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MessagePosté :04 nov. 2008, 13:28 
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Des soins insuffisants en détention


Michel Fourniret, Jean-Paul Leconte, Jean-Luc Blanche… notre région a payé un effroyable tribut aux meurtriers et violeurs en série.

Quelles solutions existe-t-il aujourd'hui pour le suivi des criminels sexuels en fin de peine ?
Le docteur Roland Coutanceau, l'un des meilleurs spécialistes des délinquants sexuels, insiste sur l'importance de la prise en charge en prison : « Des techniques de groupe se mettent en place, notamment à la prison de Caen. L'androcure (la camisole chimique) est un autre outil efficace, à condition que le patient soit demandeur. Le bracelet électronique permet également une surveillance, une fois la personne libérée. Cela me paraît néanmoins moins dissuasif que l'accompagnement social où l'on se rend au domicile pour rappeler au détenu en libération conditionnelle qu'il est surveillé. »

Les associations de victimes militent depuis toujours pour un meilleur contrôle des criminels sexuels remis en liberté. Elles ne sont pas étrangères à la loi sur la rétention de sûreté.
« Si cette loi avait existé, on aurait évité au moins huit victimes de Fourniret », rappelle Dahina Le Guennan, présidente de l'association Vies (Victimes en série), elle-même agressée par Fourniret. Jean-Pierre Escarfail, président de l'Apacs, père d'une jeune fille assassinée par Guy Georges, refuse de parler de « perpétuité déguisée ». « Il s'agit de soigner des gens. Et cela peut évidemment durer longtemps.

Les associations se battent avec virulence contre des réductions de peines automatiques alors que certains bénéficiaires n'ont aucune volonté de se soigner ou de s'amender. Et puisque la rétention de sûreté ne sera pas effective avant plusieurs années, les associations se raccrochent à l'amélioration de la prise charges des criminels en milieu carcéral. Une obligation rappelée avec fermeté par le Conseil Constitutionnel.
.«Il faudra des moyens considérables », tempère Thierry Cordelette, représentant régional UFAP, le principal syndicat des surveillants de prison : « Cette loi est une immense hypocrisie. C'est un désaveu des magistrats et des psychiatres qui accordent des libérations conditionnelles à des détenus dangereux. Que les condamnés effectuent déjà leur peine jusqu'au bout. Ensuite, comment expliquer à une personne libérée que vous la retenez alors que sa condamnation a été levée ? Ce sera ingérable pour les surveillants. »
Autre polémique : l'évaluation de la dangerosité. Jean-Philippe Vicentini, procureur de la République à Cambrai, maître de conférence à l'Université de Reims s'en étonne : « Depuis toujours des médecins statuent sur la dangerosité en permettant aux préfets d'autoriser des internements d'office. Pourquoi ces mêmes médecins ne seraient-ils pas capables d'évaluer les criminels sexuels ? »

Source : L'union L'Ardennais


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MessagePosté :06 nov. 2008, 08:35 
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Enregistré le :31 janv. 2008, 14:52
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Le concept de dangerosité d’un détenu est très difficile à évaluer»

Philippe Carrière, administrateur à l’Observatoire international des prisons, a exercé dix ans en milieu carcéral en tant que responsable du service médico-psychiatrique du Centre. Il relate son expérience…

Vous avez exercé la profession de psychiatre pendant dix ans en milieu carcéral, parfois au contact de délinquants sexuels. Comment sont-ils pris en charge en prison ?

L’organisation des soins en prison date de la loi de janvier 1994. Alors qu’ils dépendaient de l’administration pénitentiaire auparavant, ils passent à cette date dans le giron du ministère de la Santé. Depuis, les différents établissements pénitenciers ont signé des conventions avec l’hôpital le plus proche de la prison qui leur fournit du personnel médical, généralistes et psychiatres, pour assurer le suivi des détenus. Les soignants officient par vacation ou temps complet. Ils exercent en prison, dans des Services médico-psychiatriques régionaux (SMPR), mais font partie de l’hôpital et sont indépendants de l’administration pénitentiaire.

Qu’un médecin n’ait pas accès au dossier judiciaire de son patient semble aberrant. Le cas de Francis Evrard, qui s’est fait prescrire du Viagra par son médecin de prison, soulève le problème de l’accès au dossier judiciaire du détenu suivi. Comment cela se passe-t-il?

Ce dossier, soumis au secret, reste entre les mains des greffes. Les médecins n’y ont pas accès, tout comme les surveillants. Cette logique évite de stigmatiser un détenu. Néanmoins, les psychiatres, qui doivent travailler avec le détenu sur les raisons de sa présence en prison, sont avertis du motif d’incarcération. Depuis la loi de 1998, ils peuvent demander au juge l’accès aux expertises psychiatriques du détenu lors de son procès. Les généralistes n’en ont pas besoin pour soigner les détenus. On peut juste reprocher au médecin qui a prescrit le Viagra un manque de prudence, sachant que 80% des détenus de la prison de Caen sont des délinquants sexuels.

Comment se déroule le suivi psychiatrique d’un délinquant sexuel?

Durant la période d’emprisonnement, le détenu n’est pas soumis à l’obligation de soins. Il est donc libre de les demander ou de les refuser au juge, qui le voit tous les six mois pour faire le point sur sa peine et lui proposer un suivi. Travailler en prison le plus tôt possible reste la meilleure solution car cela permet de sensibiliser le détenu à sa sortie, afin qu’il poursuive le travail entamé. Le suivi psychiatrique est délicat à mettre en place car nous ne sommes pas tenus informés de la date de sortie du détenu ou de sa mutation dans une autre prison. La thérapie entamée peut donc s’arrêter du jour au lendemain sans que nous n’y puissions rien. A sa sortie de prison, le détenu soumis a une obligation de soins doit trouver lui-même un médecin à l’extérieur. S’il n’en a pas, un médecin coordonnateur lui fournit des noms. Néanmoins, un tiers des départements français n’en ont pas. Le relais entre détention et libération ne fonctionne donc pas très bien. C’est pourquoi nous avons souvent demandé l’ouverture d’une consultation psychiatrique externe, comme c’est le cas dans les prisons de Rouen et de Lille, afin que les détenus reviennent nous voir.

Un délinquant sexuel peut-il guérir?

C’est forcément l’hypothèse sur laquelle il nous faut partir. L’aide psychiatrique se concentre sur le passage à l’acte, qu’il s’agit d’éviter. Si l’affaire Evrard révèle un manque de contrôle social, je ne suis pas certain que l’enfermement en hôpital soit une bonne solution. Cette proposition suppose que l’on ne juge plus un individu sur ses seuls actes mais également sur sa dangerosité. Or, ce concept fait encore l’objet d’étude et est très difficile à évaluer, avec une marge d’erreur énorme.

Vous avez exercé dans le centre pénitentiaire de Châteauroux et dans la maison centrale de Saint-Maur, qui lui est rattachée, puis à Saint-Brieuc. Combien de soignants étiez-vous alors ?

A Châteauroux, nous étions 3 médecins à mi-temps, dont deux à Saint-Maur. A Saint-Brieuc, un médecin généraliste venait tous les matins tandis que j’étais présent deux demi-journées par semaine.

Le Syndicat de la magistrature et Elisabeth Guigou évoquent un manque de moyens…
Aujourd’hui, nous choisissons de bien travailler avec les détenus motivés, ceux capables de prendre du recul sur leurs actes et dont la sortie est prévisible. Nous laissons les autres. Il est difficile de chiffrer les besoins mais nous manquons effectivement de temps et de personnes. Les besoins varient en fonction de la rotation des détenus, très forte dans les maisons d’arrêt où les médecins doivent rencontrer tous les nouveaux arrivants, plus faible dans les centre de détention où les peines sont plus longues. De plus, le milieu carcéral ne séduit pas les jeunes médecins : les conditions de travail y sont très difficiles, non pas à cause des détenus mais de la position inconfortable du médecin, coincé entre l’hôpital et l’administration pénitentiaire et sous l’œil de la Ddass et des médias.

Source : 20 Minutes


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