Dans un numéro spécial consacré aux prisons, le nouvel observateur, le 20 juillet 2006, aborde la question du travail en prison.
http://permanent.nouvelobs.com/societe/ ... S5770.html
Pour rappel, et pour le principe, par la promulgation le 22 juin 1987 de la loi relative au service pénitentiaire, l'objectif assigné au travail en prison a été profondément modifié.
La loi, en réduisant la peine à la privation de liberté, abroge l'obligation faite aux détenus de se soumettre au travail, pour le promouvoir gage de réinsertion sociale. A cet effet, le code de procédure pénale (article 720) contraint l'administration pénitentiaire à une obligation de moyens.
Les détenus peuvent être affectés au service général de l'établissement (emplois liés au fonctionnement de la prison : cuisine, entretien, maintenance...), ou à des activités de production (métallerie, menuiserie, imprimerie, électronique...). Ces dernières sont pourvues, soit par la Régie industrielle des établissements pénitentiaires (structure publique chargée de la vente des produits réalisés par les détenus, elle est gérée par le Service de l'emploi pénitentiaire), soit par des entreprises privées concessionnaires.
En édictant d'autre part que "les relations de travail des personnes incarcérées ne font pas l'objet d'un contrat de travail", l'article 720 du code de procédure pénale refuse au détenu au travail le statut juridique de salarié. Ceci a de nombreuses conséquences sur le plan de l'exercice et des conditions de travail (absence de dispositions relatives à la période de l'emploi, au contenu du poste, au licenciement...), tandis que les rémunérations versées consistent en des gratifications à faible pouvoir d'achat.
Malgré les dispositions législatives et réglementaires existantes, le travail en prison n'ouvre que de faibles perspectives en matière de réinsertion professionnelle : au faible nombre de postes offerts s'ajoute la nature des activités proposées, peu formatrices. Ceci tient aux contraintes qui s'exercent sur le milieu carcéral : exigences de sécurité, configuration des locaux, caractéristiques de la population carcérale ...
Par conséquent, parmi les nombreux points abordés et problèmes soulevés par cette étude, nous retrouvons en premier lieu le prix du travail des détenus.
Les ouvrages de Patrick HENRY " Avez vous à le regretter?" et de Philippe MAURICE "de la haine ? la vie" abordent cet aspect de la vie des détenus d'une manière relativement complète et sous différents angles.
A titre d'exemple, j'ai trouvé qu'ils accentuaient bien dans leurs récits respectifs d'un côté le caractère nécessaire du travail des détenus ( pour pouvoir notamment accéder ? la "cantine" et préparer leur future sortie) , d'autre part la non reconnaissance de ces travaux de détenus dans la vie civile...et surtout le problème économique posé par ce type de travail: s'il subit la concurrence de pays du tiers monde sur la plan du coût , lui-même concurrence dangereusement et dans la plus grande légalité le travail de l'homme "libre" toujours sur le plan de sa valeur économique ( pas de minima sociaux à respecter, pas de contrat de travail signé)...dans la mesure où nombreux sont les acteurs économiques qui recourent à cette main d'oeuvre par sous traitance aux fins de diminution de leurs charges salariales ...
Si bien qu'il peut être légitime de se demander si le travail a encore une valeur . Et surtout, si cette valeur existe encore, comment la définir?