Un ajout non signé sur un procès-verbal, comme celui (manifeste) du "pantalon de couleur sombre" devrait normalement être déclaré nul et non avenu.
Ce serait un fait nouveau inconnu des jurés, ou plutôt un fait connu qui aurait dû être ignoré, car la nullité de cet ajout fait que, normalement, ce "pantalon de couleur sombre" n'aurait pas dû être mentionné au procès, je crois, au moment de la lecture du PV de la fouille.
Il faudrait savoir ensuite si d'autres documents font état de cette saisie, comme une fiche de scellé.
Il reste bien entendu deux mentions de Ranucci concernant cette saisie dans ses différentes auditions :
"Le pantalon de couleur bleue qui se trouvait dans ma voiture est bien celui que je portais au moment de l'accident. Les taches (que vous me dites être des taches de sang) qui se trouvent sur la poche sont inexplicables en ce qui me concerne. Je pense que ce sont des taches de terre."
"Sans pouvoir être formel, je pense donc que, si une tache de sang a été découverte sur le pantalon trouvé dans ma voiture par les policiers, je pense qu'il s'agit de sang provenant de la fillette. Avant que l'enfant ne soit égorgée, mon pantalon était propre, il n'y avait aucune tache."
La commission de révision a contesté la validité de cet élément nouveau parce qu'il était présenté plus ou moins comme une preuve de la saisie ultérieure du pantalon, ce qui n'a pas de sens, puisqu'un pantalon a bien été saisi ce jour-là, et Ranucci a dit qu'il était à lui, et ne l'a jamais contesté par la suite.
Seulement, pour éviter de s'éparpiller et aller droit au but, il suffit peut-être de dire que le pantalon ne figurant par sur le PV de la fouille de la voiture (c'est un ajout nul et non avenu, donc il n'est pas là... qu'il ait été ajouté en présence de Ranucci, ou en son absence, il est tout aussi nul), il n'a donc pas été saisi dans la voiture. Par conséquent, il a pu être saisi ailleurs dans le garage juste après ou avant, en l'absence de Ranucci. Il se trouvait que c'était un pantalon à lui, et qu'il ne pouvait contester ce fait. Il se trouvait qu'il était taché de sang, et l'analyse n'exclut pas que ce sang ait pu être celui de Ranucci lui-même. Quant au fait qu'il ait reconnu l'avoir porté au moment de l'accident, jusque dans son Récapitulatif, on pourra prétendre qu'il n'en avait en fait aucun souvenir, puisqu'il était ivre, et que les policiers avaient réussi, à force de le cuisiner, à lui faire accepter l'idée qu'il portait ce pantalon ce jour-là. Et par la suite, il n'était pas revenu là-dessus, car il n'avait plus distingué sur certains points ce qui venait de ses souvenirs assez confus, et ce qui venait de la force de persuasion des policiers.
Voici donc un pantalon plein de sang qui n'est plus saisi dans sa voiture, en tout cas pas officiellement (rien n'empêche Alessandra et ses collègues de témoigner aujourd'hui à propos de cette saisie, mais ça ne reste qu'un témoignage). Cela suffit-il à faire tomber cette pièce à conviction ?
Et ironiquement, cette pièce qui tombe ferait plus de bien à l'accusation qu'à la défense, car de toute façon, la défense avait mille arguments contre ce pantalon, alors que rien n'avait été fait de l'autre côté pour tenter d'expliquer la présence d'une pièce si compromettante dans le coffre de la 304 (cela dit, bien des criminels ont été retrouvés avec des pièces compromettantes chez eux).
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