JUSTICE PROC?S EN DIFFAMATION ? ROUEN
Affaire de la Josacine : l'hypothèse de l'accident domestique en appel
LE MONDE | 16.02.06 | 13h43 ? Mis ? jour le 16.02.06 | 13h43
Rouen, envoyé sp?cial
La justice a une nouvelle fois examiné, mercredi 15 février, ? Rouen, le livre du journaliste du Monde Jean-Michel Dumay intitul? Affaire Josacine Le poison du doute (Stock, 2003), après que Jean-Michel Tocqueville, qui poursuivait l'auteur pour diffamation, et le parquet eurent fait appel du jugement de relaxe prononcé par le tribunal correctionnel du Havre, le 21 novembre 2005 (Le Monde du 23 novembre 2005).
M. Tocqueville est au coeur de l'hypothèse de l'auteur mettant hors de cause Jean-Marc Deperrois dans la mort d'Emilie Tanay, le 11 juin 1994, cons?cutive ? une ingestion de cyanure. Ce chef d'entreprise a été condamné ? vingt ans de réclusion criminelle pour empoisonnement avec pr?m?ditation, le 25 mai 1997. Rejetant le sc?nario criminel retenu par la justice, M. Dumay explore dans son livre-enquête une autre hypothèse : celle d'un accident domestique qui aurait été dissimul?. Le jour du drame, Emilie, 9 ans, avait été confi?e ? la garde des époux Tocqueville.
La cour d'appel a concentr? son attention sur des ?coutes téléphoniques sur lesquelles M. Dumay s'est appuy? pour mettre en doute la culpabilité de M. Deperrois. En date du 16 juin 1994, elles rendent compte de trois conversations entre M. Tocqueville et l'un de ses amis, Denis Lecointre, qui avait apport? un flacon de Josacine empoisonné ? l'h?pital où l'enfant avait été admise. M. Lecointre y parle de ce produit que "t'as mis dans la Josacine". Plus tard, le même dit ? M. Tocqueville : "De t'façon, on est bien clair, nous on s'est pas vus dans la journ?e." A l'audience, M. Dumay a en outre rapport? la r?action de Mme Tocqueville, lorsqu'il lui avait lu le contenu de l'?coute : "Alors c'est lui, c'est mon mari !"
Plaidant pour M. Tocqueville, Me Malka Kreizel-Debleds a estim? que M. Dumay s'était montr? "d'une particuli?re mauvaise foi". "Il fait croire au public que personne n'a vu les ?coutes téléphoniques", alors qu'elles figuraient dans le dossier, lors du procès d'assises en 1997. Sur ce point, l'avocate s'est fait reprendre par le président de la cour, Roland Catenoix ; il lui a signal? que M. Dumay disait seulement que "ni Lecointre, ni Tocqueville n'(avaient) été interrog?s sur les conversations écoutées".
Me Kreizel-Debleds a r?clam? 100 000 euros de dommages et intérêts pour son client "d?moli par cette affaire".
Au nom du minist?re public, l'avocate générale, Am?lie Cladi?re, a reproch? ? l'auteur de ne pas avoir explor? d'autres hypothèses que celle de l'accident. "Car des hypothèses, il y en a des tas", a-t-elle soulign?, requ?rant une amende de 10 000 euros.
Me Yves Baudelot a reconnu la diffamation, mais soutenu la vérité des propos rapport?s et la bonne foi de M. Dumay, qui a r?uni en cinq ans d'autres éléments que les ?coutes. L'avocat a demandé ? la cour de confirmer le jugement de relaxe du Havre, où le tribunal avait reconnu le caract?re "plausible" de l'hypothèse d?fendue par le journaliste. Arr?t le 12 avril.
Pascal Ceaux
Article paru dans l'?dition du 17.02.06
(c)
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