Copie de la lettre de Roland Agret adressée aux Hautes instances Judiciaires
Communiqué du 21 Novembre 2008 par Roland Agret
A Monsieur le Président de la République ,
Madame la Ministre de la Justice ,
Madame la Présidente de la Commission des Révisions,
Depuis bientôt 15 ans, Dany Leprince est incarcéré à tort.
15 ans d’acharnement et d’égarements, coupables d’un monstrueux bêtisier judiciaire, aux limites de l’imaginable et de la folie.
Que l’on en juge : Pour affirmer que Dany Leprince est coupable il faut, en toute conscience et raison, répondre oui aux questions suivantes.
Sur le dossier :
- Martine Compain a donné 4 versions différentes, pour le moins extraordinaires, dont 2 à retardements.
Peut-on être certain qu’elle a dit la vérité ?
- Sa fille Célia, au moins 3 versions différentes et progressives, qui contredisent fortement sa mère, peut-on être certain qu’elle a dit la vérité ?
- Du fait que l’une et l’autre soient au même moment, au même endroit, décrivant une même scène, sans se voir ni s’entendre, est-ce possible ?
- Dans le dossier, on a soulevé la possibilité « d’un angle mort » pouvant masquer l’une à l’autre. Lorsque l’on connaît les lieux, leur promiscuité, on se demande bien par quelle gymnastique cérébrale il faut passer pour dresser un tel constat, à plus forte raison que Célia ne voit pas sa mère jusqu’au lendemain matin. Un exploit. Mais soit, supposons un angle mort, masque t-il la voix, puisque la fille, à quelques mètres, n’entend pas sa mère qui dit crier ?
- Que l’une dise que les chiens sont enfermés dans le garage et ne jappent pas, que l’autre affirme qu’elle les fait sortir de la maison et qu’ils se mettent « à gueuler », est-ce normal ?
- Que l’une dise qu’elle découvre les corps gisants et que l’autre, simultanément, entende des hurlements, est-ce toujours normal ?
- Madame Froger, avec ses différentes versions, induites par Paris Match et des étincelles de mémoire retrouvée 2 ans après, peut-on vraiment lui donner tout crédit ?
- Madame Hatton, qui porte la voix de Solène (2 ans au moment du drame) avec son amie Froger, peut-on sérieusement la croire ?
- L’experte Daligand : Que vaut aujourd’hui son travail si l’on tient compte des notes de Gérard Lopez, expert près la Cour d’Appel de Paris, qui démontre parfaitement la superficialité de son rapport, de la déclaration de la tante maternelle de Solène, qui affirme que la petite ne s’est jamais souvenu de rien, et encore à ce jour. Cette expertise est-elle fiable ?
- Selon cette experte, Solène aurait tout vu, passé la nuit entière près des corps suppliciés, ses pieds auraient été ensanglantés. Considérant que la chambre de la gamine est intacte, que son lit, ses draps, son pyjama, ne sont pas maculés lorsque le docteur Buzard la retrouve, est-ce possible ? Est-ce également possible que, dans cette posture, Solène soit retrouvée non traumatisée ?
- Si l’on considère, fort raisonnablement, que l’instant du massacre peut se situer à l’instant où le pot de yaourt tombe des mains de la pauvre Brigitte. Quelle heure peut-il être ? Elle a téléphoné à son père à 20 heures 55 et les petites sont en culottes, prêtes à se coucher. Il doit être 21 heures 05 tout au plus. Si tel est le cas, Dany a t-il pu commettre cette boucherie immonde, sachant qu’il est rentré vers 21 heures 30 ?
- Et même en jouant de l’élastique sur les horaires, pouvait-il commettre cette tuerie en 3 minutes, le temps que Martine, selon elle, sorte les reliefs de repas aux chiens et le voit frapper son frère ?
- Dany Leprince pouvait-il ne pas laisser la moindre empreinte sur les lieux de la tragédie ?
- Pouvait-il laisser des traces ADN, de pas, qui ne lui appartiennent pas ?
- Je m’interroge sur le fait que madame la juge Brunetière ait pu, au cours de sa reconstitution, affirmer que Dany a tué tout le monde et qu’il ait attendu Christian pour l’assassiner à son tour. Il arrive d’où ? Quand ? On ne sait pas.
Est-ce que cela cadre avec son dossier et les bribes d’aveux rétractés (concernant son frère uniquement) extorqués à Dany ?
Cette version inédite est-elle issue d’éléments reposant sur des faits établis ?
- L’enquête a-t-elle été menée avec toute la rigueur qu’imposait cette tragédie ?
- L’instruction a-t-elle été sans faille et d’une objectivité absolue ?
- Les recherches scientifiques et comparaisons ADN ont-elles été satisfaisantes, si l’on sait qu’elles ont été au nombre de 6, incluant les 4 victimes ?
- Page 40, dernier paragraphe du réquisitoire définitif, on peut lire :
« Il est constant que Dany Leprince a reconnu avoir tué son frère Christian, sa belle sœur Brigitte et ses nièces Sandra et Audrey… »
Est-ce une affirmation honnête ? Est-ce la vérité ?
- La Cour d’Assises disposait-elle de tous les éléments plaidant pour l’innocence de Dany Leprince ?
Qui peut oser répondre oui à toutes ces questions ?
A défaut, preuve est déjà établie de la non culpabilité de Dany Leprince et que la Cour d’Assises de la Sarthe a été fourvoyée de façon hallucinante.
Eléments nouveaux et autres questions
- Sur le couteau à manche jaune retrouvé dans le tiroir de Martine Compain, ex épouse Leprince, les éléments transmis par la Commission nous apprennent que l’ADN mêlé avec celui de la petite Audrey, alors resté inconnu, est compatible avec celui de sa tante Martine. Il s’agit donc d’un ADN transporté.
Est-ce la pauvre petite qui a pu transporter un autre ADN que le sien ?
- Laurent Rousseau, interrogé, reconnaît son coup de téléphone à madame Marie-France Rouxel, qui a confirmé et apporté des détails supplémentaires.
L’un comme l’autre, pouvaient-ils inventer des éléments, depuis vérifiés, qui n’ont été révélés que fin 2005 ?
- Le capitaine de Police a confirmé sa lettre à madame la Ministre , à propos des confidences qu’il a reçues de Yves Compain, oncle de Martine.
Si l’on sait à présent que Yves Compain a également confirmé ses confidences, ajoutant que Martine allait souvent chez ses parents, accompagnée par son ami gendarme, qu’il avait peur de son frère Bernard, père de Martine, parce qu’il été armé.
Mentent-ils forcément tous les deux ?
- Les enquêteurs ont reconnu ne pas avoir vu l’escalier escamotable, ni le grenier. Laurent Rousseau a dit que, lorsqu’il était dans ce grenier dans l’attente de fuir, les gendarmes ne sont pas monté et ne l’ont pas découvert. Pouvait-il deviner cet oubli des gendarmes ?
Qui peut répondre oui à ces questions, en toute raison, en toute conscience ?
Seule une certaine « raison judiciaire », aussi insaisissable qu’impitoyable a été capable de le faire, de haute voltige intellectuelle.
- A-t-elle sacrifié un homme qui n’avait même pas un droit d’Appel ?
A cette seule dernière question, sans hésitation, avec horreur, je réponds oui.
Je rappelle que nous en sommes à 6 victimes – Christian, Brigitte, Audrey et Sandra, massacrés. Le père de Brigitte mort de chagrin et Renée Leprince suicidée de désespoir. Sans compter Dany Leprince, séquestré depuis 15 ans, qui ne peut pas être le tueur de Thorigné sur Dué.
Depuis plus de 2 ans ½, la Commission des Révisions a ordonné un complément d’enquête…
Cela exprime clairement qu’un doute sérieux existe, quant à la dite culpabilité de Dany Leprince. Et en vérité, il n’y a pas qu’un seul, mais à foison ! Et cela n’interpelle personne, puisque selon la lettre de loi, un seul doute doit bénéficier à l’accusé ?
Faudra t-il d’autres victimes innocentes pour que la Justice daigne presser le pas et reconnaître qu’il fait jour le jour et nuit la nuit ? Bien que très soutenu par sa femme Béatrice, Dany tangue, son père est très mal, survivant avec une drame en plus : le suicide de sa Renée.
Dany Leprince doit-il encore rester l’otage, la chair à principe d’un terrible déraillement judiciaire ?
Cette dramatique situation d’urgence, visant un travail de réhabilitation de la Justice , (qui ne pourra pas en faire l’économie, tant le consensus autour de cette affaire est fort) passe obligatoirement par sa remise en liberté, de quelle façon que ce soit.
Il ne manque qu’un souffle de raison, de courage, de vérité et d’humanité.
Et ce souffle ne peut venir que des hautes autorités, ultimes remparts contre l’erreur judiciaire, que j’interpelle bien solennellement aujourd’hui.
Dans cette attente, j’ai aussi mal que honte à ma Justice.
Aussi tristement que respectueusement.
Roland Agret
Le 20 novembre 2008.
Source : Groupe Renée Leprince
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