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 Sujet du message : Saviano, la peur au quotidien...
MessagePosté :10 nov. 2008, 13:52 
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Roberto Saviano (ici en janvier dernier à Naples) vit sous protection rapprochée depuis plus de deux ans. Crédits photo : AP

Les menaces sur sa vie se faisant de plus en plus pressantes, l'auteur de Gomorra, un roman-enquête consacré à la mafia napolitaine, envisage de quitter l'Italie.

Au départ, ils s'étaient simplement moqués de lui. «Si tu n'as rien d'autre à faire. Nous, au moins, on bosse. On dirige des entreprises. On n'a pas le temps de faire des romans.» Et puis le livre a commencé à connaître un certain succès. En 2006, Gomorra devient en Italie un véritable phénomène de société. Ce roman-enquête, décrivant la vie dans les quartiers du nord de Naples, ainsi que dans la campagne environnante, a lancé son jeune auteur, un ancien étudiant en philosophie, devenu journaliste : Roberto Saviano. Désormais, les télévisions italiennes, puis, petit à petit, les reporters du monde entier vont se précipiter dans ce Sud de l'Italie, dominé par les clans de la Camorra napolitaine. Le jeune écrivain a mis en lumière la dangerosité d'un clan particulier, exerçant son imperium dans la région de Caserte, l'ancienne ville royale, le Versailles des Bourbons de Naples. Depuis le milieu des années 1980, ce clan, issu de la petite ville de Casal del Principe, a eu l'idée géniale de mettre en place un système illicite de traitement des déchets (toxiques ou pas). En quelques années, cette petite région est devenue la poubelle de l'Italie et de l'Europe, un eldorado pour les grandes entreprises du Nord, désireuses de se défaire à bon compte de leurs déchets en dioxine, en plomb, en cuivre, etc. Chaque année, c'est la moitié d'une montagne d'ordures haute comme le mont Blanc qui se déverse illégalement dans la région. Cela rapporte plusieurs milliards d'euros par an, confortant ainsi la puissance de ce clan.

C'est tout cela que raconte Roberto Saviano dans son livre qui lui vaut aujourd'hui une vendetta et des menaces de mort. Le jeune écrivain a eu le malheur de lever trop brutalement le voile sur une réalité sordide, que chacun connaît à Naples ou dans les environs, mais qui restait jusqu'à présent ignoré de tous, au nord de l'Italie comme dans le reste de l'Europe. Malheur à celui par qui le scandale arrive ! Roberto Saviano n'a pas tardé à recevoir des menaces de mort. Mais, comme il nous le précisait lorsque nous l'avons rencontré à Paris, en 2007, «ce n'est pas principalement le livre qui les a énervés. C'est tout ce qu'il y a eu autour». En effet, Roberto Saviano ne s'est pas borné à dénoncer avec le talent de l'écrivain inspiré les agissements de cette Camorra rurale. Il leur a donné une dimension internationale que seuls les mafieux de Corleone en Sicile, avec Toto Riina et Bernardo Provenzano, pouvaient jusqu'à présent revendiquer. Désormais, on parle du clan des Casalesi comme on parlait, depuis Le Parrain, du clan des Corleonesi. Or, les mafieux ont particulièrement horreur de la publicité. C'est mauvais pour les affaires.

Ces nouveaux féodaux, qui portent le nom de leur village, ont mis en place un réseau tentaculaire. Depuis les années 1970, au moins, les clans de la Camorra napolitaine, en cheville avec la mafia calabraise (aujourd'hui la plus dangereuse), maîtrisent la quasi-totalité du trafic de cocaïne avec la Colombie. Saviano va dénoncer cet état de fait dans les réunions publiques, il défend la mémoire de certains prêtres, comme Dom Diana, qui ont tenté de lutter contre cette emprise de la mafia et ont été abattus par cette dernière.

Au début, les menaces ont été assez subtiles, nous confiait Saviano. «Va dire bonjour à Dom Diana», disait-on au jeune homme lorsqu'on le croisait. Manière de dire : tu vas vite te retrouver dans l'autre monde ! Et puis ce fut rapidement la surenchère. Lorsque les télévisions nationales ont commencé à prendre d'assaut la petite bourgade de Casal del Principe, fragilisant l'emprise du clan, et ralentissant ses affaires, alors les Casalesi ont commencé à s'énerver. Un à un, les chefs ont commencé à menacer le jeune écrivain. Car la mafia napolitaine, à l'inverse de sa grande sœur sicilienne, est composée d'une multitude de clans rivaux. Aussi, quand un capo apprenait que son nom était mentionné dans une procédure, il s'empressait d'écrire à Saviano pour dire qu'il ne lui voulait aucun mal. «Il craignait qu'un autre chef en profite pour me supprimer et faire porter la responsabilité sur le premier», nous confiait avec ironie Saviano.

Aujourd'hui, en 2008, le jeune écrivain ne rit plus. Cela fait maintenant plus de deux ans qu'il mène «una vita blindata», une vie blindée comme on dit en Italie, pour décrire l'existence - généralement réservée aux magistrats antimafia et aux repentis - protégée 24 heures sur 24 par deux gardes du corps, interdit de se mouvoir selon ses fantaisies, incapable de mener une véritable vie privée. Ce n'est pas la fatwa dont fut l'objet Salman Rushdie. On aurait presque tendance à croire que c'est pire : les terribles clans mafieux sont passés maîtres dans l'art de la vendetta. Ils peuvent attendre des mois, voire des années avant de mettre leur sentence à exécution. Saviano nous confiait : «Ils attendront probablement que je sois moins sous le feu des médias pour tenter de me supprimer.» Il faut croire, hélas, qu'ils n'ont pas eu cette patience. On sait voilà quelques jours qu'un repenti de la famille Schiavone, le principal clan des Casalesi, a informé la police d'un projet d'assassinat visant Saviano. L'attentat devait se réaliser sur l'autoroute Rome-Naples (que le jeune homme emprunte fréquemment car il travaille à Rome) d'ici à Noël. Ce fut la goutte d'eau de trop. Ne supportant plus de voir que rien ne change, que le clan des Casalesi continue à terroriser la population, tuant encore seize personnes depuis le début de l'année 2008, Saviano déclare qu'il envisage de quitter l'Italie. Heureusement, de nombreuses personnalités, y compris des Prix Nobel, se mobilisent pour le défendre. Mais que peut faire désormais le jeune écrivain ? Fin septembre, le jour de son anniversaire, il écrivait, mélancolique : «Comment puis-je dire à ma terre de cesser de se laisser écraser entre l'arrogance des forts et la lâcheté des faibles ? (…) Dans cette pièce où j'écris, hébergé par des gens qui me protègent, je pense à tous les anniversaires que j'ai passés ainsi, depuis que j'ai une escorte policière : un peu nerveux, un peu triste, et surtout seul.» Isoler ses adversaires. C'est ainsi que la mafia triomphe toujours.

Source : Le Figaro.


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MessagePosté :21 nov. 2008, 11:57 
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" Des DVD du film Gomorra, plongée dans l'empire de la mafia napolitaine, la Camorra, piratés et produits par la mafia elle-même sont en vente dans les rues de Naples, rapporte jeudi le quotidien La Stampa.

Les DVD piratés par la Camorra sont vendus par des commerçants ambulants et même dans des kiosques à journaux alors que la sortie en DVD du film tiré du best-seller du journaliste Roberto Saviano, menacé de mort par la mafia, est prévue le 3 décembre.

"Pourquoi s'étonner? D'après nos informations, la Camorra investit ses capitaux en Chine, où les CD et les DVD sont produits et vendus dans le monde entier", a déclaré à La Stampa, Fausto Zuccarelli spécialiste de la contrefaçon au parquet antimafia.

Le livre de Saviano, qui décrit l'empire de la mafia napolitaine avec ses trafics, ses chefs, nommément cités, et ses clans, a rencontré un succès inattendu avec plus d'1,2 million d'exemplaires vendus en Italie depuis sa parution en 2006.

Traduit en une quarantaine de langues, il a été adapté au cinéma et a obtenu le prix du jury au dernier festival de Cannes avant d'être choisi pour représenter l'Italie aux Oscars.

L'Italie est le premier pays producteur d'articles contrefaits en Europe, dont la grande majorité provient de Campanie, la région de Naples, où arrivent également d'importantes quantités de produits contrefaits via le port de Naples."

Source : AFP


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MessagePosté :18 janv. 2009, 01:23 
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Un superbe bouquin !


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