Citation :
Je viens de lire le bouquin de Périsset "Plus jamais d'échafaud". Peut-être est-ce mieux placé dans le forum-justice mais je tenais tout de même à écrire ici car ça parle de la peine de mort.
En fait, ce bouquin est édifiant quand on voit à quelle "loterie" ressemble le vote ou non de la peine de mort dans un procès. Oui pour Fesch, Ranucci, Monsieur Bill, Buffet, Bontemps, Sacco et Vanzetti, Ruth Ellis et non pour le curé d'Uruffe (pourtant un crime prémédité - double crime - et monstrueux) ou Patrick Henry. Ou même oui pour celui dont le nom m'échappe mais dont on a analysé le cerveau après sa mort et dont on a démontré parfaitement qu'il avait des déficiences mentales...
J'en reste pantoise en fait...
Tout ce que tu dis est vrai, Chantal, mais même si cette lotterie et le risque d'erreur judiciaire n'existaient pas, je serais malgré tout une opposante acharnée de la peine de mort.
D'abord, l'idée même qu'on puisse, de sang froid, décider qu'on coupera en 2, au petit matin, avec tout un cérémonial administratif, un être humain - fût-il le plus grand criminel - m'a toujours semblée un acte abominable et hideux, indigne d'une société civilisée.
En faisant cela, nous nous rabaissons au niveau de l'assassin que l'on exécute, en s'imaginant qu'on peut laver le sang par le sang.
De plus, je constate que, depuis que le monde est monde, les hommes ont décapité, pendu, étripé, brûlé vif, éviscéré, écartelé, écorché vif, ébouillanté, j'en passe, et des meilleures, sans jamais parvenir à éradiquer ni à faire baisser d'un iota le crime, l'agressivité, la haine et la violence de la surface de la planète.
Certes, je suppose que, si l'on tuait un être qui m'est cher, je ferais comme tout le monde, le moteur affectif prendrait chez-moi le pas sur le moteur rationnel et tout ce que mon éducation humaniste m'a permis d'acquérir serait probablement submergé par une réaction subjective et primaire. Et j'imagine que je souhaiterais, moi aussi, la mort de l'assassin.
Mais précisément : je suis heureuse de vivre dans un état de droit dont les lois me protègent contre mes propres égarements.