Citation :
Gihel,
Ce que je ne comprends pas dans vos explications c'est qu'il faut obligatoirement que le couteau Virginia-Inox n'appartienne pas à Ranucci.
Qu'il y ait eu confusion avec l'opinel dans la tourmente des premiers jours et mêmes des quelques semaines qui ont suivi l'arrestation, je peux le comprendre.
Mais en 1976, à l'approche du procès, comment Ranucci pourrait-il encore confondre l'Opinel et le Virginia-Inox ?
Quand Me Le Forsonney parle à Ranucci du problème que représente le couteau, de quoi est-il question ?
L'avocat pense cran d'arrêt et Ranucci comprend Opinel ?
Non, ce n'est pas vraisemblable qu'une telle confusion puisse encore exister à ce moment-là.
Ou alors, il faudrait admettre que Me Le Forsonney laisser volontairement Ranucci s'emmeler les couteaux, mais dans quel but ?
Ou encore, que Ranucci, dans une stratégie connue de lui seul, pense pouvoir tirer avantage de faire croire à son avocat que ce couteau lui appartient ?
Franchement, ça me semble insensé.
Personnellement, je suis convaincu à 100 % de l'innocence de Ranucci et je suis persuadé que le Virginia-Inox lui appartient mais n'est pas l'arme du crime (entre autres choses, pourquoi aurait-il disparu, sinon ?).
Vous ne pouvez pas faire comme si le couteau avait été au centre des préoccupations de Christian Ranucci, aussi curieux que cela paraisse, pour quelles raisons ?
Parce qu'on prend toutes les précautions pour ne jamais en parler, ou le moins possible.
Dans toute autre enquête, on se serait préoccupé de savoir où et comment Christian Ranucci avait acquis ce couteau.
Ses copains de régiment ne l'ont jamais vu avec un couteau, du moins ceux qu'on interroge.
Quand parle-t-on de ce couteau : le 6 juin alors que Ranucci vient de rester trente heures sans dormir. et après avoir été tabassé toute la nuit.
le 7 juin sans avocat, on se contente de le lui montrer.
Et en décembre 1974 pour l'interrogatoire de dernière comparution.
C'est tout.
En 1976, mars 76 donc un an et trois mois après, le couteau ressurgit dans la conversation de Leforsonney : et Ranucci lui répond, je n'en sais rien. Mais comme je n'en sais rien, je vais dire qu'il n'est pas à moi.
La question est de savoir pour quelle raison il n'en sait rien. Si c'est son couteau, il ne peut pas répondre : "je n'en sais rien". S'il répond je n'en sais rien, c'est qu'il ne comprend pas quelque chose.
Et en fait, il le dit dans son récapitulatif : il n'en sait rien parce qu'il se demande quand il a pu acheter cette arme.
Et il dit dans son récapitulatif : ce couteau nem'appartient pas, je n'ai jamais possédé de telles armes, et je me suis rendu compte que je n'aurais pas pu l'acheter le lundi parce que les magasins étaient fermés.
Quelle candeur. Donc quand il dit : le couteau n'est pas à moi, je le crois.
Comme lorsqu'il dit : je me suis effondré dans ma voiture après l'accident et c'est le trou noi.
Comme lorsqu'il dit qu'il a passé sa nuit dans les bars du quartier de l'opéra.
Quand l'avocat Le Forsonney écrit son dernier livre, il glisse deux peaux de banane pour empêcher la révision. C'est de bonne guerre, il n'est pas libre de son écriture. Ca arrive et dans notre beau pays ce n'est pas déshonorant.
Quand il le raconte à Perrault, c'est de l'imprécision, mais il dit la vérité à mon avis lorsqu'il donne l'interview à Philippe et à Philippe, il nous fait comprendre qu'il n'y comprenait rien lui-même.
Mais il faut comprendre que M. Ranucci ne peut plus dire que le couteau n'est pas à lui : on lui fout dans les pattes le fait qu'on l'a retrouvé SUR SES INDICATIONS. Bien sû, nous savons aujourd'hui qu'il ne s'agissait en fait que d'une mise en scène, que le couteau a été retrouvé plus tôt, qu'il a été volontairement remis en place et qu'on a fait semblant de le découvrir le 6.
Mais tout cela, Christian Ranucci ne le sait pas. Peut-être en face de la juge a-t-il voulu dire que le couteau n'était pas à lui. Mais tout de suite elle l'a repris : il est vous, puisqu'on l'a découvert sur vos indications.
C'est imparable. Mais en l'espèce, les déclarations de Ranucci n'ont aucun effet, puisque tout est truqué.
Imaginez que par un trucage votre chambre qui est bleue, je la fasse paraître rouge et que je vous prouve par a plus b que la chambre est rouge. Quand elle apparaîtra bleue aux autres, ils seront surpris d'entendre de votre part qu'elle est bleue. C'est un peu le même problème.
En quelque sorte vous me dites : comment se fait-il que Ranucci a pu être convaincu par le trucage qui allait le perdre ? Parce que le trucage était suffisamment bien fait tout simplement. Pas parce que le couteau lui appartient. Il certifie du contraire dans le récapitulatif.