion de maladies mentales reste la même, mais on confond psychiatrie et maux de la société ! »
Du coup, le manque d'effectifs, de formation, les fermetures d'unités, rendent le fonctionnement des services de plus en plus aléatoire. Tout comme le recrutement de personnels, peu attirés par des salaires modestes et des conditions de sécurité moindres. Vingt psychiatres sortaient autrefois de la Faculté de Grenoble, quatre aujourd'hui. Il nous faudrait une marge de 50 lits supplémentaires », plaide le psychiatre. Pour éviter que l'hôpital psychiatrique ne soit décapité.

L'ARH prévoit des renforts
Patrick Vandenbergh, secrétaire général de l'Agence Régionale d'Hospitalisation, précisait hier soir que des financements ont été programmés pour la psychiatrie en Isère.
1 200 000 € seront consacrés à une unité intersectorielle pour une vingtaine de lits en accueil d'urgence dès 2009.
Puis, 875 000 € serviront à l'installation de 25 autres lits, transférés du CHU vers St-Egrève.

Source : Le Dauphiné Libéré


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MessagePosté :14 nov. 2008, 14:25 
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Des photos pour raconter... Voir le centre du monde.

http://libelyon.blogs.liberation.fr/inf ... ychia.html


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MessagePosté :14 nov. 2008, 19:59 
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Des psychiatres dénoncent la "précipitation" de Nicolas Sarkozy

L'Union nationale des cliniques psychiatriques de France (UNCPSY) dénonce la précipitation avec laquelle Nicolas Sarkozy a réagi après le meurtre d'un jeune homme mettant en cause un malade mental.

Le président de la République a demandé jeudi au gouvernement de préparer une réforme du droit de l'hospitalisation psychiatrique, au lendemain de la mort d'un étudiant de 26 ans des suites d'une blessure au ventre infligée par un schizophrène qui avait quitté sans autorisation l'hôpital de Saint-Egrève (Isère). Il a notamment demandé la création d'un fichier national des hospitalisation d'office.

"La relation faite entre les malades hospitalisés sous contrainte et la dangerosité pour la société n'est pas la bonne", dit dans un communiqué le président de l'UNCPSY, le docteur Olivier Drevon.

"Le président de la République cherche une solution, il a raison, mais le fichier n'est pas une fin", ajoute le médecin.

Nicolas Sarkozy, qui a souvent lancé des réformes après des faits divers, avait procédé ainsi après une affaire analogue en août 2007. Un malade psychiatrique ayant assassiné deux aides-soignantes à Pau (Pyrénées-Atlantiques) venait d'être déclaré irresponsable pénalement.

"Le drame de Pau a été le déclencheur du plan de santé mentale en 2005, ceci dans la précipitation et le manque de concertation", regrette le docteur Drevon.

"On a vu le résultat : les associations ne sont toujours pas reconnues à leur juste place, les cliniques psychiatriques ont été exclues des mesures. Cette fois-ci l'Etat doit agir, mais sans se tromper de mesure", a-t-il ajouté.

Source : L'Express


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MessagePosté :14 nov. 2008, 20:04 
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Schizophrènes: "Il est nécessaire de modifier la loi"


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L'hôpital psychiatrique de Saint-Egrève où était interné le déséquilibré qui a tué un étudiant à Grenoble le 12 novembre.


Questions au Dr Yann Hodé, psychiatre à l'hôpital psychiatrique de Rouffach (Haut-Rhin), après le drame de Grenoble, où un déséquilibré a tué un passant.

Le drame de Grenoble aurait-il pu se produire n'importe où?

Aucun établissement n'est à l'abri d'un tel accident. L'enquête dira s'il y a eu des dysfonctionnements au niveau de l'hôpital. Il faudrait savoir s'il y a, dans le dossier du patient, des rapports d'incident qui se seraient produit les jours précédents et qui auraient dû alerter l'équipe. Il faudrait également savoir si le nécessaire a été fait pour que le patient prenne son traitement, au besoin sous la contrainte. Mais il est tout à fait possible que son suivi ait été fait dans les règles.

Faut-il remettre en question le principe des permissions?

Surtout pas. Ces permissions, accordées sans que la mesure de l'hospitalisation d'office soit levée, fonctionnent un peu comme la liberté conditionnelle. Elles permettent à l'équipe de préparer le patient à une sortie définitive, tout en maintenant une certaine pression. Au moindre écart, le patient est aussitôt réhospitalisé sans qu'il soit nécessaire de recommencer toute une procédure compliquée. La permission peut prendre la forme d'une simple promenade dans le parc de l'établissement ou celle d'un "congé d'essai", prévu dans la loi de 1990, avec retour à la maison pour le week-end, par exemple. Ici, à Rouffach, quand les patients sous le régime de l'hospitalisation d'office commencent à aller mieux, ils peuvent parfois être autorisés à aller marcher une heure dans le parc de l'hôpital ou à se rendre à la cafétéria, située dans un autre pavillon. L'enceinte n'est pas clôturée. Aujourd'hui, tous les hôpitaux psychiatriques sont ouverts sur l'extérieur.

Les patients atteints de schizophrénie sont-ils dangereux?

L'immense majorité des patients ne sont pas violents. La proportion ne dépasse pas 4 %, d'après la littérature scientifique. Ainsi, le risque, pour un individu, d'être tué par un inconnu n'est pas plus élevé que celui de mourir touché par la foudre. Le cas de Grenoble est donc tout à fait exceptionnel, d'autant que ce patient était suivi. Les malades les plus dangereux sont, au contraire, ceux qui se tiennent à l'écart de l'hôpital, ne sont pas traités, se sentent persécutés et prennent, en plus, des toxiques, par exemple du cannabis ou de l'alcool.

Faut-il changer la loi?

Oui, il est nécessaire de modifier la loi, et la commission Couty sur la réorganisation de la psychiatrie y réfléchit actuellement. L'association de familles de patients Schizo-Espoir, avec laquelle je travaille beaucoup, plaide pour que les psychiatres puissent contraindre certains patients à prendre leur traitement, même s'ils ne sont pas hospitalisés. Concrètement, cela implique que si un patient à risques ne se présentait pas au rendez-vous fixé tous les 15 jours pour recevoir son injection, le personnel soignant pourrait appeller les forces de l'ordre qui iraient le chercher chez lui le jour-même. Ce serait un net progrès, car cela permettrait de laisser sortir plus de patients de l'hôpital sans mettre la société en danger.

Que pensez-vous de la création d'un fichier des patients ayant subi une hospitalisation d'office?

Le risque est grand, si la police pouvait consulter un tel fichier, d'assimiler définitivement les malades mentaux à des criminels. Par ailleurs, cela reviendrait à cataloguer des patients pour toujours, alors que beaucoup ne connaîtront qu'une seule hospitalisation d'office dans leur vie. Le seul avantage que j'y verrais, ce serait que la police serait obligée de se montrer vigilante quand l'un de ces patients commettrait un acte en apparence anodin, mais qui annonce une crise beaucoup plus dangereuse

Source : L'Express


Modifié en dernier par Marathon le 02 déc. 2008, 19:36, modifié 1 fois.

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MessagePosté :21 nov. 2008, 10:16 
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Comme en boomerang, l'affaire réveille toutes les plaies de la psychiatrie. Le meurtre d'un jeune homme en pleine rue, mercredi 12 novembre, par un patient schizophrène échappé de l'hôpital psychiatrique de Grenoble, a secoué les équipes soignantes en santé mentale.

Comme après l'affaire du double meurtre de Pau, en 2004, commis par un ancien patient de l'hôpital psychiatrique de la ville, médecins et soignants témoignent de la crise profonde de leur discipline. "On ne parle de la psychiatrie que quand il y a des faits divers, s'alarme Séverine Morio, infirmière à l'hôpital parisien Maison-Blanche. Mais c'est toute l'année que nous sommes en difficulté. On organise les ruptures de soin en faisant sortir trop tôt les patients, et ensuite on s'étonne qu'il y ait des passages à l'acte..."


Sept syndicats ont dénoncé, mercredi 19 novembre, la suspension du directeur de l'hôpital psychiatrique de Saint-Égrève (Isère) décidée par le ministère de la santé à la suite du meurtre, le 12 novembre, d'un étudiant par un patient schizophrène en fugue. "La recherche précipitée d'un bouc émissaire deviendrait-elle une nouvelle façon de gouverner ?" s'interrogent-ils, évoquant une décision prise "en dehors de toute procédure instruite et argumentée d'imputation en responsabilité". Jeudi, Jean-Pierre Guillaud, le patient meurtrier, devait être mis en examen pour "homicide volontaire" après qu'une expertise a jugé son état de santé compatible avec une audition judiciaire. Le parquet de Grenoble devait requérir son placement en détention provisoire.


Le drame de Grenoble intervient dans un contexte de crise latente, les appels à la grève se multipliant dans les services de psychiatrie. A l'hôpital de la Conception à Marseille, une équipe a observé un mois d'arrêt de travail, en octobre, pour refuser l'arrivée d'un patient réputé très violent ; le 6 novembre, une centaine de salariés de l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu, à Lyon, ont débrayé pour protester contre l'agression d'une infirmière par un patient qui ne voulait pas sortir de l'hôpital ; mardi 18 novembre, des soignants des hôpitaux parisiens de Sainte-Anne, Esquirol et Maison-Blanche observaient également une grève pour "lancer l'alerte sur la dégradation de la psychiatrie en France".

De fait, malgré l'effort consenti par l'Etat au titre du plan santé mentale 2005-2008 (plus d'1,5 milliard d'euros consacrés surtout aux rénovations d'établissement), les hôpitaux psychiatriques sont soumis à une forte contrainte financière.

En vingt ans, 50 000 lits d'hospitalisation ont été fermés, sans que les structures alternatives de prises en charge (appartements et centres d'accueil thérapeutiques) aient été ouvertes en compensation. Comme les hôpitaux généraux, les hôpitaux psychiatriques doivent répondre aux impératifs de gestion médico-économique, qui imposent de rentabiliser au maximum les lits disponibles : "Résultat, on pratique de plus en plus une psychiatrie de turnover, de portes tournantes", s'insurge Nadia Missaoui, syndicaliste CGT à Maison-Blanche.

Les soignants souffrent de ne plus pouvoir s'occuper suffisamment de leurs patients. "Le mot d'ordre, c'est des hospitalisations de plus en plus courtes, de quelques jours seulement, alors que les traitements mettent trois semaines à agir, explique Mme Morio. Du coup, on met dans la rue des patients pas encore stabilisés et qui ne savent pas où aller." Il n'est pas rare que les soignants retrouvent leurs patients sur le trottoir, alcoolisés et délirants... avant qu'ils ne décompensent à nouveau et soient renvoyés à l'hôpital. "Le matin, on est rivés à nos plannings pour savoir quel patient on va pouvoir faire sortir parce qu'il y en a trois qui attendent dans le couloir, dénonce Agnès Cluzel, de l'hôpital Bichat. Et quand ils sortent, ils n'ont souvent que le numéro du SAMU social dans la main."

En face, les familles ont souvent un sentiment d'abandon. "Beaucoup de malades mentaux sont hors de tout soin, s'alarme Anne Poiré, écrivain, auteur d'Histoire d'une schizophrénie, Jérémy, sa famille, la société (éd. Frison-Roche). Les patients viennent d'eux-mêmes à l'hôpital et on ne les soigne pas. On est dans une situation de déni de soin et de non-assistance à personne en danger." Mme Poiré relate le cas d'une jeune femme qui avait fait une bouffée délirante. Sortie contre son gré de l'hôpital public, elle s'est présentée dans une clinique privée qui a refusé de la prendre et l'a renvoyée vers l'hôpital d'où elle venait. Sur le chemin, elle s'est suicidée.

Dans ce contexte, l'annonce par Nicolas Sarkozy, au lendemain du drame de Grenoble, d'un durcissement de la loi de 1990 sur l'hospitalisation sans consentement est perçue avec inquiétude par les soignants. Le président de la République veut créer un fichier des personnes hospitalisées d'office et durcir leurs conditions de sortie. "Nous sommes tous favorables à une réforme, mais nous refusons l'exploitation éhontée d'un fait divers pour servir la cause sécuritaire, s'insurge Norbert Skurnik, président du Syndicat des psychiatres de secteur. Qu'une population aussi inoffensive que les schizophrènes soit stigmatisée est inadmissible : ce sont nos patients qui sont en danger par manque de soins, pas l'inverse !"

Pourtant, la psychiatrie est loin de rester sourde aux injonctions sécuritaires. Confrontées à des patients agressifs du fait d'un défaut de prise en charge, les équipes recourent de plus en plus à la contention et aux chambres d'isolement. A côté des cinq unités pour malades difficiles (UMD), réservées pour des séjours de six à douze mois, se créent aujourd'hui des unités de soins intensifs psychiatriques (USIP) pour de plus courts séjours : l'hôpital recrée en son sein les murs qu'il a tenté d'abolir au début des années 1980.

"On est dans le paradoxe permanent, explique Serge Klopp, cadre infirmier. Au nom de la désinstitutionnalisation, on a fermé les lits et on nous dit aujourd'hui qu'il faut enfermer les plus dangereux. Alors on multiplie les placements en chambre d'isolement, parce qu'on n'a pas le temps de les soigner quand ils sont en crise. Comme on ne peut plus contenir l'angoisse du psychotique par une présence rassurante, ils passent à l'acte beaucoup plus souvent. Résultat, on est dans le rapport de force et la gestion de la violence." Entre sa mission de soin et l'impératif de sécurité qui s'impose à elle, la psychiatrie se débat de plus en plus dans les injonctions contradictoires.
Cécile Prieur - Journal Le Monde.


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MessagePosté :25 nov. 2008, 14:42 
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Hospitalisation d'office : les pistes de la réforme

Mieux encadrer les sorties des malades pour éviter des drames comme le récent meurtre d'un étudiant à Grenoble est l'un des axes du projet.

Les préfets vont recevoir dans les jours qui viennent une lettre d'instruction de Michèle Alliot-Marie, leur enjoignant de ne pas déléguer leur signature dans les dossiers d'hospitalisation d'office. Autrement dit, plus question de se contenter d'enregistrer l'avis du directeur des affaires sociales. «Car celui-ci a un avis médical, mais le préfet est en charge de l'ordre public», souligne-t-on au ministère. Le drame de Grenoble, où un étudiant a été tué par un schizophrène en fuite, a changé la donne.

Demandée par Nicolas Sarkozy après cette affaire, la réforme de l'hospitalisation d'office devrait être bouclée d'ici à la fin de l'année. Parmi les pistes étudiées, les experts veulent durcir le régime des sorties d'essai, l'un des maillons les plus faibles de la chaîne, notamment pour les malades mentaux déclarés irresponsables pénalement. D'abord, parce qu'une seule expertise suffit à autoriser les sorties. Deux certificats, sans doute de praticiens extérieurs, seraient exigés. Ensuite, parce qu'un patient qui ne se présente pas à l'heure ou au jour dit devant ses soignants devient en théorie fugueur mais ces derniers ne sont pas contraints de diffuser un signalement ou de lancer des recherches. La gestion de ces fugues est laissée à leur appréciation. De la même façon, l'alerte n'est pas systématiquement donnée, loin de là, lorsqu'un patient s'évade de son unité de soins. Les ministères envisagent encore de limiter les déplacements des irresponsables pénaux dans l'hôpital. La création d'un fichier national des personnes hospitalisées est étudiée. Actuellement, il existe - en principe - des fichiers départementaux ; mais ces données, conservées pendant un an, ne sont pas centralisées. À tel point que les préfectures ne peuvent vérifier que le demandeur d'une autorisation de détention d'arme n'a pas fait l'objet d'une hospitalisation d'office.

Associer les parties civiles

L'Élysée veut également «clarifier le partage des compétences administratives dans le pilotage des dossiers». Aujourd'hui, les demandes d'autorisation de sortie accompagnée arrivent rarement jusqu'à la préfecture. La plupart sont envoyées à la Direction des affaires sociales, voire pas adressées du tout. De leur côté, les équipes soignantes, confrontées à une fugue d'un malade hospitalisé d'office, considèrent que celui-ci relève de la responsabilité du préfet. À l'avenir, les services de police ou de gendarmerie pourraient être informés de la présence de malades qui ont déjà été jugés pour des crimes - ils seraient quelques centaines à travers l'Hexagone. La justice pourrait également être associée au suivi de ces personnes, après le jugement. Les parties civiles pourraient par exemple être informées des sorties d'hôpital, comme c'est le cas lorsqu'un condamné sort de prison



Psychiatrie : les fugues des malades sont fréquentes


Plusieurs affaires ont mis en lumière les failles de la prise en charge des patients dangereux.

Le dernier mur d'enceinte de l'hôpital Sainte-Anne, à Paris, sera démoli mardi, mettant un point final à la politique d'enfermement des malades mentaux d'avant-guerre. Tout un symbole, à l'heure où les ministères de la Santé, de la Justice et de l'Intérieur préparent leur réforme de l'hospitalisation sous contrainte. Aujourd'hui, l'hôpital psychiatrique, dont les failles viennent d'être pointées à l'occasion du drame de Grenoble, cherche un nouvel équilibre entre prise en charge humaine des malades et nécessaire protection de la société. «Sauf à sombrer dans le tout-sécuritaire, on ne peut empêcher les fugues», témoigne Dominique Valmary, directeur de l'hôpital Le Vinatier, à Lyon. Ici, comme dans la plupart des institutions françaises, la liberté de mouvement est aujourd'hui largement privilégiée : pas d'unités aux portes fermées, mais des services ouverts, avec des chambres d'isolement sécurisées pour les patients en crise. Et des malades autorisés à sortir dans le parc, seuls ou accompagnés, dès qu'ils sont stabilisés, conciliants et calmes. Du coup, les fugues sont fréquentes. «Dès que le cas se présente, les recherches sont lancées dans le parc par notre équipe de sûreté et la police est immédiatement prévenue», précise le directeur. Ailleurs, ce sont les infirmiers eux-mêmes qui partent, toutes affaires cessantes, dans l'ambulance du service à la recherche du fugueur. Mais il arrive aussi, paradoxalement que la fugue entraîne la levée pure et simple de l'hospitalisation d'office. Autrement dit le patient est dehors et il y reste.


Sorties accordées à l'essai

Mais c'est généralement à l'occasion des sorties accordées à l'essai que les patients s'enfuient. La mesure, à visée thérapeutique, est proposée par le médecin traitant et accordée par le préfet. Ce dernier, qui peut demander un contre-avis médical, doit toutefois se contenter d'informations sommaires et souvent peu explicites pour se prononcer. «L'administration n'a accès ni à l'histoire du patient, ni à ses antécédents, mais au seul événement qui a conduit à son hospitalisation d'office», confirme un directeur d'hôpital.

En psychiatrie, les «122» - le nom donné par les infirmiers aux patients déclarés pénalement irresponsables - sont pris en charge strictement de la même manière que les autres malades. Après la mise au point du traitement médical et une période d'observation, les premières tentatives de réinsertion peuvent intervenir très vite. « Elles sont en fait quasiment systématiques», confie une infirmière psychiatrique, citant l'exemple d'un schizophrène de 25 ans, à l'origine de deux tentatives de meurtres, qui continuait «sa fixation sur les couteaux et les hachoirs». Le jeune homme a fugué à l'occasion de son premier congé d'essai. Retrouvé par hasard par la police, il a été renvoyé à l'hôpital psychiatrique. «Son médecin a demandé un nouveau congé moins deux semaines plus tard !», selon l'infirmière. Un second avis a cependant été demandé par le préfet.

«On a peut-être poussé trop loin la logique de la réinsertion à tout prix, sans avoir les moyens de cette politique de soins en ville», avance une infirmière psychiatrique. Mais ce diagnostic est réfuté par le corps médical, comme par les directeurs d'institutions, qui redoutent la tentation d'un retour à l'enfermement systématique des patients. Depuis la mort de Luc Meunier à Grenoble, comme après le double meurtre de Pau, les psychiatres répètent ainsi que moins de 1 % des patients schizophrènes sont dangereux pour la société. «Statistiquement, le malade mental au sens large - en comptant les toxicomanes en crise de manque, les caractériels et les paranoïaques - est à peine plus dangereux que la personne dite normale, assure le Dr Norbert Skurnik, chef de service à l'hôpital parisien Maison- Blanche. Bien sûr, on peut réfléchir et améliorer la prise en charge. Mais, en se focalisant de manière excessive sur un drame, qui relève de l'exceptionnel, les pouvoirs publics risquent de réveiller dans la population la peur ancestrale du fou qui a fait de lui un souffre-douleur pendant des siècles.»

Source : Le Figaro


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MessagePosté :02 déc. 2008, 13:15 
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Nicolas Sarkozy en visite dans une unité de soins psychiatriques


C'est une première pour un Président français. Nicolas Sarkozy se rend mardi en fin de matinée dans une unité de soins psychiatriques d'Antony (Hauts-de-Seine).
Un déplacement sur le thème de l'hospitalisation en milieu psychiatrique, a précisé dimanche l'Elysée.
Le président a récemment réclamé une «réforme en profondeur» de l'hospitalisation psychiatrique, envisageant notamment le fichage des personnes hospitalisées d'office, après la mort d'un jeune homme poignardé par un homme échappé d'un hôpital à Grenoble.

Le chef de l'Etat sera accompagné dans sa visite de l'établissement Erasme par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, et le président du conseil général du département, Patrick Devedjian.

11h: Le syndicat Sud accueille les journalistes venus couvrir l'événement avec des banderoles portant l'inscription «L'hôpital n'est pas une prison». Ces mêmes journalistes sont soumis à une fouille dans les règles avant d'être conduits dans la salle où aura lieu le discours du Président.

11h10: Arrivée de Roselyne Bachelot qui tente une blague: «J'ai mis un manteau violet Carla».

11h30: Nicolas Sarkozy est arrivé à l'hôpital tandis que les journalistes sont toujours parqués dans un couloir.

11h40: Avant d'entamer son discours, le Président effectue une tournée dans les locaux de l'hôpital et en profite pour s'adresser au personnel et aux journalistes présents.

«C'est parce que notre société a voulu cacher ce qu'on appelle les fous que c'est la première fois qu'un président de la République visite un hôpital psychatrique», faisant ainsi référence au caractère inédit de ce déplacement.

«Je ne veux pas que les hôpitaux deviennent des prisons, mais il faut garantir la sécurité de celui qui est dans la rue», poursuit-il, avant de s'adresser directement au personnel: «Vous travaillez la pâte humaine dans ce qu'elle a de plus paroxystique».


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MessagePosté :02 déc. 2008, 19:24 
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Après le meurtre de Grenoble, Sarkozy promet 70 millions pour la psychiatrie


Trois semaines après la mort d'un étudiant, poignardé dans une rue du centre de Grenoble par un malade mental échappé d'un hôpital psychiatrique, Nicolas Sarkozy décide de frapper fort pour sécuriser ces établissements. Lors d'un déplacement dans une unité de soins spécialisée à Antony, dans les Hauts-de-Seine, le chef de l'État annonce un plan de sécurisation des hôpitaux psychiatriques d'un montant de 30 millions d'euros, auxquels s'ajoutent 40 millions pour la création de quatre unités pour malades difficiles (UMD), portant à neuf leur nombre sur le territoire français. Le plan comprend notamment une sécurisation des établissements psychiatriques, une réforme de l'internement d'office et l'instauration d'une obligation de soins "effective".

Le Président a ainsi promis "le dépôt d'un projet de loi réformant l'hospitalisation psychiatrique d'office en réservant aux préfets ou à la justice les autorisations de sortie". La décision de laisser sortir un patient, "ce doit être l'État ou, dans certains cas, la justice, pas l'expert", a déclaré le chef de l'État, ajoutant : "Il y a un État, une justice qui doivent trouver l'équilibre entre des intérêts et des points de vue contradictoires (...) C'est de la rencontre de ces points de vue - celui qui a la charge du patient et celui qui a la charge de l'ordre public - que l'on peut trouver le bon équilibre." Après le drame de Grenoble, le président de la République avait demandé aux ministres de l'Intérieur, de la Justice et de la Santé de lancer une "réforme en profondeur" de l'hospitalisation psychiatrique . Parmi les pistes étudiées par ces ministères figure justement un encadrement des "sorties d'essai" d'établissements psychiatriques, prises par les préfets après deux doubles avis de psychiatres et de deux procureurs de la République.

Nicolas Sarkozy a aussi évoqué un partage d'informations sur les hospitalisations d'office, sans mentionner explicitement la création d'un fichier national, comme il l'avait fait après le drame de Grenoble, suscitant aussitôt l'inquiétude des professionnels. "Le gouvernement s'assurera que les informations administratives sur les hospitalisations d'office soient partagées dans tous les départements avec un secret médical respecté de la façon la plus stricte," a-t-il dit. "Nous allons d'abord instaurer une obligation de soins en milieu psychiatrique (...) elle doit être effective, même en cas d'absence de la famille."

En 2004, un précédent drame s'était joué dans un établissement de Pau, où une infirmière et une aide-soignante avaient été tuées à l'arme blanche par un malade.

Source : Le Point


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MessagePosté :05 janv. 2009, 12:55 
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Que faire des malades psychiatriques dangereux ?

Retour à la case départ pour Joël Gaillard. Après six jours de fugue, ce schizophrène de 39ans a retrouvé jeudi l'hôpital Edouard-Toulouse, à Marseille. Pendant près d'une semaine, cet homme décrit comme "dangereux" a été le malade psychiatrique le plus recherché de France.

Avant son escapade pourtant, il coulait des jours paisibles, et plutôt tranquilles disent ses soignants, dans un service hospitalier ouvert. Déclaré pénalement irresponsable après le meurtre à la hache d'un octogénaire, Joël Gaillard n'a pas été jugé pour ce crime. Aujourd'hui,dans le cadre d'une enquête sur une agression au couteau qu'il aurait commise lors de sa fugue, le parquet réclame son placement en détention.

"On ne peut tout de même pas mettre tous les fous en prison, ni installer des barbelés autour des hôpitaux psychiatriques...", commente un psychiatre. Cette réflexion illustre bien toute la difficulté du problème. Car, l'actualité le montre régulièrement, le cas Joël Gaillard n'est pas isolé. Dans la région, un malade surnommé "Monsieur D", un colosse de 2 mètres qui ne supporte aucune frustration, sème la terreur dans tous les établissements qui sont contraints de le recevoir à tour de rôle.

Que faire de ces malades réputés "dangereux", dans des hôpitaux qui se veulent de plus en plus ouverts sur l'extérieur ? Le drame de Grenoble le 13 novembre dernier, où un schizophrène, échappé d'un hôpitala mortellement poignardé un étudiant de 26 ans est venu relancer le débat.

Pour l'heure, la seule solution proposée est l'unité pour malades difficiles (UMD), une structure sécurisée pour les patients "qui présentent un danger pour autrui". Mais les places sont rares: "4 UMD seulement pour toute la région (à Montfavet dans le Vaucluse NDLR), c'est très insuffisant", martèle le syndicat Sud Santé.

Résultat : "Les malades difficiles restent dans les services ouverts, au détriment des autres patients, dont la liberté est forcément restreinte", ajoute FO . D'autant que de plus en plus de détenus souffrant de troubles psychiatriques (30 à 50% de la population pénale) sont transférés à l'hôpital. Étrangement, la loi ne prévoit pour eux aucune surveillance policière.

Sur le modèle de l'"hôpital prison" (unité hospitalière sécurisée interrégionale, UHSI) qui fonctionne depuis 2 ans à Marseille (à côté de l'hôpital nord), les ministères de la santé et de la justice ont annoncé la création d'un "hôpital-prison psychiatrique" de 75 lits sur le site d'Edouard-Toulouse. La région attend la réalisation de cette UHSA (unité hospitalière spécialement ménagée) depuis près de 10 ans.

Source : La Provence


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