mardi 19 juin 2007, 21h46 Elisabeth Borrel reçue par Nicolas Sarkozy
PARIS (AP) - Elisabeth Borrel, veuve du magistrat Bernard Borrel décédé à Djibouti en 1995, a été reçue mardi par Nicolas Sarkozy à l'Elysée. A sa sortie, elle a rapporté que le président de la République lui avait assuré que "son souci c'était la vérité" dans cette affaire.
Le chef de l'Etat lui a "clairement" dit "que lui, son souci c'était la vérité". "C'était important d'entendre ça de la part du chef de l'Etat", a-t-elle déclaré à l'issue de son entretien avec le président.
Elisabeth Borrel, elle-même magistrate, avait écrit mercredi dernier un courrier au Président pour lui demander une audience, appelant le chef de l'Etat à prendre l'engagement "de faire respecter les principes qui seuls permettront l'aboutissement de (son) combat pour que soient connus et punis les assassins de (son) mari".
Mme Borrel a assuré que le chef de l'Etat lui avait promis d'essayer "de retrouver" les documents classifiés concernant la mort de son mari "qui ont disparu entre 1994 et 1997". L'avocat de Mme Borrel, Me Olivier Morice, a précisé que le chef de l'Etat leur a expliqué "'qu'on lui avait fortement déconseillé de recevoir Mme Borrel'" ajoutant qu'il avait fait "un accueil tout à fait remarquable" à cette femme "qui jusqu'à présent avait été méprisée par l'Etat".
Le président de la République se serait engagé, selon Me Morice, à demander à la Cour internationale de justice de faire citer comme témoin Mme Borrel. Les autorités de Djibouti ont saisi la CIJ en 2005 pour se faire transmettre le dossier d'instruction que la juge d'instruction Sophie Clément avait refusé d'envoyer aux autorités djiboutiennes.
La défense de Mme Borrel accuse l'entourage de l'actuel président djiboutien Ismael Omar Guelleh d'être à l'origine de l'assassinat de Bernard Borrel.
Son corps en partie carbonisé a été retrouvé le 19 octobre 1995 au pied d'une falaise au lieu-dit Le Goubet en face de l'Ile du Diable, à 80km de Djibouti. Dans un premier temps, la thèse du suicide par immolation avait été retenue, une hypothèse supplantée par celle d'un acte criminel à la suite d'expertises indépendantes qui pointent des causes extérieures.
Par ailleurs, la veuve du magistrat a sollicité le parquet de Paris pour qu'il se prononce clairement et officiellement pour la thèse de l'assassinat de son mari, a-t-elle indiqué.
"Le procureur de la République de Paris, en accord et comme suite à la demande de Mme Sophie Clément, vice-présidente chargée de l'instruction de l'affaire Borrel, précise que si la thèse du suicide a pu être un temps privilégiée, les éléments recueillis notamment depuis 2002 militent en faveur d'un acte criminel", selon un communiqué publié mardi soir.
"Les expertises anthropologiques, médico-légales et de police scientifique concluent à l'existence de lésions osseuses sur le crâne et sur l'avant-bras gauche faites à l'aide d'un objet contondant, et à la découverte de deux produits inflammables de nature distincte versés sur le corps. Elles précisent que 'Bernard Borrel était couché sur le sol lorsque les liquides ont été répandus sur sa personne de manière aléatoire", ajoute le communiqué.
En "l'état, l'instruction vise à compléter ces éléments par des auditions et de nouvelles expertises afin, notamment, d'identifier les auteurs et de connaître leurs mobiles", conclut ce texte. AP
http://fr.news.yahoo.com/19062007/5/eli ... rkozy.html