« Une société se juge à l’état de ses prisons ».
Le tableau des prisons françaises est accablant pour notre République et les valeurs qu’elle porte. Accablant aussi pour chacun d’entre nous, en ce qu’il bafoue le respect de la dignité de la personne humaine. Notre système carcéral est à bout de souffle et la situation ne fait qu’empirer.
Plus de 60 600 détenus en 2006 en France. Une densité carcérale moyenne de 116 détenus pour 100 places - avec des pics à 238 détenus pour 100 places dans six établissements ! La surpopulation des prisons françaises va croissant, entraînant un flot d’effets dévastateurs : brutalisation, violence quotidienne, reproduction du système malfrat, anéantissement de l’individu dans sa dignité.
A cela s’ajoute des conditions carcérales dégradantes : un détenu dispose en moyenne de 4,8 m², quand ce n’est pas de moins de 3 m², comme pour 20% d’entre eux. L’entassement de trois, voire quatre détenus, dans une cellule de 9 m² est devenu une pratique courante, là où elle ne devait être qu’une dérogation ponctuelle à la loi.
Cette situation place les personnels de l’administration pénitentiaire dans des conditions de pression psychologique souvent intenables. Ces conditions de travail pénibles, où le manque de personnel est patent, freinent le suivi individualisé des détenus, et diminuent, par conséquent, leurs chances de réinsertion.
Enfin, le manque de moyens et l’ossification de nos pratiques pénales font perdre à la sanction toute sa force et tout son sens. La punition n’est rien là où la dignité n’est pas.
La surpopulation carcérale, dans tout ce qu’elle a d’inhumain et d’humiliant, constitue un terreau favorable à la récidive. Entrer en prison aujourd’hui, c’est apprendre à y retourner.
L’état de notre système pénitentiaire est donc moralement inacceptable et politiquement inefficace.
http://www.dsk2007.net/Constat,110.html