Didi a écrit:
Citation :
on reproche à Christian Ranucci son attitude odieuse au procès, et je dis moi-même que je serais odieuse si on m'accusait à tort.
Et son comportement odieux au procès conforte justement la thèse de l'innocence.
Absolument pas, Didi. On ne peut pas analyser le comportement de quelqu'un en imagineant comment soi-même on réagirait dans une situation pareille. Ranucci a apparemment été odieux au procès. Innocent ou coupable, c'était de toutes façons une erreur. Bien compréhensible dans la 1ère hypothèse; mais n'écartant en rien la seconde.
En fait ce qui est surprenant, c'est qu'en dehors de la fameuse question de Me Le Forsonney à propos du couteau, on n'a aucune trace (mais
mea culpa: je n'ai pas lu le livre de Jean-François LeForsonney), on n'a pas de notion de ce que ses avocats lui ont dit avant le procès, et notamment de cette chose toute simple: que les charges étaient, en l'état du dossier, accablantes. Et que Ranucci devait donc adopter son attitude à cet état de fait.
A nouveau, quelle était à l'époque la conviction profonde des avocats?
Me Fraticelli ne voulu pas plaider l'innocence. Même si G. Perrault a écrit en son temps que celà ne voulait pas dire qu'il le croyait coupable, c'est à tout le moins dérangeant... Disons que Me Fraticelli a trouvé l'innocence tellement peu crédible en l'état du dossier qu'il a estimé impossible de la plaider.
Me Le Forsonney était bien jeune: commencer sa carrière par un procès d'assise pour enlèvemet et meurtre d'une enfant, ce n'est sans doute pas une voie simple...
Quant à Me Lombard, il fut semble-t'il bien absent des 1ères étapes de l'instruction.
Faut-il en déduire que la défense de Christian Ranucci fut bien mal construite dès le départ?
Vous avez également écrit:
Citation :
Et son attitude alors au moment du verdict ?
Totalement convaincu qu'il allait être acquitté, il reçoit la douche froide du verdict.
Qu'en savez vous, Didi? Je crois moi que Mme Mathon est bien trop partial pour qu'on accorde une foi aveugle à ses impressions sur son fils. Quant aux avocats, ils me donnent l'impression
de n'avoir pas compris Ranucci... Alors affirmer qu'il était persuadé d'être acquitté me semble bien imprudent. Certes il l'a écrit, mais dans des lettres à sa mère...
Citation :
Mettez un type déchainé sous une douche glacée, et il s'arrête immédiatement de hurler, tétanisé, paralysé par la glace qui lui tombe sur la tête, sur le dos.
Ranucci a reçu le verdict comme une douche glacée. Après le verdict, il est littéralement K.O., incapable de réagir.
Innocent ou coupable, çà doit de toutes façons être difficile à entendre, un verdict de mort.
Citation :
Et au moment de l'exécution ? Idem !
Jusqu'au bout, il croira être gracié par Giscard qu'il considérait comme un président bon et intelligent, pour lequel il était prêt à voter s'il avait pu participer à une élection.
Là encore, il est impossible de savoir ce qu'il pensait réellement, au fond de lui même. Ses pensées de juillet 1976 n'appartiennent qu'à lui. Qu'il se soit accroché à cet espoir me paraît évident; qu'il n'ait pas douté me semble hasardeux à affirmer.
Citation :
Et là, encore, la décision, après quelques tentatives de rebellion, le tétanise, il ne peut plus réagir, anéanti, paralysé et il se laisse conduire à l'abattoir sans dire un mot, seulement ce "réhabilitez-moi!".
Que ce "réhabilitez moi" ait impressionné ses avocats, que pour eux qui ont vécu ce moment lma tentation de croire à l'innocence soit forte, OK, je l'admets.
Mais croire que ce "réhabilitez moi" suffit à affirmer l'innocence, au motif qu'un vrai coupable au bord de l'échaffaud se serait épargné cette peine, c'est faire peu de cas des multiples détours de l'âme humaine.
Si Ranucci est coupable, il est probable à mes yeux qu'il a progressivement construit une image d'innocence, aux yeux de sa mère puis à ses yeux propres, et qu'il a tenu ce rôle jusqu'au bout, parce qu'il ne pouvait plus faire autrement. En allant à l'échaffaud en parlant de réhabilitation, il gardait aux yeyx de sa mère, de ses avocats, de ses quelques proches, l'image à laquelle il tenait.