Marseille : les surveillants en colère bloquent les Baumettes


Surpopulation carcérale, tâches accrues, absence de considération

Au petit matin, ils ont crié leur colère. Une colère froide, venue du fond du ras-le-bol pénitentiaire, avec calicots, écharpes aux couleurs syndicales et tee-shirts barrés de la mention: "Notre grade n'est plus reconnu". Pour la première fois depuis 2002, FO, l'Ufap et la CGT, les trois mouvements ancestraux de la pénitentiaire, ont bloqué hier matin les Baumettes à Marseille dans l'unité syndicale. Deux heures durant, ils auraient voulu chanter, mais ils n'avaient pas trop le coeur à cela.

"Là-dedans", comme ils disent, dans le "chaudron", la surpopulation carcérale a atteint 148%: 2013 détenus pour 1360 places et c'est au quartier des hommes que la situation est la plus préoccupante. Un surveillant pour 140 détenus: voilà la moyenne. Avec des tâches accrues. "À la moindre erreur, on nous menace de sanction. On n'a plus le soutien de la hiérarchie", confie un surveillant. "La parole du personnel pénitentiaire ne vaut pas plus que celle d'un détenu", déplore Gérard Migliorini, délégué FO. Les agressions physiques se multiplient. "Pour un manque de tabac, une absence de courrier ou une douche qui ne vient pas", glisse-t-il. Les agressions verbales ne se comptent plus. Khalid Belyamani, délégué CGT, est amer: "On aurait beaucoup de raisons de justifier ce mouvement, mais c'est surtout le manque de considération du personnel." Certains évoquent la suspension sans ménagement de deux collègues, à la suite de mises en cause par des détenus.

Rien qui vienne renforcer l'envie de travailler en détention où les horaires sont lourds, le contact rude et les problèmes d'hygiène récurrents. Aujourd'hui, la ministre de la Justice recevra les 200 directeurs de prisons, quelques jours après la publication "d'instructions" sur le traitement des détenus à risques. La détention manque ces temps-ci sérieusement d'air. Et ce n'est pas l'absence de grâces estivales qui a fait souffler de l'oxygène sur les 9m² réglementaires.

Source : La Provence