Le procès Ferrara proche de son épilogue, mais des zones d'ombre subsistent
Le procès Ferrara s'approche de son épilogue avec un réquisitoire prévu mercredi, à l'issue de deux mois de débats très tendus ayant laissé des zones d'ombre sur les complicités dont a bénéficié le braqueur multirécidiviste pour s'évader de Fresnes en 2003
procès Ferrara s'approche de son épilogue avec un réquisitoire prévu mercredi, à l'issue de deux mois de débats très tendus ayant laissé des zones d'ombre sur les complicités dont a bénéficié le braqueur multirécidiviste pour s'évader de Fresnes en 2003.
Avec deux semaines de retard sur le calendrier initial, en raison des incidents à répétition liés aux conditions de détention des accusés, les avocats généraux, Anne Vosgien et Jean-Paul Content, devraient requérir mercredi, a indiqué lundi la présidente Janine Drai.
La cour d'assises de Paris entendra ensuite les plaidoiries des avocats de 18 des 21 accusés, trois d'entre eux dont Antonio Ferrara ayant quitté le procès. Puis elle devrait se retirer pour délibérer le 9 ou le 10 décembre, ont estimé les avocats.
Une tâche qui s'annonce ardue pour les jurés tant le doute demeure sur la composition du commando venu libérer "Nino" du quartier disciplinaire, en faisant exploser deux portes et en arrosant de tirs d'armes automatiques deux miradors, le 12 mars 2003.
Parmi les complices présumés, un seul, le Corse Dominique Battini, a reconnu au procès sa participation au commando. Gravement blessé au point de perdre un oeil dans une explosion, il a laissé son ADN à Fresnes et ne pouvait nier l'évidence.
Tous les autres assurent qu'ils n'étaient pas là. Or ils sont 12 au total - dont l'avocat Karim Achoui et le surveillant de prison Hocine Kroziz - à se voir reprocher une tentative d'assassinat (ou complicité) sur les deux surveillants des miradors, crime puni de la prison à vie.
L'autre accusation, la plus fréquente, est la participation à une association de malfaiteurs.
L'un ou l'autre admet d'ailleurs, selon les cas, avoir prêté les clés d'un logement, acheté des pansements pour soigner Battini, détenu des armes illégalement, usé de portables sous un faux nom, fourni de faux papiers à Ferrara ou lui avoir apporté une voiture en cavale à Saint-Raphaël (Var).
Certes certains accusés ont des liens étroits, ont grandi dans les mêmes cités, avec des parcours de délinquant parfois semblables, mais ils ne sont pas pour autant proches de Ferrara ayant un intérêt à le faire évader, souligne Me Romain Boulet, avocat d'un assaillant présumé qui nie.
Les débats ont montré que tout le commando n'est sans doute pas dans le box. Quatre traces d'ADN retrouvées à Fresnes, notamment sur des étuis de munitions, n'ont jamais été identifiées, a témoigné le Dr Olivier Pascal fin octobre.
En définitive, après deux longs mois d'audience, bien malin qui parviendrait à savoir exactement qui a fait quoi, s'accordent à dire les avocats.
Pour Me Philippe Valent, le flou résulte de "la manière complètement décousue" dont se sont articulées les auditions de témoins (une petite centaine) et l'écoute des innombrables conversations téléphoniques versées au dossier.
"On passait de l'une à l'autre sans explication de texte, sans mise en perspective avec les charges retenues", déplore l'avocat. "Aux assises on consacre en général une journée par accusé, là ça n'a pas du tout été le cas", ajoute-t-il.
Hocine Kroziz, accusé d'avoir fourni explosif et téléphone portable à Ferrara, a battu le record de l'audition la plus longue. Il a un rôle clé pour l'accusation car en 2005-2006 il a mis en cause à lui seul une demi-douzaine de ses coaccusés, dont Karim Achoui.
Lundi matin l'avocat parisien s'est défendu d'avoir été en contact dès octobre 2002 avec des proches de Ferrara qui évoquaient déjà à l'époque un projet d'évasion.
Source : Le Point