UN PEU D'HISTOIRE ET DE LITTERATURE
En fait cet article de Dag Allemaal ( qui semble être un magazine people à sensations ) reprend, en faisant une erreur de date , une histoire racontée par Villiers de l'Isle-Adam dans ses " Contes cruels".
Le 9 juin 1864 eut lieu l'exécution du docteur Couty de la Pommerais, condamné pour avoir empoisonné sa maîtresse. L'auteur utilisa ce personnage bien réel dans une de ses nouvelles, d'abord écrite pour " Le Figaro" ( 23 octobre 1883 ). On y voit le docteur Velpeau ( bien réel lui aussi ) demandant au condamné de se livrer à une expérience scientifique.
Laissons la parole à Villiers de l'Isle-Adam:
" Mais au tomber du couteau, je serai là, moi, debout, en face de vous, contre la machine. Aussi vite que possible, votre tête passera des mains de l’exécuteur entre les miennes. Et alors l’expérience ne pouvant être sérieuse et concluante qu’en raison de sa simplicité même — je vous crierai, très distinctement, à l’oreille : — "Monsieur Couty de La Pommerais, en souvenir de nos conventions pendant la vie, pouvez-vous, en ce moment, abaisser, trois fois de suite, la paupière de votre oeil droit en maintenant l’autre oeil tout grand ouvert ?" — Si, à ce moment, quelles que soient les autres contractions du faciès, vous pouvez, par ce triple clin d’oeil, m’avertir que vous m'avez entendu et compris, et me le prouver en impressionnant ainsi, par un acte de mémoire et de volonté permanentes, votre muscle palpébral, votre nerf zygomatique et votre conjonctive — en dominant toute l’horreur, toute la houle des autres impressions de votre être — ce fait suffira pour illuminer la Science, révolutionner nos convictions. Et je saurai, n’en doutez pas, le notifier de manière à ce que, dans l’avenir, vous laissiez moins la mémoire d’un criminel que celle d’un héros." [...]
Brusquement, la bascule joua, le carcan s’abattit, le bouton céda, la lueur du couteau passa. Un choc terrible secoua la plate-forme ; les chevaux se cabrèrent à l’odeur magnétique du sang et l’écho du bruit vibrait encore, que, déjà le chef sanglant de la victime palpitait entre les mains impassibles du chirurgien de la Pitié, lui rougissant à flots les doigts, les manchettes et les vêtements.
C’était une face sombre, horriblement blanche, aux yeux rouverts et comme distraits, aux sourcils tordue, au rictus crispé : les dents s’entrechoquaient ; le menton, à l’extrémité du maxillaire inférieur, avait été intéressé.
Velpeau se pencha vite sur cette tête et articula, dans l’oreille droite, la question convenue. Si affermi que fût cet homme, le résultat le fit tressaillir d’une sorte de frayeur froide : la paupière de l’oeil droit s’abaissait, l’oeil gauche, distendu, le regardait.
— Au nom de Dieu même et de notre être, encore deux fois ce signe ! cria-t-il un peu éperdu.
Les cils se disjoignirent, comme sous un effort interne ; mais la paupière ne se releva plus. Le visage, de seconde en seconde, devenait rigide, glacé, immobile. C’était fini."
Cet article souleva beaucoup d'émotions et l'abbé Crozes, qui avait assisté le condamné dans ses derniers instants, affirma que Velpeau n' était pas présent lors de l'exécution.
Il s'agissait effectivement d'une invention de romancier.
En revanche de nombreuses expériences médicales furent effectivement effectuées sur des têtes de suppliciés au XIXe siècle. Certains médecins conclurent à la survie de la pensée et de la sensibilité durant quelques instants, d'autres le nièrent.
En fait, selon toute vraisemblance, le cerveau d'un décapité,non irrigué de sang perd en quelques secondes ses facultés de pensée. En revanche, chaque élément vital survit des minutes, parfois des heures. Le corps peut être agité de soubresauts, les bras tirer sur les liens etc[/i]
|