2.134 soignants, des infirmiers et des médecins, ont déclaré avoir pratiqué l'euthanasie. Ces soignants demandent une réforme législative sur l'euthanasie. « Nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir avec décence », peut-on lire dans un manifeste publié ce jeudi par le Nouvel Observateur.
Ainsi, c’est quelque 2.134 infirmiers et médecins qui déclarent avoir pratiqué l'euthanasie active tout en demandant au gouvernement de légiférer sur cette pratique répréhensible par la loi. L'euthanasie regroupe l'ensemble des méthodes qui permettent de donner la mort pour abréger une agonie, abréger une mort douloureuse.
« Parce que, de façon certaine, la maladie l'emportait sur nos thérapeutiques, parce que, malgré des traitements adaptés, les souffrances physiques et psychologiques rendaient la vie du patient intolérable, parce que le malade souhaitait en finir, nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir avec décence », peut-on lire dans ce manifeste.
Les signataires demandent l'arrêt des poursuites judiciaires et « une révision de la loi dans les plus brefs délais, dépénalisant sous conditions les pratiques d’euthanasie, en s’inspirant des réformes déjà réalisées en Suisse, en Belgique et aux Pays-Bas » ainsi « que des moyens adaptés permettant d’accompagner les patients en fin de vie, quels que soient les lieux (domicile, hôpital, maisons de retraite) et les conditions de vie. » En effet, l'euthanasie est autorisée, sous conditions, dans certains pays européens, comme la Belgique, le Danemark ou les Pays-Bas, pour certains malades atteints de maladies incurables.
En France, en avril 2005, une première réforme d'initiative parlementaire avait été adoptée pour permettre sous conditions l'arrêt des traitements à la demande des patients, ce que l’on appelle l’euthanasie passive.
En Allemagne, considérée comme un effet secondaire de la lutte contre la douleur, l'euthanasie indirecte est admise aussi bien par la doctrine que par la jurisprudence. En effet, dans une décision rendue le 15 novembre 1996, la Cour fédérale suprême a affirmé sa préférence pour une mort digne, sans souffrances et conforme à la volonté du patient, par rapport à la perspective d'une courte période de vie dans d'atroces souffrances. L'euthanasie est aussi de plus en plus tolérée dans les mêmes circonstances dans de nombreux autres pays, notamment en Suisse par le biais de l'association Exit Suisse (Autres Associations : Exit International , Dignitas , La Chrysalide ...). Au niveau européen, la Cour Européenne des Droits de l'Homme se montre très réticente à l'égard de l'euthanasie.
Cet appel en France est arrivé quatre jours avant l'ouverture du procès aux assises de la Dordogne, de Chantal Chanel, infirmière de 40 ans, et Laurence Tramois, médecin de 35 ans. Elles ont été accusées d' « empoisonnement » et encouraient trente ans de réclusion criminelle pour avoir administré le 25 août 2003 une dose mortelle de chlorure de potassium à une malade atteinte d'un cancer du pancréas en phase terminale.
Elles ont certes été condamnées à des peines de prison assorties du sursis, mais cette condamnation de principe et l'appel des 2134 soignants soulèvent à l'evidence un probleme éthique et juridique à l'evidence controversé...faut-il légaliser l'euthanasie?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Euthanasie
PERIGUEUX, Dordogne (Reuters) -16/03/2007-
Le procès d'un médecin et d'une infirmière accusées d'"empoisonnement" pour avoir aidé à mourir en 2003 une malade agonisante a relancé par un verdict très clément le débat sur l'euthanasie "active".
Alors que trente ans de réclusion étaient encourus, la cour d'assises de la Dordogne a sanctionné le docteur Laurence Tramois, 35 ans, d'un an de prison avec sursis sans inscription au casier judiciaire, ce qui lui permet de continuer d'exercer.
Elle a relaxé l'infirmière Chantal Chanel, 40 ans. Même si, comme le demandait le ministère public, l'interdit fondamental de donner la mort est confirmé, le caractère symbolique de la sanction ne fait qu'attiser les demandes d'une légalisation encadrée de l'euthanasie active.
Tout au long du procès, précédé par un appel public de 2.134 soignants en ce sens, les partisans d'une telle réforme ont affronté sur fond de campagne présidentielle les adversaires de l'euthanasie.
Le docteur Frédéric Chaussoy et Marie Humbert, qui avaient aidé à mourir en 2003 le jeune tétraplégique Vincent Humbert, ont lancé un appel pour une légalisation de l'aide à mourir "sous de strictes conditions et dans certains cas extrêmes".
Au procès, l'Ordre des médecins et le parquet général, représenté par Frédéric Bernardo et Yves Squercioni, ont réaffirmé la position officielle actuelle, selon laquelle la loi Leonetti, votée en avril 2005, est suffisante.
Cette loi a légalisé l'arrêt des traitements pour éviter l'acharnement thérapeutique et permet l'administration de médicaments anti-douleur aux mourants en doses massives, même si elles sont susceptibles d'entraîner la mort.
"COCKTAILS LYTIQUES"
"Notre droit est très en avance sur beaucoup de pays européens", a dit dans son réquisitoire Frédéric Bernardo. De telles dispositions n'existent pas dans le sud de l'Europe, a-t-il rappelé. Les unités de soins palliatifs, visant à mieux gérer la mort à l'hôpital, se sont développées, a-t-il ajouté.
"Est-ce que la dignité ne réside pas dans l'accompagnement du malade, plutôt que dans l'accélération de sa mort ?", a demandé l'avocat général.
En face, la défense des deux accusées et les associations telles que l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) ont souligné que cette loi ne réglait pas les cas tels que celui qui était examiné au procès.
Laurence Tramois a prescrit par écrit une dose de potassium mortelle à Paulette Druais, atteint d'un cancer en phase terminale, qui vivait, malgré des doses maximales de médicaments anti-douleur, une agonie cruelle avec tremblements, fièvre, escarres, incontinence urinaire, douleur et vomissement fécaux.
La vieille dame demandait à mourir, selon plusieurs témoins. Cette situation n'est pas rare en France où, fait plutôt spécifique en Europe, 75% des décès surviennent à l'hôpital.
"On a beaucoup de personnes très âgées en fin de vie, des personnes démentes atteintes de polypathologies, des corps très dégradés. On vit des situations horribles, épouvantables, où les familles peuvent même plus entrer dans les chambres", a raconté Chantal Chanel.
Elle a rappelé un fait connu mais encore tabou : les pratiques d'aide à mourir actives pour les cas extrêmes sont répandues de longue date dans les hôpitaux français.
Quand Chantal Chanel a commencé sa carrière au début des années 90, trois recettes de "cocktails lytiques" de médicaments - des mélanges ayant pour effet de provoquer la mort - étaient affichés dans le local des infirmières de l'hôpital de Saint-Astier, ont raconté à la barre plusieurs témoins.
Deux pays européens, la Belgique et les Pays-Bas, ont légalisé l'euthanasie active dans un cadre très rigoureux, a rappelé Frédéric Bernardo. La loi ne s'applique que dans les cas extrêmes : environ 350 euthanasies légales en 2004 et 2005 en Belgique, soit seulement 0,36% des décès.
Dans la campagne présidentielle française, seule Ségolène Royal s'est prononcée clairement en faveur d'une nouvelle législation sur l'euthanasie active.
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