Disparition de Stéphane / « Mon fils est vivant ! »
Dans le dossier sur la disparition de son fils, Samuel Kameugne n'envisage à aucun moment la mort de Stéphane. Il exclut également la thèse de la fugue pour privilégier l'hypothèse d'un enlèvement ou d'une séquestration.
MONSIEUR KAMEUGNE, vous effectuez régulièrement la navette entre le Val-de-Marne et Châlons pour suivre l'enquête sur la disparition de Stéphane. Où en est-on ?
Samuel Kameugne : « Les recherches sur le terrain sont suspendues depuis samedi. Actuellement, les policiers ne veulent privilégier aucune piste et toutes les hypothèses sont envisagées. Je pense que depuis aujourd'hui (mercredi), le procureur a transmis le dossier à un juge d'instruction. Voilà où on en est à ce jour. »
Vous connaissez bien Stéphane, quelles sont vos convictions quant à sa disparition ?
« Je reste convaincu que mon fils est vivant. Il a peut-être été enlevé ou bien se trouve-t-il séquestré quelque part, tout est possible. Une chose est certaine : Stéphane n'avait aucun souci professionnel, familial ou affectif. Il n'a absolument pas pu organiser une fugue. »
Comment pouvez-vous être aussi affirmatif ?
« Je lui fais entièrement confiance. Il ne m'a jamais déçu. Il n'est pas du genre à avoir des secrets pour sa famille. Samedi, lorsque je l'ai eu au téléphone pour la dernière fois, Stéphane me disait qu'il serait chez nous, en famille dimanche. J'ai essayé de le joindre ce jour-là mais je n'ai commencé à m'inquiéter qu'à la nuit tombée. Lorsque je l'ai appelé sur son portable, je suis tombé directement sur sa messagerie. »
Justement, on a souvent évoqué son téléphone portable. Qu'en est-il à ce propos ?
« On n'a plus revu Stéphane après 4 heures du matin et pourtant, selon les policiers, il aurait fonctionné jusqu'à 8 h 25. Il a même été repéré à l'intérieur ou autour de l'enceinte de l'Ensam. J'ai contacté Orange qui m'a dit que le portable était éteint. »
Les témoins affirment que Stéphane était ivre au moment de sa disparition.
« Mon fils n'est pas quelqu'un qui a l'habitude de boire mais quel que soit son état d'ébriété, Stéphane ne constituait aucunement un danger pour autrui. Ce n'est pas un provocateur et il fuit les bagarres. »
Justement, parlez-nous un peu de sa personnalité.
« Stéphane est Camerounais mais né en France. Il a un grand frère, un petit frère et une petite sœur avec qui il s'entend très bien. C'est quelqu'un qui a eu un parcours brillant mais qui n'a jamais suscité de jalousie. Je me souviens d'une année scolaire au cours de laquelle il a effectué sa rentrée près de 20 jours après ses camarades. Ce jour-là, il y avait une interrogation écrite et Stéphane a obtenu la meilleure note, ce qui a amusé ses camarades. Ses origines n'ont jamais été un obstacle et il n'a jamais évoqué des problèmes de racisme à son encontre. Il avait reçu son diplôme d'ingénieur aux États-Unis et le samedi 7 décembre, on lui en avait remis un second, celui de l'Ensam. »
Comment s'est passée sa vie châlonnaise ?
« Il est resté près de deux ans et demi à Châlons. Il vivait à l'intérieur de l'Ensam comme bon nombre de ses camarades de promo. Il possédait un vélo et n'hésitait pas à parcourir 3 à 4 km, été comme hiver pour aller donner des cours à trois ou quatre lycéens. Il savait s'occuper. Le sport, les cours, les copains, les sorties en ville, Stéphane est vraiment quelqu'un de très sociable. Il était bien connu des commerçants de Châlons car très reconnaissable avec la blouse de l'Ensam. Aujourd'hui, les parents des jeunes à qui il donnait des cours de rattrapage sont inquiets. »
Votre avocat a évoqué l'hypothèse d'un bizutage qui aurait peut-être mal tourné. Qu'en pensez-vous ?
« Durant ses années à l'Ensam, Stéphane n'a jamais parlé de bizutage, je suis catégorique. Mais c'est vrai qu'on m'a invité à démentir l'hypothèse du bizutage qui aurait mal tourné. Non, Stéphane n'a été ni acteur ni victime de bizutage. Il est quelque part, près de l'Ensam. J'ai visité la bibliothèque de l'école, là où Stéphane s'est reposé. Aucun objet n'a été cassé alors qu'on affirme qu'il était ivre… »
La ville se mobilise
La photographie ainsi que les éléments descriptifs de Stéphane Kameugne seront intégrés sur la page d'accueil du site Internet de la Ville :
www.chalons-en-champagne.net
La municipalité châlonnaise a décidé de s'associer aux recherches en diffusant sur son site un avis de recherches et une photo du jeune étudiant disparu depuis maintenant 11 jours.
On peut ainsi lire : Ce jeune diplômé de l'ENSAM de 24 ans qui a disparu durant la nuit du samedi 6 au dimanche 7 décembre (vers 4 heures du matin) pourrait se trouver aujourd'hui en région Champagne-Ardenne (Châlons-en-Champagne, Epernay, Troyes, Reims), en Ile de France, en France ou à l'étranger.
Stéphane Kameugne mesure 1, 90 m, son poids est de 90 kg et il porte des lunettes.
Si des personnes sont susceptibles d'apporter des informations sur cette disparition, il est conseillé de contacter le commissariat de Police de Châlons-en-Champagne au 03.26.66.27.27.
« Aujourd'hui, je marcherai pour mon fils »
« Même seul, je participerai à cette marche silencieuse ». Samuel Kameugne a confirmé hier, qu'il se trouverait bien dans les rangs de cette marche qui débutera à 16 heures de l'Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers. « Je marcherai pour mon fils. C'est le minimum que je puisse faire pour lui ». Une seule inconnue pourtant : combien seront-ils à marcher aux côtés du père de Stéphane ? « Au départ, cette manifestation devait être à l'initiative de l'association d'élèves de l'ENSAM », explique t-il. « Puis, j'ai moi-même demandé les autorisations nécessaires à la préfecture afin d'obtenir rapidement les documents ». Pour lui, cette manifestation ne doit avoir qu'un seul but : « venir en complément de ce qui a déjà été fait par voie de presse et par l'intermédiaire des affiches déposées partout dès le lundi suivant la disparition de Stéphane. Il faut que cette marche silencieuse incite les témoins de ce qui a pu se passer le jour du gala de l'ENSAM, à se manifester auprès des autorités ».
Samuel Kameugne ne sait pas si les élèves de l'ENSAM seront nombreux à participer à cette opération. « La dernière fois que j'ai vu le directeur de l'école, c'était mardi ». Il semblerait que leur emploi du temps n'autorise pas l'ensemble des étudiants à se joindre à la manifestation.
C.L
Source : L'Union L'ardennais