Citation :
C'est leur témoignage qui aurait mené à la découverte du corps, même indirectement. Ce sont bien eux qui ont signalé la voiture arrêtée au bord de la route et le conducteur s'enfuyant dans les bois et c'est dans les bois au bord de la route que fût retrouvé la petite. En cette fin d'après-midi, hormis l'imbroglio avec les gendarmes plus leur initiative de se rendre à Nice les enquêteurs marseillais n'ont pas de gros problème. Ils ont les témoins de Ste Agnès, peut-être savent-ils déjà l'épisode de la galerie, tout va pour le mieux…, tout coule de source si le conducteur reconnaît l'accident.
Leur témoignage a conduit indirectement à la découverte du corps, oui. Mais le fait qu'ils n'ont jamais pu certifier avoir vu Ranucci à l'endroit où le cadavre fut découvert a posé et pose toujours un énorme problème. Tout cela a été admis comme coulant de source, comme dites en reprenant les mots de Cubaynes. Mais où est leur réponse à la question la plus banale et courante qui soit : est-ce l'endroit où était garée la 304 ? Ils n'ont pas non plus conduit quiconque jusqu'à cet endroit, ni aux gendarmes, ni à la Juge.
La conclusion hâtive de Gras s'est imposée à cause du cumul de coïncidences : délit de fuite, arrêt quelque part au bord de la route, nouvelle fuite dans les buissons et découverte du cadavre au bord de la même route. Mais les Aubert en ont trop fait avec la voix fluette qui demande « qu'est-ce qu'on fait ? » et la fillette arrachée du véhicule mais pas inquiète. Tout cela dans un espace de 70 m après un virage pris à une vitesse conséquente puisqu'ils
poursuivaient le fuyard. Et à 600m du carrefour, pas à plus d'un kilomètre. Ils iront jusqu'à invalider, plus tard, l'insistance avec laquelle la Juge a défendu la sortie de Ranucci par la portière gauche, côté conducteur, contre les protestations de Le Forsonney.
Contrairement à ce que vous dites, les témoignages à Sainte-Agnès étaient faibles, de l'aveu d'Alessandra lui-même. Spinelli avait parlé de Simca et le frère de la victime n'avait pas reconnu à Ranucci. On en est toujours à discuter de ce que veut dire
parler comme les gens d'ici.
La meilleure preuve de cette faiblesse est l'apparition de ce croquis ahurissant, décalqué sur le cadastre de Marseille, au milieu des aveux d'un suspect qui risque la guillotine. On ne court pas un tel risque pour rien.
Tiens, au fait ! Bouladou n'a toujours pas apporté la moindre explication sur la provenance de l'original dont il a lui-même apporté ici la copie, et sur laquelle le croquis fut décalqué. Pas de nouveau bouquin. Rien. Il parle maintenant de rectangle bidon alors qu'il affirmait avoir été sidéré par la précision du croquis quand il s'était rendu sur les lieux. Dans son premier livre, il n'avait de cesse de railler le
gribouillis de Perrault. On attend toujours ses explications. Comment a-t-il obtenu cette copie du cadastre ?
En réalité, il n'y a qu'une seule manière pour que Ranucci puisse être coupable de ce meurtre. S'il est le meurtrier, il n'a pu tuer cette fillette qu'avant l'accident. Mais ce n'est pas avec un tel dossier que l'on va pouvoir le prouver. Et puis, il y a le pull rouge escamoté de la procédure, les déclarations de Martel, les faits des Cerisiers et des Tilleuls reconnus publiquement par Cubaynes, la Simca, etc.
On en est là. Voilà où ça mène le non-respect des règles du droit. Et vous venez me dire qu'il n'y avait pas de problèmes chez les enquêteurs de la Sureté marseillaise ? Alessandra, vingt-cinq ans après, écrivait au syndicat de la Police qu'ils avaient enfin réussi à faire taire Perrault tout en lamentant le coût excessif des recherches généalogiques en vue de trouver un héritier à M. Périsset pour lui tomber sur le paletot. Et Perrault a continué à parler. Moins mais il parle encore. Pas de problèmes chez les enquêteurs marseillais, dites-vous ?