La troublante personnalité de la mère de Rose
Marie-Charlotte Renault, 23 ans, a été mise en examen il y a quelques jours pour le meurtre de sa fille Rose. Actuellement en prison en Israël, elle apparaît comme une jeune mère de famille à la personnalité tout à la fois fragile et manipulatrice.
LEUR PROCES s’ouvrira dans un mois en Israël. Marie-Charlotte Renault, 23 ans, devra répondre de l’assassinat de sa fille Rose, âgée de 4 ans et demi, aux côtés de son compagnon, Ronny Ron, 45 ans, le grand-père biologique de la petite martyre. L’acte d’accusation, dévoilé lundi dernier par la justice israélienne le jour même de l’enterrement de la fillette au cimetière de Montesson (Yvelines) , soutient la thèse d’un meurtre prémédité et orchestré par le couple.
Après d’intenses recherches, le cadavre de Rose, disparue depuis le 12 mai, a été découvert le 11 septembre dans les eaux sombres du fleuve Yarkon. Ronny Ron avait avoué y avoir jeté le corps de sa petite-fille après l’avoir battue à mort. Sa mère, elle, nie toute participation au crime. La personnalité complexe de cette jeune Française originaire de Normandie et son rôle dans cette dramatique affaire seront au coeur du procès.
COMMENT croire que cette jolie jeune femme de 23 ans ait pu prendre une part active au meurtre de sa fille Rose ? La justice israélienne en est pourtant convaincue : l’assassinat de la petite est l’aboutissement d’une « décision conjointe et préméditée » de sa mère, Marie-Charlotte Renault, et de son compagnon, Ronny Ron, le grand-père de la fillette. Elle « ne supportait plus » cette enfant en souffrance. A tel point qu’elle aurait « menacé de se suicider » si Rose continuait à vivre sous son toit. Ronny l’en a débarrassée.
Marie-Charlotte a sombré, incapable d’assumer ce rôle de mère de famille qui faisait sa vie. Elle le reconnaît dans une troublante lettre posthume écrite à Rose au lendemain de la découverte de son corps : « Je suis tellement désolée de n’avoir pas su te comprendre. Comprendre ta détresse, ta souffrance, de n’avoir pas su te prendre dans mes bras et te dire combien je t’aime. J’aurais tellement aimé t’expliquer combien il est difficile d’être une jeune mère, de se battre tous les jours pour être respectée en tant que telle. Je suis désolée. » Et de conclure, en niant toute implication dans l’assassinat de sa fille aînée : « Je ne pardonnerai jamais que l’on t’ait arrachée à moi, à ma vie. »
Début 2005, alors qu’elle n’avait que 19 ans, Marie-Charlotte avait pourtant renoncé à sa « princesse », âgée de seulement 9 mois, pour rester vivre en Israël aux côtés de Ronny Ron, le père de son mari Benjamin. Un coup de foudre irrésistible pour cet homme séduisant, de vingt-deux ans plus âgé qu’elle. Sous le pseudonyme de Nessica, elle confie son trouble sur les forums de discussion dédiés aux jeunes mamans qu’elle fréquente à l’époque assidûment. « Et dire que nous lui avions donné notre bénédiction… regrette aujourd’hui l’une de ses copines internautes. On la sentait instable, mais jamais je n’aurais imaginé cela. »
« Ce type, c’est le père qu’elle n’a jamais eu et qu’elle recherche »
Marie-Charlotte ne rêvait que d’une chose dans la vie : « être mère au foyer », insiste un ami de lycée. Sa rencontre avec Benjamin comble les espérances de cette lycéenne intelligente mais rebelle. Ils n’ont que 18 ans quand Rose naît. « Ils ont voulu se construire la famille qu’ils n’avaient pas eue. Benjamin n’a jamais été reconnu par son père, Marie-Charlotte n’a jamais été élevée par son père, qui nous a quittées quand elle avait 9 mois », analyse Isabelle, la mère de Marie-Charlotte. L’irruption de Ronny Ron dans la vie de son fils Benjamin, fin 2004, fait voler le jeune couple en éclats. « Ce type, c’est le père qu’elle n’a jamais eu et qu’elle recherche », poursuit Isabelle, bouleversée par cette relation qu’elle ressent comme « quasi-incestueuse ». Elle tente de se rassurer en pensant alors que sa fille, « difficile » et volontiers manipulatrice, suivie par des psychologues depuis l’enfance, « fait sa crise d’adolescence ».
Mais Marie-Charlotte s’accroche à son nouvel amour, quitte à sacrifier Rose et sa famille en France, sevrées de nouvelles ou presque pendant près de deux ans. « Elle ne supporte pas les règles, c’est elle qui les impose », confie sa mère, désemparée. Elle raconte encore que vers l’âge de 10 ans, Marie-Charlotte lui avait confié être victime d’attouchements de la part de son père. « A cette époque, elle voyait son père de temps à autre, précise Isabelle. J’ai porté plainte mais la procédure n’a jamais abouti. Elle a fini par me dire, des années plus tard, qu’elle avait tout inventé. Ce qui est certain, c’est que son père la conférait dans un rôle de femme alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. »
Une enfant « extrêmement fragile », qu’elle est encore, comme le souligne une expertise psychologique pratiquée en France fin 2007, au moment où la garde de Rose lui est confiée. Elle a beau se dire heureuse aux côtés de Ronny et de leurs deux filles, Juliette, née en 2005, et Louise, en 2007, et promettre à son aînée une nouvelle vie pleine d’amour, Marie-Charlotte est en perdition. « Ses capacités à assumer son rôle de mère pourraient être entravées par des difficultés d’ordre psychique voire psychiatrique et représentent un véritable danger potentiel pour ses enfants », prévient l’expert psychologue. Mais trop tard. Rose est déjà repartie vivre avec sa mère en Israël.
Source : Le Parisien
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