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Avant le douzième siècle, il n'y avait pas de prison...
Ah bon ? Quelle leçon d'histoire ! La prison a toujours existé. C'est la peine d'emprisonnement qui est neuve. Car autrefois, la prison ne servait qu'à incarcérer provisoirement dans l'attente d'une condamnation au bannissement ou au supplice.
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... donc dans cent ans il n'y aura plus de prisons.
Vraiment très forte, cette déduction !
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Et si elles se multiplient c'est qu'elles sont désuettes. Le signe de la désuétude ce n'est pas la disparition, c'est la multiplication.
Vous avez des exemples ?
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Si vous parlez de prisons à un nomade, il ne comprend même pas de quoi vous parlez.
C'est oublier un peu vite que les nomades d'aujourd'hui dépendent de gouvernements sédentaires. Ils savent très bien ce qu'est la prison.
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Donc la fin des prisons n'est pas une utopie...
Encore une déduction qui me laisse sans voix.
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... c'est la fin d'une certaine façon de voir le monde qui est apparue avec la représentation en perspective et qui disparaît avec le monde électronique.
Il pourrait y avoir un rapport ? Ou ça n'est qu'une jolie tournure de phrase ?
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De même si vous parlez d'armées à une société analphabète, elle ne comprend pas de quoi vous parlez, sans écriture alphabétique, pas d'armées alignées.
Il n'y a pas que des généraux dans une armée. La très grande majorité des soldats de l'Antiquité était des mercenaires analphabètes.
5/ Oui mais moi je vous parle de sociétés analphabètes, qui ne possèdent pas l'écriture phonétique : avant la Grèce antique lorsqu'apparaît l'alphabet, on ne sait pas ce que c'est qu'une armée alignée, cela n'a pas de sens. Des analphabètes dans une société alphabétisée ont le même comportement que ceux qui savent lire parce que toute la société est imprégnée de l'alphabet, donc ils ne peuvent pas résister à ses effets.
Et pour lier l'alphabet à l'armée les Grecs ont inventé un mythe, celui de Cadmos. Cadmos était un roi grec qui avait introduit l'alphabet en Grèce. Un jour il sema des dents de dragon et il en surgit des hommes armés, les sparto?, qui s'entredéchirèrent.
C'est une image des effets de l'alphabet. L'alphabet ce sont les dents de dragon de Cadmos. Les civilisations d'avant ne connaissent pas les alignements de soldats.
Je veux bien que les idéogrammes chinois ou égyptiens permettent de concevoir des armées, mais celles-ci ne s'alignent pas. Et sans écriture, pas d'armée du tout.
4/ Il y a un rapport avec la technique d'enfermer les gens dans des prisons et l'apparition de la représentation en perspective bien sûr. Une société nomade (comme les africains d'avant la colonisation par exemple) ne sait pas ce que c'est qu'une prison et n'a pas la possibilité de la concevoir. Vous essayez de leur parler de prisons, il ne comprennent pas cette façon de voir. Un nomade (qui ne connaît pas une civilisation, c'est à dire une société à écriture) par essence ne sait pas enfermer. Les tribus de Bornéo n'enferment jamais personne.
Sous Clovis, il n'y a pas de prison. La prison, on l'oublie est une invention relativement récente : 12ième siècle et encore je suis gentil, il vaudrait mieux dire 13ème.
Et elle disparaîtra comme a disparu le poste à galène et le relais de poste. C'est cela la destinée de l'homme, il change avec ses perceptions. Et comme on se croit plus malin, on dit : ça ne changera jamais. Quelle vanité. "Civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles" Paul Valéry.
3/ On revient à ce malentendu : je vous parle de sociétés nomades qui n'ont pas de contact avec les sociétés de l'écriture.
Il suffit de regarder ce qui s'est produit lorsque les Espagnols sont entrés en Amérique latine pour comprendre l'effet foudroyant de l'alphabet : il fait s'effondrer les civilisations idéographiques : l'alphabet s'apprend en quelques heures. Donc pour observer les caractères d'une société nomade et analphabète, il ne faut pas qu'elle soit en contact avec une civilisation écrite : la Gaulle au contact des Romains, c'est fini. De bonnes routes, de la paperasse et tout s'effondre.
Une société nomade ne sait pas enfermer. Des nomades dans une société d'écriture, ils sont assez malheureux, et bien sûr qu'on les enferme. mais c'est la plus terrible des tragédies pour eux.
2/ Des exemples de proliférations dues à la désuétude ? Oui il y en a plein. Quand on a inventé l'imprimerie, on s'est mis à recopier les livres imprimés parce tout le monde voulait des manuscrits (qui étaient rares et chers) et le manuscrit s'est mis à proliférer. Avant de disparaître.
Sous Louis XIV on faisait des maquettes des places fortes pour mieux les attaquer et les entretenir, avec la progression de l'artillerie, les places fortes sont devenues des incongruités sous Napoléon. On n'a jamais fait autant de plans reliefs de places fortes que sous Napoléon. Elles se sont multipliées, avant de disparaître.
Aujourd'hui, l'électronique rend la voiture désuette. Elle se multiplie et prolifère. Ben la prison c'est pareil, on a envie d'en construire et d'en construire encore alors que la surveillance nomade la rend désuette. La prolifération est le signe de la désuétude.
Je crois que je suis plus compréhensible comme cela.
1/ Je vous renvoie au haut Moyen-Age, vous ne trouverez pas de prison, l'idée même ne leur est pas venue. Mais je sais que c'est très difficile d'imaginer comment les gens voyaient les choses tout au long de l'histoire. Ils ne voyaient pas comme nous, c'est un fait, et la prison, c'est une conception qu'ils ne pouvaient pas avoir. Et la prison apparaît avec la représentation en perspective.
Comme l'idée d'aller en ligne droite, comme l'idée que la terre et ronde et qu'on peut en faire le tour. Je vous rappelle qu'avant on pensait que la terre était plate. Ben oui.