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 Sujet du message : 96 suicides depuis le debut 2008
MessagePosté :09 oct. 2008, 21:42 
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87 suicides recensés en prison depuis le début de l'année 2008
09.10.08 | 21h03


Le Monde.fr
uatre vingt-sept détenus se sont suicidés en prison depuis le début de l'année, un chiffre qui comprend l'adolescent de 16 ans décédé lundi à Metz, a-t-on appris jeudi soir auprès de l'Administration pénitentiaire (AP).

Un autre mineur de 16 ans, qui venait d'être transféré du quartier pénitentiaire pour mineurs de Metz-Queuleu à Strasbourg, a tenté de mettre fin à ses jours jeudi après-midi et était en début de soirée dans un état critique au CHU de Strasbourg-Hautepierre, selon un syndicaliste de l'Union fédérale autonome pénitentiaire (Ufap) d'Alsace-Lorraine.



La ministre de la Justice, Rachida Dati, était venue jeudi matin à la prison de Metz-Queuleu pour y annoncer des mesures visant à prévenir les suicides de détenus mineurs


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MessagePosté :10 oct. 2008, 07:16 
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Suicides de mineurs en prison: «C'était: tu veux obtenir quelque chose, une nouvelle cellule, et bien pends-toi


C’est une série noire. Quatre tentatives de suicide par pendaison dans le quartier des mineurs de la prison de Metz-Queuleu en cinq jours. Trois ont été décrochés à temps, mais Nabil, 16 ans, y a laissé la vie dans la nuit de lundi à mardi. Les premières conclusions de l’enquête laissent apparaître un système de chantage collectif, les jeunes tentant d’obtenir des réponses favorables à leurs demandes en mettant leur vie en danger.

Ce jeudi, c’est un mineur de 16 ans incarcéré à la maison d'arrêt de l'Elsau, à Strasbourg, qui a tenté de se suicider par pendaison, en tout début d’après-midi. Deux jours après avoir été transféré du fameux quartier des mineurs de la prison de Metz-Queuleu. Il a été transféré à l'hôpital de Hautepierre, où il se trouvait jeudi soir dans un état critique.

Carlo Di Eiglio, secrétaire général de la CGT-pénitentiaire pour l’Alsace-Lorraine et surveillant à Metz-Queuleu depuis huit ans, a expliqué à 20minutes.fr les dessous d’une dérive mortelle.

D’abord, peut-on lier le cas de Strasbourg à ceux de Metz?

Le garçon en question vient de Metz, où il a assisté à trois des tentatives de suicide de ses camarades de coursives. Il a vu tout ça, il y a donc un lien. De là à dire qu’il est rentré dans une logique de chantage vis-à-vis du personnel pénitentiaire, comme les autres jeunes… Il y a des suppositions qu’on ne peut pas se permettre pour l’instant.

Quelle est cette logique de chantage dont vous parlez?

C’est quelque chose de tout à fait unique. Des jeunes prêts à se prendre pour des demandes qu’on peut parfois qualifier de futiles, c’est un phénomène nouveau.

Il n’est pourtant pas rare que des détenus se tailladent les bras pour qu’on réponde favorablement à leur demande…

Oui, mais là, ils ont vraiment joué avec leur vie. Le premier s’est pendu pour sortir du quartier disciplinaire, il ne pouvait plus supporter la vie dedans. Le deuxième s’est pendu pour avoir droit à une télé. Le troisième pour changer de cellule. Ils étaient dix mineurs dans la coursive de Metz-Queuleu, et ils s’encourageaient à passer à l’acte pour mettre la pression sur les surveillants.

Vous pensiez au départ qu’il s’agissait d’actes isolés?

On a découvert avec l’enquête sur les circonstances du suicide du quatrième garçon, qui n’a pas pu être sauvé à temps, que c’était un système collectif. Les mineurs, entendus les uns après les autres, l’ont expliqué. C’était: «Tu veux obtenir quelque chose, une nouvelle cellule, et bien accroche-toi.» C’est bête et dramatique, une sorte de défi extrême. Comme un jeu du foulard à l’école, en autrement plus dangereux.

Les premiers jeunes qui se sont pendus ont-ils obtenu gain de cause dans leurs demandes?

Bien sûr. Par exemple, le garçon qui voulait une télé, et bien il est dans une cellule avec une télé et un autre garçon, censé veiller sur lui… L’administration est obligée de s’adapter, elle fait vraiment de son mieux. Et un jeune aux tendances suicidaires est le plus encadré possible. La question qui se pose derrière est: pourquoi un jeune de 16 ans se retrouve dans une cellule, et pas dans une salle de cours? La prison est forcément difficile pour un mineur. S’il est là, c’est qu’il ne va déjà pas bien. Et la prison n’arrange rien.

Un syndicaliste de l’Ufap dit avoir fait remonter en août dernier une note sur le climat délétère à Metz...

Il a écrit qu’il y avait un manque de discipline dans le quartier des mineurs. Mais comme dans tous les quartiers de mineurs de France! Il faut bien reconnaître que les garçons sont souvent turbulents. De là à dire «je vous avais prévenu» devant un phénomène aussi spontané, aussi désolant… Ce «jeu des pendus» était rigoureusement impossible à prévoir. Le quartier des mineurs de Metz, ce sont dix détenus pour vingt-six places, et quatre surveillants. Il n’y a pas de surpopulation carcérale, ni de sous-effectif du personnel.

Que pensez-vous des mesures annoncées par Rachida Dati

Notre syndicat est loin d’être d’accord sur tout avec la garde des Sceaux, mais je dois dire qu’on va dans le bon sens. Il est normal qu’on parle de nos prisons avec tous les drames qui ont eu lieu depuis le début du mois de septembre. Mais cela ne doit pas être de la polémique inutile, il faut aborder des questions de fond. Aujourd’hui, je ne sais plus ce qu’on demande à l’administration pénitentiaire. On ne peut pas tout régler nous-mêmes, les problèmes de violence dans la société, la politique du tout répressif… Dans l’absolu, la place d’un gosse de 16 ans est à l’école, tout simplement.

Recueilli par Mathieu Grégoire.

SOURCE : 20 MINUTES

, Dati annonce des mesures


La ministre de la Justice, Rachida Dati, a annoncé jeudi à Metz qu'elle avait pris un décret faisant obligation de présenter à un magistrat du parquet tout mineur sur le point d'être placé en détention.

"Cette obligation existe déjà pour une prolongation de garde à vue d'un mineur. Je l'ai étendue par un décret pris hier (mercredi) et devant être promulgué dans les prochains jours aux mineurs condamnés devant être mis sous écrou", a ajouté la garde des Sceaux venue au centre pénitentiaire de Metz-Queuleu deux jours après le suicide d'un adolescent de 16 ans, qui avait commencé à y purger une condamnation à six mois ferme.

"Le magistrat devra notamment expliquer au jeune les raisons pour lesquelles il entre en prison", a-t-elle ajouté. Mme Dati a également annoncé l'élaboration, en collaboration avec le ministère de la Santé, d'une "grille d'évaluation des risques suicidaires" spécifique aux mineurs.

"Les mineurs seront évalués avec cette grille par des médecins à leur arrivée en détention", a-t-elle précisé devant des journalistes à l'issue d'une visite du quartier des mineurs de Metz-Queuleu et d'une table ronde avec les magistrats, les personnels pénitentiaires et ceux de la protection judiciaire de la jeunesse ainsi que les médecins du centre pénitentiaire.

"La prévention des suicides de mineurs constitue une priorité de mon ministère", a assuré la garde des Sceaux en affirmant que ceux-ci avaient reculé de 22% entre 2002 et 2007.

Présentée en août comme un établissement "modèle" par Mme Dati, la maison d'arrêt de Metz-Queuleu a enregistré quatre suicides en cinq mois, imputés à un "manque de moyens" par des syndicats, des avocats et l'Observatoire international des prisons (OIP).

Dans la nuit de lundi à mardi, un adolescent de 16 ans, Nabil L., s'est pendu dans la cellule qu'il occupait, seul, depuis la mi-septembre au quartier des mineurs du centre pénitentiaire messin. Condamné à six mois ferme pour trafic de stupéfiants et conduite sans permis, "il n'avait pas été signalé comme dépressif ou suicidaire", selon Carlo Di Egidio, secrétaire régional de la CGT-pénitentiaire.

Mais Pierre Achour, de l'antenne messine de l'OIP, estime "ne pas être certain que ce jeune ait été entouré, lors de son incarcération, de la vigilance nécessaire". Mme Dati a ordonné mercredi une enquête administrative sur ce suicide dont les conclusions doivent lui être apportées jeudi à Metz où elle se rendra dans la matinée, a indiqué à l'AFP son porte-parole, Guillaume Didier.

Déjà le 3 juillet, un détenu de 46 ans qui venait d'apprendre le rejet de sa demande de remise en liberté s'était pendu alors que, conformément à de récentes instructions ministérielles, il faisait l'objet d'une surveillance renforcée. "Ce père de famille, qui venait d'être traité aux antidépresseurs au centre hospitalier spécialisé de Jury-lès-Metz (Moselle), n'a fait l'objet d'aucun suivi particulier, alors même qu'il était en grande détresse psychologique", affirme pourtant l'avocat de la famille, Me Xavier Iochum.

Un mois auparavant, le 2 juin, un prisonnier de 27 ans s'était donné la mort alors qu'il était en traitement au service médico-psychologique (SMPR), où sont accueillis les détenus les plus fragiles. Condamné en 2006 à 19 ans de réclusion, ce détenu "signalé" attendait d'être rejugé en appel. "L'information judiciaire en cours semble démontrer qu'il n'avait pas fait l'objet d'une surveillance particulière", déclare l'avocat de la famille, Me Thomas Hellenbrand.

Le 21 mai, toujours au SMPR, un jeune homme de 20 ans, qui purgeait une peine de deux ans, s'était pendu avec ses lacets.

Trois tentatives de suicide ont en outre été enregistrées à Metz-Queuleu ces dix derniers jours. "Dans les trois cas, il s'est agi de mineurs qui ont tenté de se pendre mais que les surveillants ont réussi à décrocher à temps", indique Jean-François Krill, délégué de l'Union fédérale autonome pénitentiaire.

Pour les syndicats, "il manque une vingtaine d'agents à Metz pour assurer efficacement les nouvelles missions données à l'administration pénitentiaire, et notamment les surveillances renforcées". Quelque 220 surveillants sont en service à Queuleu.

"De nombreuses études pointent les périodes de grande fragilité des détenus: l'incarcération, les débuts et fins de peine, le procès et le verdict", explique Arnaud Stolz, aumônier de la région pénitentiaire de Strasbourg. "Dans certaines prisons, la situation peut être aggravée (...) si le personnel n'est pas suffisant pour suivre des personnes mal en point", ajoute-t-il. "C'est une terrible loi des séries dans un établissement qui, par ailleurs, fait énormément d'efforts pour humaniser la détention", a pour sa part estimé le procureur de Metz, Rémi Heitz, dans Le Républicain Lorrain de mercredi.

Metz-Queuleu, où sont écroués 480 hommes et 27 femmes pour 448 places théoriques, est considéré aujourd'hui comme un "site pilote" en France pour l'application des nouvelles règles pénitentiaires européennes


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MessagePosté :23 oct. 2008, 14:43 
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« Tant de choses poussent le détenu au suicide »

Encore un mort . La vague de suicides dans les prisons n'est pas inhabituelle, hélas. On peut l'endiguer, pas l'éradiquer. Parole de psychiatre de maison d'arrêt.
Anne Henry, psychiatre, responsable du service médico-psychologique régional de la maison d'arrêt de Rennes.

Fragilités. « Les catégories défavorisées sont surreprésentées en prison. Certains ont eu des conditions de vie épouvantables avant d'en arriver là. Les détenus sont a priori plus suicidaires que les autres. Ce sont des gens impulsifs qui ont tendance à passer à l'acte, y compris contre eux-mêmes. Mais il y a tellement de facteurs... Quand vous perdez votre boulot, que votre femme vous quitte et que votre logement HLM est donné à quelqu'un d'autre parce que vous ne pouvez pas le payer le temps de l'internement, ça fait beaucoup pour la même personne... »

Périodes. « La dépression est plus forte en automne, au printemps, pendant les fêtes. Et puis il y a le choc de l'arrivée en prison pour la première fois. La mise en quartier d'isolement aussi. Autre période à risque : avant ou après le jugement. Les peines très lourdes qui tombent désormais fragilisent les gens. Prendre une peine plancher, pour un délit mineur, c'est difficile. »

Remords. « Certains souffrent énormément quand ils réalisent le préjudice qu'ils ont commis. La sanction allège parfois le remords, mais ce n'est pas si simple. Par exemple, un homme incarcéré pour avoir battu sa femme peut éprouver un remords très intense. La possibilité de s'excuser ne suffit pas toujours... »

Solitude. « Des détenus peuvent mourir de l'absence de visites. Un petit jeune homme, mineur, intelligent comme tout, ne pouvait pas vivre sans sa copine. Il disait : « Sans amour, je meurs ». Et c'était vrai. Mais un autre s'en passera très bien. Et vivra sans parloir. Encore une fois, il n'y a aucune réponse simple en prison. C'est pour ça qu'il faut des suivis très individualisés. »

Prévention. « Les surveillants ont une grille d'évaluation du risque suicidaire. Et puis à Rennes, les nouveaux entrants sont vus dans les deux jours par un psychiatre. Peu refusent, d'autant que cela joue sur les remises de peine. Cela nous permet d'essayer de repérer leur mal-être. Mais tous les établissements n'ont pas, comme ici, un service médical psychologique régional. Dans la plupart des prisons, un psychiatre effectue en ambulatoire quelques vacations dans la semaine. Il n'a pas le temps de voir tous les entrants. »

Solution. « Il faut rendre les conditions d'internement décentes, sans surpopulation, avec du personnel formé et en nombre : surveillants, soignants, enseignants... Important, les enseignants ! L'illettrisme, la difficulté à recourir à l'expression orale des sentiments favorisent le passage à l'acte. »

Illusion. « Avec des moyens, on pourra faire baisser le taux de suicide, c'est sûr. Mais vouloir totalement l'éradiquer est une illusion. Un patient me disait : « Moi, je n'accepte pas l'idée de passer trente ans en prison». Il n'était pas déprimé. Il ne contestait même pas le bien fondé de sa peine. Il a mis fin à ses jours à la seconde tentative. »

Vies sauvées. « Heureusement, il y a beaucoup plus de tentatives ratées. On sauve des vies, aussi, en prison. Pour certains cas, les surveillants passent toutes les heures dans la cellule, même de nuit. Et les détenus suicidaires ne sont pas laissés seuls, on va les «doubler», comme on dit. »

Source : Ouest France


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MessagePosté :25 oct. 2008, 07:28 
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Suicides en prison: «On est toujours dans l'urgence, pas dans la prévention»



Un 93e cas de suicide en prison pour l’année 2008. L’administration pénitentiaire a dévoilé un nouveau drame ce vendredi matin, celui d’un détenu de 39 ans retrouvé pendu avec des lacets à un radiateur vers 19h30 jeudi, dans sa cellule qu'il occupait seul. 93, près de 20% de plus que l'année dernière à la même époque.

La prison est un lieu mortel, surtout en France. Il y a sept fois plus de suicide en établissement pénitentiaire qu'à l'extérieur et sept fois plus de suicides en quartiers disciplinaires qu'en cellules ordinaires. François Besse, de l’Observatoire international des prisons, revient pour 20minutes.fr sur ce sombre constat et lance quelques pistes pour y remédier.

La prison a toujours été un lieu propice au suicide…
Qu’il y ait beaucoup plus de gens fragiles en prison qu’à l’extérieur, c’est une réalité. Plus de gens présentent des troubles mentaux. Il faut en tenir compte. Deux moments clés, propices aux tentatives, sont particulièrement à surveiller: l’entrée dans l’établissement pénitentiaire, et les quelques jours avant le procès. Et puis il y a les retours en prison. Mais là, c’est un autre point: c’est la politique pénale du gouvernement, qui favorise un retour en prison.

Que pensez-vous des modalités actuelles contre le suicide?
On colle une personne avec une autre pour qu’il décroche son co-détenu le plus vite possible quand il se pend… On fixe les télés au mur et en hauteur comme dans les hôpitaux pour éviter que les détenus se pendent au support… On fait parfois des rondes toutes les demi-heures dans certains quartiers disciplinaires… A Fleury-Mérogis, les surveillants donnent un traitement à des détenus fragiles pour qu’ils arrivent à trouver le sommeil, mais sont obligés de les réveiller toutes les deux heures pour vérifier qu’ils ne sont pas passés à l’acte. On est toujours dans la résolution d’urgence des problèmes, pas assez dans la prévention.

Et l’instauration depuis 2003 de quartiers «arrivants», où l’on place une semaine les détenus pour faire le point sur leur moral ou leur santé mentale?
C’est vrai que le détenu voit beaucoup de monde en quartier «arrivants»: un médecin, un psychologue, un travailleur social, un enseignant, un visiteur de prison… Mais le reste est de la détention classique, il est surtout dans une phase d’attente, qui devient dans une phase de désocialisation, de dépersonnalisation.

La formation des surveillants de prison sur le suicide…
Elle est encore incomplète, faute de temps, faute d’argent. Et puis, il ne faut pas confondre les rôles. Un surveillant de prisons peut être formé à l’identification d’un détenu suicidaire, mais il ne sera jamais un acteur clé de la prévention.

Que préconisez-vous?
Je pense que le détenu doit avoir une cellule individuelle, et ensuite une journée organisée. L’organisation est fondamentale, il doit y avoir une prise en charge sociale, des activités culturelles pour que le détenu se reconstruise, une formation pour préparer la sortie. Un peu de vie pour sortir de leur malaise. Occuper un maximum d’heures de la journée tout simplement. Et on réclame évidemment la fermeture des quartiers disciplinaires.

Des activités comme le défilé de mode dans la maison d’arrêt des femmes de Fresnes?
Oui, ou comme les concerts à Fleury-Mérogis. Mais seul un petit nombre de gens accèdent à ces concerts, si vous êtes en quartier disciplinaire, c’est grillé.

Source : 20 Minutes


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MessagePosté :01 nov. 2008, 21:57 
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Suicides en prison : l'histoire qui donne tort à Rachida Dati


Octobre touche à sa fin et, depuis le début de l'année, 96 détenus se sont déjà suicidés en prison. Un chiffre en hausse puisque, comme le rappelle l'Observatoire international des prisons (OIP), on a atteint en dix mois l'équivalent de l'année 2007.

Alors que plusieurs cas ont été médiatisés ces dernières semaines, et tandis que les chiffres s'emballent (+18% par rapport à 2007 à cette période de l'année), Rachida Dati, la Garde des Sceaux tente de colmater les brèches.

Deux dispositions préconisées par la place Vendôme permettraient notamment d'endiguer la tendance:

installer des interphones dans chaque cellule
mettre en place des "rondes spéciales" pour les détenus les plus fragiles psychiquement

Alors que le contrôleur général des prisons, Jean-Marie Delarue, s'est prononcé en faveur des interphones ("un remède intéressant, mais insuffisant", nuançait-il mercredi sur LeMonde.fr), un nouveau procès offre cependant un autre éclairage sur les projets de Rachida Dati.

Lundi 3 novembre, le tribunal correctionnel d'Avignon jugera en effet une affaire mettant en cause un surveillant de prison, toujours en exercice, et un ancien détenu de la prison du Pontet, à Avignon. Ce dernier est âgé de 64 ans, il est libre depuis trois ans. Nous l'appelerons D.

Le cas d'espèce qui contredit Rachida Dati

D. a rencontré B. en prison, le 22 janvier 2004. Lorsque D. est écroué pour une peine de trente mois (il sera libéré au bout de vingt-et-un mois), son voisin de cellule, B., a déjà purgé trois mois en préventive. B. est accusé de tentative d'assassinat, mais il est aussi gravement dépressif. Le psychiatre qui le suit à l'intérieur de la maison d'arrêt l'a mis sous traitement, au vu de ses tendances suicidaires. A 44 ans, B. avait même été hospitalisé d'office à deux reprises.

Dans la nuit du 1er au 2 avril 2004, B. se suicide -overdose médicamenteuse. A quelques mètres de D., qui est réveillé dans la nuit par les bruits anormaux que fait son voisin. Il est environ 2h30 quand D. émerge et comprend que son codétenu (avec qui il affirme avoir toujours entretenu des relations paisibles) a de graves problèmes de santé.

A l'aide de l'interphone, il prévient le surveillant de garde. Qui lui aurait demandé de patienter, affirme D. Ce dernier commence alors à veiller son voisin de cellule, en le plaçant en position de sécurité. Il finit par s'assoupir, et ce n'est qu'avec la ronde de routine, le lendemain matin, à 7 heures, que tout le monde prend conscience que B gît dans son vomi et son urine.

Non-assistance à personne en danger

Au moment de la ronde, il est 7 heures, et B. est encore vivant. Il décède juste après, avant l'arrivée des secours. Depuis, quatre grosses années ont passé, et une instruction a été ouverte pour rechercher les circonstances de la mort du détenu dans cet établissement pénitentiaire.

C'est dans ce cadre de cette enquête que D., comme le surveillant, ont été mis en examen pour "non assistance à personne en danger", un terme qui implique une dimension "volontaire".

Ce sont les enfants du défunt qui ont déposé plainte. Depuis la prison d'Avignon a connu d'autres suicides: deux en 2007 et déjà deux autres, cette année, depuis le mois de janvier.

Pour l'Observatoire international des prisons, rendre un détenu responsable de la sécurité d'un autre détenu sous prétexte qu'on installe des interphones et qu'on signale les sujets les plus fragiles est dangereux:

"Si on ne prend pas en compte la souffrance, Rachida Dati pourra mettre en place tous les dispositifs qu'elle veut, ça ne servira à rien. Surtout si l'on fait porter toute la responsabilité sur le codétenu, sachant que la mort d'un voisin de cellule entraîne déjà une grande souffrance morale."

Un détenu coupable du suicide d'un autre?

Me François Arlaud, qui assurera lundi la défense de D. ("un homme très isolé, qui avait déjà du mal à rebondir après son séjour en prison et qui reste affecté par le suicide de B."), plaidera que son client n'a pas failli:

"Mon client a bien alerté le surveillant par l'interphone, c'est celui-là qui a décidé de ne pas intervenir, demandant à distance à B. d'arrêter d'empêcher mon client de dormir. Ensuite, il a précisé aux deux hommes de cesser de le déranger. Il a même demandé à mon client de faire vomir son voisin, avant de lâcher "demain, il fera jour". C'est à ce moment-là que mon client s'est rendormi.

Mais, si les deux rondes ont bien eu lieu, et sachant que l'autre détenu avait été placé sous surveillance spéciale, pourquoi n'ont-ils pas repéré le problème? Les œilletons placés à la porte des cellules n'ont donc pas été ouverts? Et pourquoi le surveillant n'a-t-il pas prévenu le gradé, seul à avoir les clefs des cellules la nuit?"

A l'instruction, il sera dit que l'on ne pouvait distinguer l'état de détresse avancée dans lequel était B., allongé au sol avec ses habits, parce que les détenus dorment souvent sur des matelas à même le sol, surpopulation carcérale oblige. Et c'est vrai qu'au moment du suicide de B., le taux d'occupation des lieux est de 135%. Mais, dans la cellule 117, cette nuit-là, il n'y avait que B. et D., avec chacun son lit, et donc aucune raison pour que B gise par terre.

Un précédent en 1999

Contrairement à ce que croyaient savoir les avocats des deux prévenus à cinq jours de l'audience, cette mise en examen pour "non assistance à personne en danger" n'est pas une première, même si ce cas de figure est rarissime.

Le vrai précédent remonte à 1999, avec le suicide d'un détenu incarcéré pour un quadruple meurtre, qui s'était tranché les veines après avoir menacé son codétenu de se suicider.

Me Roubaud, du barreau de Carpentras, avait obtenu la relaxe de son client le 13 novembre 2001 au tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence. Il avait plaidé que l'administration pénitentiaire s'était rendue coupable de n'avoir pas assez pris en compte le risque que courrait le détenu qui s'était suicidé.



Depuis les faits, le surveillant n'a reçu aucune sanction administrative, précise Me Tarrifou, collaboratrice de l'avocat qui défendra le gardien de prison, lundi, au tribunal. Les avocats n'ont d'ailleurs eu écho d'aucune enquête en interne.

Le suicidé "pouvait très bien alerter les secours"

Peu bavarde ("je n'ai rien à vous dire, vous verrez bien notre ligne de défense à l'audience"), elle finit par glisser que son client n'a "rien à se reprocher":

"Notre but est d'analyser le dossier sans ses implications dans le débat d'actualité. Notre client a fait tout ce qu'il avait à faire. Il n'a pas mis en danger ce détenu. C'était à son voisin de cellule de prévenir en temps voulu. Voire à la victime elle-même, qui était tout à fait en état de l'alerter."

Déjà, il y a trente ans...

Ni l'administration pénitentiaire, ni le cabinet de Rachida Dati n'ont donné suite à nos demandes lorsque Rue89 les a sollicités sur cette affaire. Mais il est certain que le procès qui s'ouvre lundi tombe mal pour la ministre de la Justice, dont le nouveau dispositif passe pour de "fausses bonnes idées" à l'aune de ce cas d'espèce.

Or, si le rythme de suicides s'est accéléré, la problématique n'est pas nouvelle: il y a trente-deux ans, on parlait déjà de la nécessité d'améliorer le suivi psychiatrique en prison.

Source : Rue 89


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