Bonsoir, Henri.
Je trouve que c'est une question très difficile.
Je vais faire un parallèle très osé mais tant pis.
Il est pour beaucoup de gens évidents que la torture n'est jamais acceptable.
Un argument qui a été cité par les officiers français qui reconnaissent l'usage de la torture pendant la guerre d'Algérie, pour la justifier, était la recherche d'informations sur des attentats en préparation.
Est ce que celà rend la torture justifiable?
Est ce que, bien sûr en imaginant que l'on n'ait pas de doute quant à l'implication d'une personne détenue, et des arguments très solides pour penser qu'elle est au courant de quelque chose qui se prépare, est ce qu'il peut être acceptable, si aucun autre moyen de pression n'obtient un résultat, d'user de la torture?
Il est très facile de répondre non.
Il est sans doute très difficile, si l'on est dans cette situation qui n'est pas seulement théorique, de ne pas se donner tous les moyens d'essayer de prévenir un attentat qui peut tuer des dizaines "d'innocents".
Ceci étant je n'ai pas la réponse. Je n'envie pas ceux qui accepteraient de sâlir ainsi leur âme, quelque soit la puissance de leur motivation ou l'apparence justesse de leur cause. Et je ne suis pas non plus suffisament naïf pour croire qu'une aussi puissante motivation - protéger des vies innocentes - soit si fréquemment que çà la raison qui explique le recours à la torture... Et bien conscient des dérives...
Pour en revenir à notre commissaire, bien sûr que de telles pratiques exposent à des dérives dangereuses. On peut simplement dire que dans ce cas précis, il avait raison de penser que P. Henry était le coupable. Après a t'il eu raison d'essayer ce moyen, je ne sais pas, çà n'a pas été très efficace...
J'attache beaucoup d'importance à la prise de responsabilité individuelle. Débrancher un respirateur aux soins intensifs, c'était jusqu'à il y a peu très border line vis à vis de la loi. Et pourtant c'était pourtant nécessaire, dans l'intérêt supérieur du patient. Là aussi, il pourrait y avoir dérive... Pourtant de l'avis de quasiment tous les intensivistes, toute tentative d'encadrer ces pratiques de trop prês par la loi serait pire que tout. Jamais une loi ne pourra en effet rendre compte de l'infinie complexité et surtout du caractère unique de la situation de chaque malade.
Alors il est probable que le règlement n'autorisera jamais un commissaire à menacer un suspect de le tuer au fond d'un bois, et c'est heureux. Comme il est heureux que malgré le règlement, le commissaire ose de temps en temps user de tels moyens.
Tout repose sur la qualité propre de l'homme ou de la femme qui prend une telle position. S'il a une vue juste des choses, peut-être son action non réglementaire pourra elle être efficace.
S'il se trompe, elle pourra avoir des conséquences négatives.
Le pire est que la même personne aura parfois raison et parfois tort.
Mathieu Frattaci dans son livre a écrit des choses assez justes sur le recours à la violence pendant les interrogatoires, pour le condamner, en disant que celui qui est violent, qui perd son calme, se met en fait en position de faiblesse. Cà me semble très juste -même si son propos ne peut suffir à écarter toute suspiscion quant à d'éventuels coups reçus par Ranucci pendant sa garde à vue.
En fait, le stratagème du bois et du pistolet, c'est un poker. Celui qui bluffe le plus longtemps gagne. En l'occurence, P. Henry a été plus fortque le commissaire. Celui ci n'a gagné que parce qu'il avait un meilleur jeu, mais il est arrivé trop tard.
Finalement, je déteste ce genre de manipulation.
Je crois n'être pas très clair, au total.
Dîtes moi. _________________ "Il en résulte, et je comprends que cela puisse choquer certains, que le même élément de preuve peut être interprété à charge ou à décharge selon la conscience de chacun." (P. Carrias)
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