Nous sommes le 18 avr. 2024, 09:21

Heures au format UTC+02:00




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [7 messages ] 
Auteur Message
MessagePosté :22 mars 2007, 00:04 
Hors ligne
administrateur
Avatar du membre

Enregistré le :12 mars 2005, 23:41
Messages :616
Procès en appel de la SNCF sur la déportation des Juifs

BORDEAUX (Reuters) - Le commissaire du gouvernement a de nouveau demandé à la Cour administrative d'appel de Bordeaux d'annuler la condamnation de la SNCF pour son rôle dans la déportation de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

La condamnation visée a été prononcée le 6 juin dernier par le tribunal administratif de Toulouse et portait sur quatre membres de la famille du député européen des Verts Alain Lipietz.

La cour qui examinait pour la deuxième fois ce dossier, mais cette fois en séance plénière, a mis sa décision en délibéré au 27 mars.

Pour le commissaire du gouvernement, Didier Péano, la SNCF, seule à avoir fait appel, n'a agi que dans le cadre "d'actes qui relèvent de la police administrative" et à ce titre ne peuvent être imputés qu'au prescripteur, à savoir l'Etat français qui, lui, n'a pas fait appel.

Comme lors de la précédente audience, il n'a relevé aucune "faute distinctive de la SNCF" qui seule aurait pu justifier sa mise en cause.

Me Rémi Rouquette a, au nom de la famille Lipietz, estimé que la responsabilité de la SNCF ne faisait aucun doute d'autant que ses dirigeants de l'époque étaient des "antisémites" notoires.

Pour lui, la SNCF n'a pas agi sous la contrainte. "Son principal moyen est en effet qu'elle aurait été réquisitionnée alors qu'elle a collaboré activement", a-t-il plaidé.

Il a accusé l'entreprise d'avoir fait preuve de "zèle", de "cupidité » et d'"indifférence" en maltraitant les Juifs qu'elle transportait.

Pour la SNCF, Me Michel Guénaire a souligné que l'entreprise agissait dans le cadre de la "réquisition" de l'Etat de Vichy qui lui-même était aux ordres des Allemands.

L'Etat français et la SNCF avaient été condamnés en juin, pour la première fois, en raison de leur rôle dans la déportation de Juifs sous l'occupation allemande.

L'Etat avait été condamné à verser 25.000 euros à l'oncle d'Alain Lipietz, 15.000 euros au député européen et à sa soeur.

Le tribunal avait en outre condamné la SNCF à verser 12.500 euros à l'oncle d'Alain Lipietz, 7.500 euros à l'eurodéputé et à sa soeur. L'Etat et la SNCF avaient à verser 1.000 euros à chacun des plaignants au titre des frais judiciaires.


Haut
   
 Sujet du message :
MessagePosté :22 mars 2007, 00:30 
Hors ligne
Avatar du membre

Enregistré le :12 juil. 2005, 21:20
Messages :232
Localisation :Ile de France
Ce qui m'étonne surtout dans ce procès, c'est que les victimes (ou leur famille) portent plainte seulement 60 ans après les faits. Tout cela n'a-t-il pas été instruit après la guerre lors des différents procès qui ont eu lieu dans le cadre de la collaboration et de la déportation ?

Et si cela n'a pas été fait au lendemain de la guerre pourquoi attendre 60 ans pour déclarer ces faits ? Et pourquoi une seule famille ? Après la famille Lipietz, y aura-t-il d'autres familles qui vont entamer la même démarche ?

_________________
[b][url]http://www.presume-coupable.com[/url][/b]


Haut
   
 Sujet du message :
MessagePosté :22 mars 2007, 00:43 
Hors ligne
administrateur
Avatar du membre

Enregistré le :12 mars 2005, 23:41
Messages :616
oui c'est très intriguant


Haut
   
 Sujet du message :
MessagePosté :22 mars 2007, 01:52 
Hors ligne
Avatar du membre

Enregistré le :12 juil. 2005, 21:20
Messages :232
Localisation :Ile de France
Je pense également que ce n'est pas contre la SNCF que les victimes devaient porter plainte, mais contre ses dirigeants de l'époque.

_________________
[b][url]http://www.presume-coupable.com[/url][/b]


Haut
   
 Sujet du message :
MessagePosté :27 mars 2007, 23:56 
Hors ligne
administrateur
Avatar du membre

Enregistré le :12 mars 2005, 23:41
Messages :616
mardi 27 mars 2007, 17h10
Déportation de la famille Lipietz: la condamnation de la SNCF annulée en appel


BORDEAUX (AFP) - La cour administrative d'appel de Bordeaux a annulé mardi la condamnation de la SNCF pour le transport vers le camp de Drancy, sous l'Occupation, de plusieurs membres de la famille Lipietz, qui a décidé de continuer son combat "devant le Conseil d'Etat".

La famille du député européen Verts Alain Lipietz avait obtenu en juin 2006, devant le tribunal administratif de Toulouse, la condamnation de l'Etat et de la SNCF à lui verser des indemnités.

Pour la première fois en France, une juridiction avait retenu la responsabilité de l'entreprise ferroviaire conjointement à celle de l'Etat.

Seule la SNCF avait fait appel de cette condamnation solidaire (avec l'Etat) à verser une somme totale de 62.000 euros aux requérants, les ayants droit du père du député européen, Georges Lipietz, et son oncle.

En mai 1944, arrêtés après avoir été dénoncés par des voisins comme juifs, Georges Lipietz, son demi-frère et leurs deux parents avaient été transférés en train vers le camp de Drancy, antichambre des camps d'extermination.

"Nous irons en Conseil d'Etat", a déclaré lors d'une conférence de presse Hélène Lipietz, la soeur du député européen, elle-même conseillère régionale Verts d'Ile-de-France. "Nous ne sommes absolument pas découragés et toujours aussi optimistes", a-t-elle ajouté, expliquant que sa famille allait continuer le combat de son père, décédé en avril 2003.

Rémy Rouquette, avocat de la famille Lipietz, s'est dit "un peu déçu de la motivation de cet arrêt", dont il a jugé les arguments "faibles": "on a dix malheureuses lignes (de motivations) pour botter en touche", a-t-il regretté.

Dans son arrêt, la cour administrative d'appel de Bordeaux a relevé que la SNCF était "une personne morale de droit privé" et que ce "litige relève de la compétence des juridictions de l'ordre judiciaire", déclarant ainsi le tribunal administratif incompétent pour juger du transport de juifs.

Sans statuer sur le fond, la cour précise que ce transport ne peut être regardé comme "l'exécution d'un service public administratif".

De son côté, l'avocat de la SNCF, Me Yves Baudelot, s'est félicité de cette décision, affirmant sur France 2 que la société publique "n'avait pas de marge de manoeuvre, elle était sous une double contrainte, celle des autorités allemandes et celle de l'Etat français".

Il avait martelé, lors de deux audiences successives devant la cour administrative d'appel de Bordeaux, en audience simplifiée le 30 janvier puis en séance plénière le 21 mars, l'"importance considérable" que prendrait la décision de la cour d'appel.

Me Baudelot avait indiqué que l'entreprise avait déjà été "saisie de 1.800 demandes semblables" d'indemnisations, après le jugement de première instance.

Plusieurs avocats, qui représentaient des parties civiles au procès Papon à Bordeaux, ont réagi mardi.

Me Gérard Boulanger, qui conseille aujourd'hui une vingtaine de familles ayant intenté des actions contre la SNCF sur la même base que les Lipietz, a déploré que la cour n'ait pas tranché sur le fond du dossier.

Me Arno Klarsfeld a, au contraire, accueilli une "décision salutaire". "Condamner la SNCF aurait créé une dilution de la responsabilité de ceux qui se sont rendus coupables de crimes contre l'humanité ou de complicité de ces crimes", a déclaré à Me Klarsfeld, qui conseille la SNCF dans une procédure en cours aux Etats-Unis.

Des responsables des principales institutions juives (Crif, Consistoire) se sont également déclarés satisfaits de la décision de la cour administrative d'appel de Bordeaux.


Haut
   
 Sujet du message :
MessagePosté :28 mars 2007, 00:03 
Hors ligne
administrateur
Avatar du membre

Enregistré le :12 mars 2005, 23:41
Messages :616
Il semble que les requèrants aient invoqué les critères cumulatifs de "service public", (une personne de droit privée peut être en charge d'un service public) et de "prérogatives de puissance publique" (une personne privée peut parfaitement en être dépositaire pour la gestion d'un service public)... Donc compétence des juridictions administratives.. Mais il semble également que la Cour administrative d'appel de bordeaux n'ait pas retenu la pertinence de ces critères concernant la SNCF à l'époque des faits... L'Etat ayant décidé et agi par réquisition, hors du cadre de la mission du service public dont la SNCF était en charge... Celle-ci n'ayant par ailleurs, pas fait usage de prérogatives de puissance publiques (la SNCF n'a pas par elle-même exercé une quelconque compétence exorbitante du droit commun !!).... D'où incompétence des juridictions administratives... Donc compétence judiciaire.
Selon la cour administrative d'appel de Bordeaux, donc, le tribunal administratif s'est prononcé en première instance sur des compétences qu'il n'avait pas....


Haut
   
 Sujet du message :
MessagePosté :18 mars 2008, 15:59 
Hors ligne

Enregistré le :24 juil. 2005, 16:25
Messages :294
Citation :
Je pense également que ce n'est pas contre la SNCF que les victimes devaient porter plainte, mais contre ses dirigeants de l'époque.
Lorsque tu parles des dirigeants de l'époque, penses-tu à des personnes physiques (le maréchal Pétain, Laval, Bousquet, Darquier de Pellepoix et autres sympathiques figures de cette triste époque) ou à une personne morale que l'on appelait à l'époque l'Etat français ?

Si tu t'adresses aux personnes physiques, je ne pense pas qu'il en reste beaucoup de vivantes à l'heure actuelle.

Si tu penses - ce que je crois - à l'Etat français, je pense que ce concept est sujet à interprétation. C'est d'ailleurs l'argument qu'a toujours avancé Mitterand (qui avait ses petites raisons personnelles de préférer qu'on ne s'apesentisse pas trop sur ce thème ...) pour refuser de demander pardon au nom de la France pour les crimes de Vichy, Vichy n'étant, selon lui, pas la France.

Si on s'en tient à cette affirmation, je ne vois vraiment pas contre qui les victimes françaises de la déportation pourraient se retourner, sinon effectivement - faute de mieux - contre la SNCF ....

Si l'on considère par contre qu'il y a un devoir de continuité au niveau des responsabilités gouvernementales, je pense que les victimes pourraient être habilitées à porter plainte contre l'état, tout simplement.

J'aurais personnellement tendance à retenir cette dernière interprétation du concept "état".

Car sinon, cela peut aller très loin. C'est ainsi par exemple qu'en poussant le raisonnement Mitterand jusqu'au bout, on pourrait soutenir qu'une personne comme Sceznec n'a pas droit à contester sa condamnation sous prétexte qu'elle n'a pas été prononcée sous la Vème république, que la France actuelle n'est pas responsable de la législation et des erreurs judiciaires de la France des années 20, etc.


Haut
   
Afficher les messages postés depuis : Trier par 
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [7 messages ] 

Heures au format UTC+02:00


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 3 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas modifier vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages
Vous ne pouvez pas joindre des fichiers

Rechercher :
Aller à :  
Développé par phpBB® Forum Software © phpBB Limited
Traduit par phpBB-fr.com