Hérault - La femme d’un PDG assassinée
Qui a abattu au fusil de chasse la femme d’un PDG à Castelnau-le-Lez, une agglomération au nord-est de Montpellier ? Et pour quel mobile ?
Le mystère était entier, à l’heure où les techniciens d’identification criminelle étaient toujours à pied d’œuvre sur la scène du crime pour collecter des indices. C’est le mari de la victime qui a donné l’alerte. Mardi 11 mars 2003 soir à 22 h 30, après une soirée passée chez des amis, Jean-Michel Bissonnet, 55 ans, PDG d’une société spécialisée dans la location de locaux commerciaux, regagne sa villa huppée avec piscine, dans un quartier pavillonnaire tranquille. Dans le hall d’entrée, il découvre alors le corps ensanglanté de sa femme, Bernadette, 57 ans, qui avait décidé de ne pas l’accompagner à cette soirée.
Elle a été abattue à bout portant de deux cartouches de fusil de chasse, une arme introuvable. Aucune trace d’effraction n’a été relevée, mais il suffit de sauter le portail pour pénétrer dans la propriété. Toutefois, le vol ne serait pas le mobile de cet assassinat, car les lieux n’ont pas été fouillés et aucun objet de valeur n’a disparu. Les gendarmes de la section de recherches de Montpellier qui sont chargés de l’enquête attendent beaucoup des résultats de l’autopsie toujours en cours hier soir, pour savoir s’il s’agit ou non d’un crime sexuel. Ce qu’écartent les premières constatations du médecin légiste. Le crime d’un rôdeur étant plus ou moins écarté, les investigations s’orientent vers l’acte d’un familier
Les enquêteurs n'ont relevé aucune trace d'effraction, ce qui laisse à penser que Mme Bissonnet a elle-même ouvert la porte à son meurtrier. À l'intérieur de cette belle demeure, rien n'a été volé ni fouillé alors que cette grande bâtisse, très bien équipée et sécurisée, est décorée avec des objets d'art.
Pas de sévices sexuels
Selon les premiers éléments de l'enquête, le couple menait une vie matrimoniale harmonieuse, sans difficulté particulière. Pour ajouter encore à la bizarrerie de ce meurtre, le véhicule de Mme Bissonnet, un Toyota RAV4, a été déplacé. L'agresseur serait parti au volant de ce véhicule tout-terrain pour finalement le garer puis l'abandonner dans une rue proche du centre historique du village à 300 mètres du lieu du crime. Ce qui laisse bien penser que le vol n'était pas le motif premier de l'agression. Ou que le tueur a eu finalement peur de se faire rapidement repérer dans un véhicule signalé aux forces de l'ordre.
Hier soir, le procureur de la République de Montpellier a ouvert une information judiciaire pour « homicide volontaire commis en même temps qu'un autre délit », le vol du véhicule. Les premiers résultats de l'autopsie écartent l'hypothèse de sévices sexuels avant les deux coups de feu mortels. Pour l'instant, les enquêteurs travaillent sur deux scénarios principaux, faute de mieux, celui du rôdeur qui serait venu réclamer de l'argent l'arme au poing et celle d'une connaissance du couple. Les obsèques de la victime se dérouleront à Lattes (Hérault) sous l'œil vigilant des gendarmes.
Le jardinier du couple a avoué le meurtre de la femme qui l'employait, il a été mis en examen dimanche pour assassinat et l'époux de la victime pour complicité d'assassinat.
L'enquête avance Le jardinier et le mari de la victime ont été mis en examen ce dimanche et placés en détention provisoire. Selon le jardinier arrêté jeudi, le mari de la victime aurait commandité le meurtre en échange d'une rémunération de 30.000 euros.
Le mari nie cette version. Il affirme avoir découvert son épouse, une femme d'une soixantaine d'années, tuée par balles à leur domicile, alors qu'il rentrait d'une réunion le 11 mars, vers 22h. Le soir du crime, le jardinier dit être retourné à la villa de Castelnau en prétextant avoir oublié un téléphone portable. Sortant une arme dissimulée, il aurait tiré à deux reprises sur Bernadette Bissonnet.
Selon un scénario dicté, affirme-t-il, par le mari, le jardinier aurait ensuite pris le 4X4 de ses patrons et l'aurait abandonné quelques rues plus loin pour faire croire à un vol. De son côté, le mari a émis l'hypothèse d'une vengeance du jardinier auquel la victime venait de refuser un prêt. Ni l'arme du crime, ni le bip servant à ouvrir la voiture n'ont été retrouvés par les enquêteurs.
L'enquête bute sur cette question : pourquoi Jean-Michel Bissonnet aurait-il commandité l'assassinat de son épouse alors que le couple montrait tous les signes d'une vie harmonieuse ?
Quatre jours après la mise en examen de Jean-Michel Bissonnet pour complicité d'assassinat, les proches de ce couple de retraités aisés et sans histoire sont encore sous le choc. Cet homme d'affaires, qui venait de prendre sa retraite, est accusé par un jardinier d'avoir commandité le meurtre de sa femme, Bernardette, 58 ans, pharmacienne à la retraite. La victime avait été découverte dans sa villa de Castelnau-le-Lez au soir du 11 mars vers 22 h 30, par son mari qui rentrait d'une assemblée du Rotary Club.
Dès sa deuxième audition de garde à vue, le jardinier, Méziane Belkacem, 50 ans, a indiqué que ce matin-là, le mari lui a demandé l'a même supplié de tuer son épouse et lui a fourni le fusil à canons sciés et l'idée de déplacer la voiture de Bernadette. Un scénario que récuse totalement Jean-Michel Bissonnet. Belkacem, qui intervenait depuis plusieurs années dans la grande propriété de Castelnau, a ensuite été confondu par les traces de sang qu'il a laissé dans la maison après s'être blessé en tirant deux fois sur la victime, décrite comme une élégante et sportive quinquagénaire.
«Cette affaire ne colle pas du tout avec le personnage Bissonnet. Il s'entendait parfaitement avec sa femme avec qui il passait le plus de temps possible en vacances ou bien dans leur maison. Ils venaient d'acheter un appartement à Paris avec vue sur la Seine pour se rapprocher de leurs deux fils Florent et Marc. Il n'avait strictement aucune raison de la tuer. Et il a été totalement bouleversé par cette tragique disparition. Le matin de l'enterrement, il hurlait littéralement dans sa maison», raconte le docteur Philippe Chassing, ami du couple. «Quand il chassait avec nous, il partait très vite avant la fin de matinée pour rejoindre son épouse», poursuit Gérard Walcker, un autre proche.
«Il s'inquiétait de pouvoir racheter une parcelle de terrain pour agrandir sa propriété qu'ils adoraient aménager tous les deux ensemble. Et je n'ai jamais vu l'ombre d'un nuage entre eux», explique encore Max Portalès, , chef d'entreprise et habitué des dîners très conviviaux donnés dans cette grande maison confortable avec deux piscines, rachetée à un industriel voici un peu plus de dix ans. Outre la chasse, Jean-Michel Bissonnet jouait au golf et dirigeait le Rotary Club local.
Dans le Montpellier de la réussite, ce scénario mal ficelé de tueur à gages pris dans l'entourage immédiat colle mal avec la réputation de sérieux et d'organisation performante de Jean-Michel Bissonnet, dont les affaires florissantes avaient débuté, à la suite de son frère, dans la distribution pharmaceutique. Il avait épousé Bernadette, issue elle-même d'une famille aisée.
Hier après-midi, les enquêteurs se sont livrés à une longue perquisition dans la maison de Castelnau-le-Lez en présence du prévenu. Son avocat vient de faire appel de la décision d'incarcération.
«À part les accusations du jardinier, il n'y a rien dans le dossier qui puisse étayer une telle hypothèse. Jean-Michel Bissonnet a répondu à toutes les questions pendant sa garde à vue. Le dossier est vide d'éléments matériels et on cherche encore le mobile», estime Me Denis Bertrand, l'avocat de Bissonnet.
Aucune trace de double vie, non plus, dans l'enquête, selon l'avocat. Le procureur adjoint, Georges Gutierrez, maintient qu'il existe dans cette affaire «des éléments qui viennent étayer les affirmations du jardinier Belkacem». Mais il reconnaît aussi que le mobile n'est toujours pas établi. Sauf à imaginer que cet homme ait voulu ainsi détruire ce qu'il avait aimé et construit pendant toute sa vie. Dans un épais brouillard judiciaire.
SOURCES : résumé des journaux LE FIGARO et LE PARISIEN
Cette affaire a une ressemblance avec l'affaire ANDRE KASS ( voir ce sujet sur le site S K C )
http://www.skcenter.org/forum/index.php?showtopic=354