Les jurés délibèrent de la culpabilité de Pierre Bodein et de ses coaccusés
Par Damien STROKA AFP - il y a 2 heures 15 minutesSTRASBOURG
(AFP) - La cour d'assises du Bas-Rhin s'est retirée mardi en milieu de matinée pour délibérer après les dernières protestations d'innocence du multirécidiviste Pierre Bodein et de ses 16 coaccusés, clôturant trois mois de débats.
Les neuf jurés et les trois magistrats professionnels vont désormais devoir se prononcer sur la culpabilité de Bodein, poursuivi pour trois meurtres, deux viols et deux tentatives d'enlèvements, et des 16 membres de deux familles de nomades sédentarisés, pour leur implication présumée dans le viol et le meurtre d'une fillette de 10 ans.
Le verdict est attendu mercredi ou jeudi.
A l'invitation du président Bernard Meyer, les accusés ont tous clamé une nouvelle fois leur innocence, Bodein se lançant pour sa part dans un long plaidoyer pro domo dans lequel il a assuré à plusieurs reprises n'avoir rien à voir avec les faits qui lui sont reprochés.
"Qu'on ne me juge pas sur mon passé", a-t-il lancé aux jurés. "Je voudrais qu'on me relaxe, je suis innocent. Je voudrais que les recherches continuent pour retrouver les responsables de ces horreurs", a-t-il ajouté.
Pierre Bodein, 59 ans, est jugé depuis la mi-avril pour le meurtre d'Hedwige Vallée, 38 ans, et les meurtres et viols de Julie Scharsch, 14 ans et de Jeanne-Marie Kegelin, 10 ans. Il est également soupçonné de deux tentatives d'enlèvement.
Les trois corps avaient été retrouvés, après d'intenses recherches dans des cours d'eau situés dans les environs d'Obernai (Bas-Rhin), éventrés et partiellement dénudés.
Bodein avait été rapidement soupçonné et interpellé, confondu par des témoignages et par des empreintes génétiques des victimes retrouvées dans sa voiture ainsi que sur des couteaux lui appartenant.
"Pendant trois mois (de procès), j'ai dû répondre aux mensonges de mes prétendus amis mais c'est peut-être eux qui ont mis l'ADN dans ma voiture", s'est-il défendu, assurant également avoir été "persécuté par les gendarmes".
De façon surprenante, il a rendu hommage au président de la Cour "pour lui laisser le droit de s'exprimer" et, surtout, à l'avocat général Olivier Bailly, qui avait estimé pendant son réquisitoire que Bodein "n'était pas un monstre".
"Je suis homme, humain ici grâce à vous (le président) et à l'avocat général, qui a dit que je n'étais pas un monstre, même s'il a prononcé quelques minutes plus tard une peine de mort, une peine d'élimination", a-t-il expliqué.
L'accusation avait réclamé mercredi dernier à l'encontre de Pierre Bodein une peine de réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 30 ans.
Le Parquet avait également requis contre ses coaccusés des peines allant de trois ans de prison, éventuellement assortis de sursis, à 30 ans de réclusion criminelle, assortis d'une période de sûreté de 20 ans.
"Nous sommes innocents. Depuis trois mois, on nous accuse de choses, nous n'avons rien à nous reprocher. Je ne peux pas comprendre qu'il y ait des gens dans ce monde qui font de choses pareilles", a expliqué en alsacien l'un des vanniers, Jacques Gilgenman, poursuivi pour non-dénonciation de crime.
Les plaidoiries de la défense se sont achevées lundi, les avocats de Pierre Bodein et des vanniers ayant tous demandé l'acquitement de leurs clients, exhortant les jurés à "ne pas condamner des innocents".
http://fr.news.yahoo.com/afp/20070710/t ... 00a2c.html