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L’interphone, l’instrument miracle dans les prisons
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Auteur :  Marathon [28 oct. 2008, 23:16 ]
Sujet du message :  L’interphone, l’instrument miracle dans les prisons

Interphones dans les cellules de prison: la dernière «mesurette» de Rachida Dati

L’interphone, l’instrument miracle pour prévenir les suicides et les meurtres de codétenus? Rachida Dati semble convaincue par ce système d'appel reliant les cellules à un central dans la prison. «L'interphonie va être développée et généralisée dans pratiquement tous les établissements pénitentiaires», a assuré ce mardi la ministre devant les commissions des finances et des lois de l'Assemblée nationale.

Cela tient presque de la révélation divine. Expliquant avoir découvert ce système ce lundi en inaugurant une aile restaurée de la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), Rachida Dati a souligné que ce moyen était «extrêmement important pour que le co-détenu puisse appeler en cas de difficulté».

Rondes spéciales

Rachida Dati avait déjà lancé ce type d’instructions mi-septembre, après qu’un homme de 26 ans ait été égorgé par son co-détenu. Elle voulait alors généraliser le principe d’une ronde «toutes les deux heures» des surveillants.

Les acteurs du monde pénitentiaire affichent un scepticisme égal. «C’est la dernière mesurette de Dati, on est toujours dans les mesures d’urgence, note François Besse de l’Observatoire international des prisons. Il n’y a rien sur le fond du problème, sur une vraie politique de prévention.»

Sur les suicides, Besse souligne qu’on renforce l’idée de «se servir du co-détenu pour surveiller la personne suicidaire». Ce qui crée parfois des situations incroyables, comme le démontre l’histoire de Zubert, racontée récemment par «Libération». En mai 2006, à la prison des Baumettes (Bouches-du-Rhône), pour rassurer un prisonnier qui a failli périr brûlé par son codétenu, l’administration a choisi ce fameux Zubert, un schizophrène qu'on soupçonne d'avoir brûlé son co-détenu...

L’interphone déjà usité

Quelle sera l’utilité de l’interphone dans un cas de figure comme celui-là? François Besse s’interroge: «Toutes les établissements neufs ont ce système, ce qui n’empêche pas les suicides, comme on l’a vu à la prison d'Avignon-Le Pontet, ou à la toute nouvelle prison de Toulouse-Seysses. L’interphone n’a jamais empêché un suicide.»

Interphone ou pas, pour l’OIP comme pour les syndicats de surveillants, on en reviendra finalement à cette éternelle question des moyens: «Si quelqu’un sonne au milieu de la nuit, il faut que le personnel réagisse, donc plus d’effectifs qu’aujourd’hui, un médecin, un psychologue…»

Médiatisation

Rachida Dati s’en tient à une mesure d’urgence, elle qui considère que l'Administration pénitentiaire (AP) a «connu pire» en matière de suicides que la vague actuelle, notamment lors du «pic» de 1999. Elle a souligné parmi les causes annexes de ces drames les procès retentissants, comme celui du tueur en série Michel Fourniret, durant lequel 16 détenus se sont suicidés, «uniquement des délinquants sexuels».

Ou encore «l'aspect médiatique, pas négligeable». Vendredi dernier, l’AP n’a pas voulu commenter un cas dans la prison de Bapaume (Nord), estimant que la «sursuicidité» était dû à une extrême médiatisation. «Un étrange argument» selon un surveillant de prison qui tient à garder l’anonymat.

Sur le fond, Rachida Dati a simplement confirmé l’objectif de 13.200 nouvelles places en prison d'ici 2012. Et a lancé un appel aux régions, quasi-exclusivement contrôlées par la gauche, pour développer la formation professionnelle des détenus. «N'en faisons pas une question politicienne», a-t-elle plaidé, en précisant qu'une expérience était en cours dans quatre régions pilotes. Une expérience qui vaut tous les interphones du monde carcéral.

Source : 20 minutes

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