Citation :
Gihel, tu désapprouves les exécutions en temps de paix, mais tu as l'air de les approuver en temps de guerre. Tu me surprends beaucoup.
Le seul argument 'c'est la guerre' peut donc justifier tous les abus. Le film de Melville qui commence par cette scène d'une exécution froide commise par 'les bons' m'a toujours écoeuré. Je me suis dit et je me dis encore :
"Ils pensent défendre la bonne cause, mais en fait, ils ne valent pas mieux qu'eux"
Et les exécutions par guillotine de centaines d'Algériens pendant la guerre d'Algérie, tu les approuves aussi ? C'était la guerre après tout. Le FLN, ce n'étaient pas des enfants de choeur ...
Tu t'es posé un peu la question de savoir ce qu'était la guerre ? Cette permission qu'on nous accorde de tuer librement ? Cette permission, on l'a aussi accordée aux jurés d'Aix-en-Provence, aux magistrats ou à Valéry Giscard d'Estaing. On a vu ce qu'ils en ont fait.
Elle est complètement écoeurante, mais Melville veut bien nous signifier de quoi il retourne : dans cette aventure, pas un n'en réchappe, ni Lino Ventura, ni Paul Crauchet, ni même Paul Meurisse. On tue aussi Signoret parce qu'on sait qu'elle a eu tort de laisser la photo de sa fille dans son portefeuille. Donc on comprend bien ce qui s'est passé.
Je ne suis pas pour la peine de mort en temps de guerre, mais la CEDh reconnaît la légitime défense. Si j'avais été en 1940, est-ce que je n'aurais pas pris un fusil en disant il faut abattre le régime nazi. Et là, dans certaines circonstances, on ne peut plus faire de sentiment.
Le dilemne est très bien posé dans un autre film : llifeboat de Hitchcock. Est-ce qu'on doit garder à bord le nazi qui est en train de les tuer les uns après les autres, ou le jeter par dessus bord.
C'est sûr que la résistance française a sûrement commis des imprudences, c'est évident, des erreurs et des choses pas claires, mais c'était quoi l'état français ? C'était quoi ce régime qui envoyait des milliers de gens en déportation.
La guerre d'Algérie ce n'est pas du tout pareil, et il s'agit là d'une guerre coloniale, d'opresseurs (c'est-à-dire nous excusez-moi) qui oppriment des gens qui aspirent légitimement à l'indépendance ou au moins à l'autodétermination. Et les exécutions, qu'est-ce que voulez que l'on dise, ce sont pour moi des crimes de guerre.
Ce n'est pas la même chose de combattre dans un champ de bataille et puis de faire la corvée de bois, c'est-à-dire d'exécuter des prisonniers, ce qui est clairement ce qu'on appelle un crime de guerre.
Mais vous connaissez bien l'argument de l'époque : ce n'est pas la guerre, c'est la pacification.
Je suis contre la guerre mais si on est agressé, il faut bien se défendre. On ne peut pas laisser faire. Mais exécuter qulqu'un non, jamais.