Nous sommes le 28 mars 2024, 18:19

Heures au format UTC+02:00




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [2 messages ] 
Auteur Message
MessagePosté :20 janv. 2009, 09:30 
Hors ligne

Enregistré le :31 janv. 2008, 14:52
Messages :917
Roanne: ce nouveau centre de détention déjà rouillé



PRISON - L’inauguration en grande pompe de cette nouvelle prison ne cache pas les inquiétudes des syndicats pénitentiaires...

Alors que la situation n’a jamais été aussi mauvaise dans les prisons françaises, Rachida Dati est fière de vous présenter le flambant neuf centre de rétention de Roanne, qu’elle va inaugurer ce lundi après-midi avec François Fillon.

Chaque bâtiment est composé d’unités de trente détenus, avec une majorité de cellules individuelles. Il y a également neuf cellules doubles, huit dans les quartiers hommes et une dans le quartier femmes, ainsi que six cellules aménagées pour les personnes à mobilité réduite.

Le centre dispose aussi de trois unités de visite familiale (UVF). Ce sont des appartements de type F3 où les détenus pourront recevoir leur famille en toute intimité, pour des périodes allant de 6 heures à 72 heures. On compte aussi un gymnase, des salles de musculation à tous les étages, des buanderies, un potager pour les femmes et des jolies portes violettes, oranges, bleues.

Manque de sécurité

Voilà pour la visite, qui marque un véritable effort pour améliorer la vie des détenus. Pour le reste, le bâtiment blesse selon «Libération», qui a pu visiter la prison en décembre dernier. Après s’être tout d’abord «extasié» sur cet établissement moderne, les défauts sont très vite apparus. «Cela fait vingt et un ans que je suis surveillant, ce n’est pas la première ouverture que je fais, mais c’est la première fois que j’assiste à une catastrophe pareille», explique à «Libération» Sylvain Piron, délégué syndical CGT, qui évoque des plaques d’égout mal fixées, des serrures électriques gelées, des barbelés qui s’effilochent, des murs qui se fissurent.

Inquiète, l’union fédérale autonome pénitentiaire (UFAP), la première organisation syndicale, de l'administration pénitentiaire, a carrément décidé de boycotter l’inauguration.

«Nous ne sommes pas prêts à ouvrir dans ces conditions. Les dysfonctionnements techniques remarqués, notamment des problèmes de serrures avec des portes bloquées et un manque de couverture vidéo, remettent en cause la sécurité du personnel et de la population carcérale. Les conditions d’insécurité sont totales, on ne pourra pas travailler dans ces conditions. A Roanne, si un détenu mettait le feu à sa cellule où en cas de tentative de suicide, on pourrait facilement rester bloqué derrière une porte», explique un représentant syndical.

Le partenariat public-privé à l’origine des problèmes?

En cause, notamment, le partenariat public-privé (PPP) avec le groupe de BTP Eiffage qui est à l’origine de cet établissement. C’est Eiffage qui a pris à sa charge les travaux s’élevant à 55 millions d’euros. Et reste le proprio pour encore près de 28 ans. L’administration pénitentiaire, locataire en a pour autant de loyers à régler: 3,8 millions d’euros par an prélevés sur les crédits du ministère de la Justice. Cher, mais pas forcément dommageable pour les conditions de vie des détenus et des surveillants... si ce type de chantier en PPP n’avait pas tendance à réduire au maximum les coûts, bâclant les finitions.

«La direction nous a demandé d’arrêter les tests de solidité, explique encore le Cégétiste Piron à «Libération». Ça cassait de tous les côtés qu’on n’avait plus les moyens techniques ni le temps de réparer.» Du coup Eiffage et l’administration jouent au mikado en ce moment même pour savoir qui assumera les coûts des nombreuses réparations.

Le «programme 13.200»

Le centre de détention de Roanne a été érigé dans le cadre de la loi d’orientation et de programmation de la justice, votée en 2002, et qui doit déboucher à terme sur la création de 13.200 places, dans des établissements rénovés, ou sortis de terre. Depuis Dominique Perben, ces 13.200 places sont l’argument clé des Gardes des sceaux pour venir à bout de la surpopulation carcérale, alors que le taux d’occupation est passé de 134 à 146% entre 2007 et 2008. Rappelons cette équation impossible, à peine chamboulée par Roanne: 63.619 détenus actuellement pour 51.000 places.

Après Saint-Denis de la Réunion et Mont-de-Marsan, où s'est produit une panne d'électricité généralisée fin décembre (les détenus sont finalement revenus ce lundi dans l'établissement), Roanne est la 3e borne du «programme 13.200», qui prévoit de jalonner l’univers carcéral d’ici 2011 avec un nouvel établissement tous les trois mois.

Les premiers détenus arriveront la semaine prochaine. La capacité maximale, elle, sera atteinte en six mois.


Source : 20 Minutes


Haut
   
 Sujet du message :
MessagePosté :20 janv. 2009, 09:47 
Hors ligne

Enregistré le :31 janv. 2008, 14:52
Messages :917
Des malfaçons en pagaille

Conséquences désastreuses des PPP, les surveillants de Roanne les subissent déjà. «Les serrures électriques extérieures ne fonctionnent pas : elles sont gelées. On a fait une simulation d’intervention. On devait évacuer une femme victime d’un malaise : elle est restée bloquée trois quarts d’heure dans un sas», raconte Sylvain Piron, délégué syndical CGT. «Il y a des infiltrations d’eau partout, les murs se fendillent», enchaîne Vincent Mora, surveillant et délégué syndical Ufap. Son syndicat a décidé de boycotter l’inauguration d’aujourd’hui. «On a trop de soucis de sécurité. On sait déjà qu’on sera complètement démunis en cas d’urgence.»

Serrures. La CGT, elle, ira à l’inauguration pour dire qu’elle s’opposera à l’ouverture si celle-ci n’est pas reportée. «Ils ont tellement précipité le chantier que le temps de séchage du béton n’a pas été respecté, d’où toutes ces fissures, explique Sylvain Piron. Les serrures ne tiennent pas : lors d’un exercice, un surveillant a défoncé la porte d’une cellule du quartier d’isolement en quarante et une secondes. Les panneaux de basket de la cour de promenade des femmes ne sont pas fixés, on peut les arracher à la main. Les plaques d’égout, pareil : on peut se prendre une plaque de 10 à 15 kilos dans la tronche. Les barbelés au-dessus des grillages commencent déjà à s’effilocher, et on peut plier leurs lames à la main. Les écrans tactiles ne marchent qu’une fois sur deux. Les détenus peuvent se glisser en dessous des grilles de la cour de promenade car elles ne vont pas jusqu’au sol.»

Face à ces problèmes en série, l’administration et le constructeur, Eiffage, «passent leur journée à éplucher les contrats, pour savoir qui va payer les réparations», dit Vincent Mora. Les cinq personnes employées pour la maintenance technique sont «débordées». «La direction nous a demandé d’arrêter les tests de solidité, soupire Sylvain Piron. Ça cassait tellement de tous côtés qu’on n’avait plus les moyens techniques ni le temps de réparer

Source : Extrait d'un article de Libération


Haut
   
Afficher les messages postés depuis : Trier par 
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [2 messages ] 

Heures au format UTC+02:00


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 1 invité


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas modifier vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages
Vous ne pouvez pas joindre des fichiers

Rechercher :
Aller à :  
Développé par phpBB® Forum Software © phpBB Limited
Traduit par phpBB-fr.com