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MessagePosté :13 déc. 2008, 18:01 
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Enregistré le :31 janv. 2008, 14:52
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Enlèvements d'enfants : une « rage de l'envie »

Diango a quitté l'hôpital d'Orthez hier. Pour certaines femmes, le désir d'enfant peut être extrêmement puissant, traduisant parfois un rapport perturbé à la maternité, mais le vol d'un nourrisson reste une situation très particulière.
«IL y a des femmes qui voudraient avoir des enfants sans limites, qui ne peuvent jamais accepter qu'à un moment donné elles ne soient plus mères », explique la psychiatre Anne-Laure Simonnot.
La grossesse, la maternité et au final l'enfant sont pour certaines femmes « une plénitude, un accès à la fois à un pouvoir, une toute puissance, et à la fois à quelque chose qui leur semble idéal », estime-t-elle, tout en soulignant qu'il ne s'agit pas de porter un diagnostic sur la ravisseuse d'Orthez (lire ci-dessous).
Selon ses proches, cette femme de 48 ans, mère de six enfants et mariée pour la 3e fois à un homme de 37 ans, parlait régulièrement de grossesses, sur fond de désir d'enfant.
Pour le Dr Simonnot comme pour le psychologue et criminologue Jean-Pierre Bouchard, l'enlèvement d'un nourrisson reste « tout à fait exceptionnel ». « Entre avoir un fantasme d'enlèvement d'enfant et le réaliser, il y a une marge », ajoute Léa Karpel, psychologue.
M. Bouchard distingue plusieurs cas de figure dans les mobiles du passage à l'acte « liés à la psychologie féminine intime ».
Le premier relève de « rapports pathologiques au désir d'enfant », « des rapports symbiotiques, des rapports d'accaparation des enfants à naître ». Dans un deuxième cas de figure, la possibilité d'avoir des enfants devient importante parce qu'elle peut « maintenir l'équilibre du couple ».
Ces deux facteurs peuvent aussi se conjuguer chez des femmes qui cumulent un rapport pathologique à la maternité et des problèmes de couple.
« On est dans un rapport assez pathologique au besoin d'être enceinte, besoin d'enfanter qui fait que des femmes sont capables de se persuader de cela, de persuader l'entourage jusqu'à commettre ces actes hyper rares et quelquefois dangereux pour les nourrissons », estime M. Bouchard.
« Il nous faut la chose », résume Mme Karpel qui parle de « rage de l'envie ». « Cette rage envieuse fait qu'en général les couples infertiles se détournent des bébés dans la rue ou des femmes enceintes, parce qu'ils savent que c'est inaccessible ».
Pour une femme qui a déjà des enfants, Mme Karpel estime que se pose un problème d'identité, d'un « besoin d'enfant pour exister ».
« Ne pas s'arrêter d'avoir des enfants, avoir des enfants encore et encore, c'est quelque part un désir d'éternité », indique de son côté le Dr Simonnot.
« On peut comprendre que pour des femmes qui aiment les enfants, c'est un deuil pour elles d'y renoncer, mais d'habitude elles y renoncent », ajoute-t-elle.
« Seulement une petite quantité de gens peuvent être considérés comme irresponsables », souligne M. Bouchard. « Tous les autres sont des gens responsables sur le plan pénal même si on peut quelquefois expliquer partiellement ou totalement leur geste de par leur passé ou leur évolution personnelle. »
Dans le cas d'Orthez, « est-ce qu'on est dans une hypothèse exclusivement pathologique, exclusivement conjugale ou dans quelque chose de mixte ? C'est l'enquête qui le dira », conclut le spécialiste

Source : L'Union L'ardennais


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MessagePosté :14 déc. 2008, 11:07 
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Orthez. Maman et « voleuse » de bébé

Dominique, 48 ans, a été placée en hôpital psychiatrique pour l'enlèvement de Diango. Récit de la dérive de cette mère de six enfants.

Le bébé, Diango.qu'est-ce qui a conduit Dominique D., 48 ans, cette mère de famille de Billère, dans les Pyrénées-Atlantiques, à enlever, mardi dernier, à la maternité de l'hôpital d'Orthez, Diango, un bébé de 2 jours (1) ? Vendredi soir, cette maman de six enfants a été mise en examen pour « enlèvement et séquestration de mineur de 15 ans ». Au terme de trois heures d'audition, la justice, qui a décidé de ne pas l'emprisonner, l'a placée sous contrôle judiciaire avec « obligation de soins sous le régime de l'hospitalisation compte tenu de ses difficultés psychologiques ». Pour Alexandrine Barnaba, son avocate, « les éléments du dossier démontrent que son acte, son désir d'enfant permanent, est la conséquence d'une grande souffrance ». Les proches de Dominique eux-mêmes avaient bien remarqué que « ça ne tournait pas très rond dans sa tête », comme l'explique Gérard, son frère aîné, qui a permis son interpellation. C'est lui qui a alerté les gendarmes, mercredi matin, en leur disant que sa sœur lui avait envoyé la veille, depuis son téléphone portable, une photo du petit Diango et un message qui disait qu'elle venait de le mettre au monde toute seule chez elle. « Quand j'ai vu l'appel lancé à la télé, j'ai tout de suite pensé qu'elle pouvait être la ravisseuse. Plusieurs fois elle m'a annoncé qu'elle était enceinte. Mais, à chaque fois, quelques mois après, elle disait avoir fait une fausse couche. Bien sûr, comme plusieurs autres membres de la famille, on ne la croyait plus. Elle m'a même expliqué qu'elle s'était fait ligaturer les trompes pour ne plus avoir d'enfant. Puis, qu'elle s'était fait réopérer pour en avoir à nouveau. Souvent, je lui ai dit : arrête de raconter des histoires ! Elle se mettait alors en colère. J'ai culpabilisé d'avoir téléphoné aux gendarmes. Mais, finalement, je sais que j'ai bien fait car si à cause de tout le tapage médiatique elle avait pris peur, on ne sait pas ce qu'elle aurait pu faire du bébé ».

Gérard se souvient aussi qu'elle s'inventait des maladies : « A l'entendre, elle avait eu plusieurs cancers. En septembre 2007, lors de mon remariage, elle m'a juré que celui qui la rongeait était généralisé et qu'elle n'allait pas tarder à mourir. Et puis, quelques semaines plus tard, comme ça, sans traitement, elle clamait qu'elle était guérie ».

Sa belle-mère rapporte également, qu'elle tenait de surprenants propos. « Elle nous a annoncé au moins huit grossesses ! Alors, je ne croyais pas plus en celle-là qu'aux autres, même si elle se comportait réellement comme une femme enceinte en disant qu'elle avait des nausées. Elle nous certifiait même avoir passé des échographies mais que les clichés n'avaient pas permis de déterminer le sexe du bébé. Jamais, bien sûr, et pour cause, elle ne nous les a montrées. Tout cela n'était que de l'invention. Il n'y avait que Frédéric, mon fils, pour la croire. Il faut dire que l'amour qu'il lui porte l'a carrément rendu aveugle. Lorsque j'ai entendu à la télé qu'on recherchait une femme qui venait de voler un bébé, j'ai tout de suite pensé que ça pouvait être elle. Mais, finalement je me suis dit : Oh non, quand même pas ». Elle assure que cette idée « a également effleuré l'esprit de Frédéric », 37 ans, qui l'a épousée en 2002.

C'était le 3e mariage de Dominique. La première fois, elle s'était unie à 18 ans, à Pau, avec un jeune garçon qu'elle avait connu près de Périgueux où elle vivait avec ses parents et ses neuf frères et sœurs. « Son mari s'est engagé dans l'armée à Pau, poursuit Gérard. C'est pour ça qu'ils étaient allés vivre là-bas. Ensemble, ils ont eu 3 enfants. Lorsqu'il est parti en mission outre mer, ils se sont séparés parce qu'elle avait rencontré un de ses camarades de régiment avec qui elle s'est ensuite remariée ». Lui aussi lui a donné trois enfants.

« Je croyais ma femme enceinte «

Frédéric est lui aussi traumatisé par ce qui s'est passé : « Je suis sous le choc. Ma vie est bouleversée. Je ne comprends pas comment on en est arrivé là. Je suis effondré. Oui, c'est vrai, je croyais ma femme enceinte comme elle me l'avait dit. Elle avait pris du ventre. Quand j'ai vu dans le journal que la photo du nourrisson était celle de l'enfant qui était chez moi, j'ai été comme foudroyé. Mon beau-frère a fait le bon choix d'appeler les gendarmes. Heureusement, tout s'est bien terminé pour le bébé ». Hier, l'avocat de Dominique D. a laissé entendre « que Frédéric pourrait rester présent auprès de sa femme pour l'épauler dans sa thérapie, dans son travail de reconstruction ».

Gérard pense que Dominique a été très affectée par le décès de leurs parents. « Il y a sans doute eu pour elle une cassure à ce moment-là. Mon père était chauffeur routier. Il s'est tué dans un accident de la route lorsqu'elle n'avait que 13 ans. Quatre ans plus tard, c'est ma mère, femme au foyer, qui est décédée. Elle est alors allée vivre plusieurs mois chez une tante. Ce changement de vie brutal l'a beaucoup marquée. ça lui a fait un choc terrible. Je me souviens que plus petite, elle adorait pouponner mes petits frères et petites sœurs. Elle s'est d'ailleurs toujours très bien occupée de ses enfants. Elle avait choisi de ne pas travailler pour se consacrer complètement à eux ».

Gérard, comme d'autres, se dit persuadé que « Dominique craignait de perdre Frédéric si elle ne lui donnait pas un enfant. Pour ne pas le décevoir, elle n'a pas osé lui révéler qu'elle n'était pas enceinte et a enlevé le bébé ».

Les voisins aussi croyaient Dominique enceinte : « Elle nous parlait souvent de sa joie d'être une nouvelle fois maman, assure l'un d'eux. Elle avait d'ailleurs pris du ventre. Elle nous avait même montré sa chambre qu'elle avait préparée avec amour et les vêtements qu'elle avait spécialement achetés pour lui. Pour elle, les gosses c'est ce qu'il y a de plus beau au monde disait-elle souvent ».

Quant aux parents de Diango, ils sont satisfaits de l'issue de cette affaire. « Pendant 20 heures nous avons vécu l'enfer, mais nous n'avons aucune haine contre cette femme. Elle est forcément en souffrance. Je pense qu'on doit l'aider. Elle a besoin de soins et ce n'est pas la prison qui aurait arrangé les choses ».

Tant qu'elle n'est pas jugée, elle est présumée innocente.


Interview. Sophie Marinopoulos, psychologue clinicienne, psychanalyste, consultante, exerce au CHU de Nantes.

« Une femme dans une souffrance intense»
Sophie Marinopoulos est l'auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels « Dans l'intime des mères», « Le corps bavard», « La vie ordinaire d'une mère meurtrière» (Fayard).

LA DÉPÊCHE DU DIMANCHE : Enlever un bébé, ce n'est pas courant…

Sophie MARINOPOULOS : C'est extrêmement rare. J'ai eu deux situations de cet ordre dans ma carrière. Avec des dénominateurs communs : des femmes dans une logique psychique personnelle en dehors de toute réalité. Des femmes qui prennent un bébé dans un lieu de naissance non pour devenir mères de l'enfant, même si elles mettent tout en scène pour le faire croire, mais pour répondre à un manque abyssal qui les met dans une souffrance intense et avec l'idée qu'en possédant ce qui leur manque, en l'occurrence l'enfant, elles iront mieux. Ce n'est pas parce qu'on est en manque d'enfant qu'on va voler celui du voisin ! ça répond bien à une problématique personnelle. Les experts diront si cette Dominique D. est sur un versant psychotique ou non. Ce qui est clair, c'est qu'elle ne s'identifie pas du tout aux besoins d'un bébé, Elle ne s'est pas posée la question de savoir ce qu'il pouvait ressentir dans cette séparation. Elle est dans quelque chose qui répond à son besoin propre, son manque existentiel.

DDD : Et elle a pris le premier bébé venu…

S.M. : Elle ne l'avait sans doute pas repéré avant. Si le bébé n'avait pas été seul, si les portes de la maternité avaient été fermées, elle n'aurait pas osé commettre l'acte.

DDD : C'est un désir d'enfant ou de bébé en particulier qui la motivait ?

S.M. :
C'est pour combler un manque, ça dépasse même complètement la notion d'enfant. Dans cette logique psychologique, le récit qu'elle a bâti était abracadabrant. C'est pour cela qu'on l'a retrouvée si facilement.

DDD : D'une manière plus générale, la maternité, c'est accéder à un pouvoir ?

S.M. : C'est une période de déstabilisation. Ne pas accéder à la maternité aussi, c'est un renoncement. On le voit dans les situations d'infertilité : ça déstructure la personne. La pensée autour de l'enfant avant même qu'il soit « fabriqué» peut provoquer des perturbations.

DDD : Mais Dominique D. avait déjà des enfants ?

S.M. : Ce n'est pas parce qu'on a un enfant qu'on est son parent ! On voit des parents défaillants qui ont un lien juridique, certes, un lien de réalité avec leur - ou leurs - enfants, mais qui n'ont aucune aptitude à être le parent dans un lien de construction et de maturation… Avec ce drame très médiatisé, on se pose à nouveau des questions parce que l'enfant, idéalisé, est devenu un personnage très particulier dans notre société : qu'est-ce qu'être père ou mère ?

DDD : Dominique D. avait 48 ans. Un âge où il est difficile d'avoir un bébé...

S.M. : Le renoncement à la maternité se fait, dans la plupart des cas, dans l'apaisement. Il y a chez les femmes une maturation psychologique accompagnant leur «horloge biologique». Dans ce cas précis, il y a eu dérive du comportement.

Source : La Dépêche


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