Citation :
Même si je ne suis pas sûre que Mme Mattéi n'ait pas plus ou moins brodé dans ce qu'elle dit avoir vu, je trouve que l'argument de Didi n'est pas faux : si Mme Mattéi avait voulu inventer, elle n'aurait pas pris le risque d'indiquer des détails facilement vérifiables, tels que la plaque minéralogique.
Si Mme Mattei n'a pas inventé ce genre de détails, je ne comprends pas bien pourquoi elle aurait pris la peine d'inventer le reste de l'histoire.
Citation :
Et puis, je ne sais pas .. il aurait fallu que je connaisse la personnalité de Mme Mattéi pour pouvoir être plus affirmative, bien sûr, mais la description qui a été faite de cette femme fait que, à tort ou à raison, je ne la vois pas très bien inventer des détails tels que les jouets sur la plage arrière.
Ca ne colle pas avec l'image de femme très simple que je me fais d'elle.
Une personne simple, si elle veut inventer l’image d’un pervers sexuel pédophile se servira pour faire références à des jouets d’enfants, d’objets tels que des poupées, ou des petits animaux en peluche, mais pas de jeux de plage qui n’apportent pas spécialement la touche perverse que cette personne veut voir soulignée. C’est pour mieux souligner la fragilité de l’enfant, le côté affectif qui est détruit par l’apparition de l’individu pervers. Inconsciemment quand un enfant est atteint dans sa vie, on montre plus particulièrement ce type de jouet. Il n’y a qu’à voir lorsqu’il y a un drame où des enfants sont victimes (crash ou incendie, ou accident), les journalistes photographient les poupées ou les peluches qu’ils trouvent ; en aucun cas ils ne photographient des jeux de société ou d’autres types de jouet ; c’est pour toucher l’affectif des spectateurs. Inconsciemment, on rapproche l’enfant de jouets avec lesquels il est proche affectivement.
Si Mme Mattei avait inventé son témoignage, en personne simple, elle aurait déclaré avoir vu non pas des seaux et des pelles dans cette voiture, mais bien des poupées ou des peluches.
Citation :
Je pense qu'elle a dû un jour ou l'autre voir une voiture correspondant à ce qu'elle dit. Son conducteur a-t-il vraiment essayé d'enlever un enfant (le petit frisé) ? C'est là que je serais moins affirmative. il s'est peut-être produit un fait minime, beaucoup moins grave que ce qu'elle a dit, peut-être ... mais qu'elle aurait dramatisé après coup à la lumière de l'enlèvement et de l'assassinat de Marie-Dolorès.
Si je dis cela, c'est parce que ce genre d'évolution inconsciente de la mémoire est fréquente après une histoire qui bouleverse l'opinion.
Et puis enfin, je ne peux m'empêcher de me dire que, s'il y avait vraiment eu tentative d'enlèvement, la chose aurait quand même dû frapper le petit Alain Barraco et il en aurait probablement gardé un souvenir, ne serait-ce que très fugitif.
Un autre genre d’évolution de la mémoire est celui de la «
mémoire sélective » -
inconsciente ou bien
plutôt … consciente.
Citation :
L'épisode Agnès/Carole me semble un peu sujet à caution également et c'est bien pourquoi je regrette qu'on ne puisse pas les interroger.
Tant qu’elles n’ont justement pas été interrogées, vous ne pouvez pas dire cela ; sinon vous faites de l’interprétation. Vous mettez en doute une déclaration avant même d’avoir une preuve que ce doute existe, c’est-à-dire avant même de leur avoir demandé de s’expliquer.
Puisqu’un pervers circulait dans les cités à cette époque-là (cf M Martel, à moins que vous ne remettiez en cause la déclaration de M Martel ?), il n’y a aucune raison de croire que ce pervers n’ait pas importuné également ces deux jeunes filles tel que cela a été déclaré en 1974. Ces déclarations sont parfaitement logiques quant à la situation du moment. Et à part si ces deux personnes revenaient actuellement (en donnant des explications circonstanciées quant à leurs éventuels mensonges naturellement) sur les déclarations faites lors de l’affaire, je ne vois pas pourquoi on remettrait en cause les déclarations de l’époque.
Citation :
D'une manière générale, je ne crois de manière incontestable qu'à l'intervention d'un homme au pull over-rouge aux Cerisiers (Martel/C.). Les épisodes des Tilleuls sont à mon avis beaucoup moins clair.
Les épisodes des Cerisiers sont d’autant plus clairs qu’ils sont complétés de détails très précis qui étaient très facilement vérifiables.
Citation :
Mme Mattéi n'a probablement pas menti sciemment, …
Citation :
je ne crois de manière incontestable qu'à l'intervention d'un homme au pull over-rouge aux Cerisiers (Martel/C.).
Pourquoi Mme Mattei mentirait-elle davantage que M Martel ? Dans la 1ère partie de sa déclaration, elle ne fait que rapporter des faits identiques à ceux vus par M Martel. Pourquoi M Martel dirait-il plus de choses vraies que M Mattei ? Parce qu’il a plus de caractère, de personnalité ? Il est certain qu’il ne se laisse pas monter sur les pieds et que Mme Mattei en revanche est une femme fragile, timide, s’exprimant difficilement. Mais là s’arrête la différence. Ce qu’elle rapporte dans le 1ère partie de son témoignage est l’apparition d’un homme vêtu d’un pull rouge (comme le dit M Martel) ayant importuné des enfants (comme le dit encore M Martel), etc … (toujours comme M Martel)
Ce qu’elle ajoute dans la 2ème partie de sa déclaration, ce sont les références à la voiture : simca 1100 (vue par M Martel également), puis des précisions (n° d’immatriculation, jouets, 4 portes), précisions qui étaient tout à fait vérifiables si on s’en était donné la peine à l’époque.
Je ne vois donc pas en quoi d’autre Mme Mattei serait moins crédible que M Martel ?
Citation :
…il est possible qu'elle ait aménagé ses souvenirs à partir de quelques faits concrets vrais comme la marque de la voiture, la plaque d'immatriculation, les jouets.
Puisque vous indiquez que ces éléments-là sont eux crédibles puisque vérifiables, je ne vois pas en quoi vous remettez en cause le témoignage de Mme Mattéi vu que les autres éléments qu’elles apportent (homme au pull-over rouge, simca 1100, attouchements sur enfants présents par deux, etc …) recoupent ceux déclarés par M Martel.
Citation :
A-t-elle vu un homme vêtu d'un POR ? Là aussi ce n'est pas très clair. Dans un PV (celui de Mlle Brugères, il me semble), elle semblerait parler d'un POV bordeaux. Certes, ce PV est horriblement mal rédigé (intentionnellement ? ) et il est bien difficile de comprendre ce que cette prose informe est sensée dire. Mais bon, le fait est que ce n'est pas clair.
Comme vous le dites, il est fort mal rédigé, il est même complètement bâclé : une dizaine de lignes pour rappeler l’ensemble de la déclaration de Mme Mattéi, c’est court, très court, quand on sait l’importance d’une telle déclaration sur la vie de C Ranucci, si tant soit peu qu’on ait pris la peine de la vérifier.
Mais non ! Mme Brugère a même jugé utile d’utiliser le peu de lignes rédigées à préciser la situation matrimoniale de Mme Mattéi (oh que c‘était utile, ça ! pour les besoins de l’enquête).
Concernant la couleur « bordeaux », Mme Mattei ne parle pas bien le français ; elle a peut être vu quelque chose de rouge dans le bureau de Mme Brugère et dire dans ses mots à elle que le pull était « un peu comme ça, un peu plus foncé, … » ; et Mme Brugère a traduit et fait écrire « bordeaux » par le greffier. Vous me direz « c’est une interprétation », certes. Mais vu que rien ne remet en cause pour moi la déclaration de Mme Mattei et que le PV de Mme Brugère est on ne peut plus « mal rédigé et informe », j’ai beaucoup de mal à le considérer comme fiable. Il ne me reste plus qu’à interpréter cette mauvaise rédaction, ce « bâclage » de PV et à reconsidérer le mot « bordeaux » comme une traduction faite par Mme Brugère du vocabulaire incertain de Mme Mattei à propos de la couleur du pull porté par l’individu qu’elle a vu.
Citation :
Certes, ce PV est horriblement mal rédigé (intentionnellement ?)
Bonne question !!!…