Le malaise s’aggrave dans les prisons
Deux nouveaux suicides portent à plus de cent le nombre de prisonniers qui se sont donné la mort cette année en détention. En outre, la Commission nationale de sécurité a rendu un rapport accusant l’administration pénitentiaire après l’agression d’un détenu.
SALE TEMPS pour l’administration pénitentiaire. Deux nouveaux cas de suicide ont été révélés hier, portant à plus de cent le nombre de personnes qui ont mis fin à leurs jours en détention depuis le début de l’année. De son côté, la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) a rendu public un rapport très sévère sur l’agression d’un détenu à Nîmes (Gard), en 2006, en avançant l’hypothèse d’une connivence de certains surveillants.
Le premier suicide remonte à jeudi dernier à la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne). Un homme de 43 ans, mis en examen pour le meurtre de sa femme et de ses jumelles poignardées en juillet 2006 au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis), s’est étouffé dans sa cellule avec un sac en plastique. Dépressif, il était suivi au centre médicopsychologique de Fresnes. Le second suicide a été découvert lundi à Seysse (Haute-Garonne). Seul en cellule et considéré comme perturbé, un homme de 41 ans, soupçonné de meurtre, s’est pendu.
Le coup le plus rude porté à l’administration pénitentiaire est venu de la CNDS. Cette autorité indépendante a publié hier un rapport spécial sur son site et au « Journal officiel ». Un choix exceptionnel, motivé, selon la commission, par le « refus de la garde des Sceaux de prendre la mesure de l’extrême gravité du comportement de ses fonctionnaires ».
Un détenu victime d’une « attaque commando »
L’affaire concerne la violente agression subie par un détenu de 26 ans à la maison d’arrêt de Nîmes, le 12 juin 2006. Condamné au terme d’un procès « très médiatisé » à la perpétuité pour le meurtre d’une jeune femme de 20 ans, Eric Martinez avait été victime, selon les mots de la CNDS, d’une « attaque commando » au caractère « exceptionnel ». Plusieurs détenus avaient pu s’infiltrer dans la cellule du détenu et le passer à tabac, malgré des consignes de protection et de surveillance étroites. D’après la CNDS, l’impunité de cet acte laisse supposer « une connivence » entre agresseurs et certains surveillants. La CNDS avait demandé à la garde des Sceaux d’engager des poursuites disciplinaires et de prononcer des sanctions. La réaction trop « modeste » de Rachida Dati (exclusion temporaire avec sursis, deux lettres d’observation, un rappel au directeur ») a poussé la CNDS à divulguer son rapport accablant.
Source : Le Parisien
LE RAPPORT du 2 décembre 2008 de la commission nationale de déontologie de la sécurité
http://www.cnds.fr/rs_pdf/Rapport_special_021208.pdf